Des sources sécuritaires sont persuadées que «le plus dur reste à faire» Elles agonisent, les cellules dormantes, oserions-nous écrire, après l'impressionnante série de coups de filet policiers dont le dernier a eu pour théâtre la ville de Rouhia, où pas moins de six terroristes sévissant dans la clandestinité ont été mis hors d'état de nuire. Trois jours auparavant, c'est à Sfax qu'une autre cellule a été démasquée puis démantelée, et dont les hommes ont été capturés. Tout cela sans compter les nombreuses arrestations opérées depuis le mois de février dans les rangs des extrémistes religieux. Ici et là, les dénominateurs communs ne manquent pas, à savoir : – Tous les suspects appartiennent au mouvement Ansar Echaria, – Chaque descente policière s'est soldée par la saisie d'importantes quantités d'armes, de munitions, de portables, de plans d'attaque et de denrées alimentaires. – Dans ces cellules dormantes se tramaient des plans d'attentats pour l'exécution desquels on préparait TNT, bombes artisanales, explosifs et voitures piégées. – Toutes les cellules dormantes occupent des maisons louées. Ce sont là les principales conclusions éventées par l'enquête menée par les services de suivi du ministère de l'Intérieur, et à leur tête la BAT (Brigade antiterrorisme) qui est, soit dit en passant, en train de mener un travail de sape et d'investigation digne des célèbres agences de renseignements internationales (toutes proportions gardées, bien sûr). Le plus dur reste à faire C'est justement grâce à ce travail qu'on a eu un «gibier» si abondant. Une réussite qui tranche, en tout cas, avec les débuts, tout simplement lamentables, de la lutte contre le terrorisme lancée en 2012. Aujourd'hui, en mobilisant leurs élites parmi les experts en la matière, en élargissant le champ d'action de leurs enquêteurs, et enfin en s'embarquant dans une action commune, les ministères de l'Intérieur et de la Défense ont fini par conférer plus d'agressivité et de punch à leur héroïque combat contre l'hydre terroriste. Et c'est très bien, voire prometteur. Seulement, gare à l'euphorie. En effet, des sources sécuritaires concordantes sont persuadées que «le plus dur reste à faire» et que «peut-être même que le pire est à venir, étant donné la persistance des menaces terroristes». Menaces alimentées, il est vrai, par moult facteurs dont : – La non-identification de l'emplacement du reste des cellules dormantes qui se compteraient par centaines. – La prolifération de la circulation des armes. – La cavale de dangereux caïds et têtes pensantes qui perdure. – La perméabilité, encore curieusement intacte, des frontières libyennes devenues une véritable passoire ardemment prisée par les groupes de jihadistes affluant de Libye, du Niger et du Mali. – La détermination sans cesse renouvelée par Aqmi (Al Qaïda au Maghreb islamique) de semer le chaos dans les pays du Maghreb, en vue d'y implanter des émirats islamistes.