Pour la brigade des unités spéciales de la Garde nationale (Usgn), chargée de l'enquête, toutes les hypothèses sont, pour le moment, possibles Branle-bras au QG de la brigade des unités spéciales de la Garde nationale (Usgn) à la caserne de l'Aouina depuis qu'une commission rogatoire l'a chargée d'enquêter sur la tentative d'assassinat qui a visé récemment à Sousse le député de Nida Tounès, Ridha Charfeddine. Tout y est passé à la loupe : interrogatoires des témoins, analyse des débris des 28 balles tirées, recoupement avec d'autres affaires similaires, rapports quotidiens instantanés sur les opérations de recherche et de ratissage menées par les forces de sécurité intérieure dans le gouvernorat de Sousse. Bref, rien n'est laissé au hasard jusqu'aux moindres détails auxquels on attache le même intérêt et le même suivi. C'est que l'homme fort de ladite brigade, Ammar El-Faleh, et ses hommes sont persuadés que cette affaire est d'autant plus complexe qu'elle recèle de nombreuses zones d'ombre dont les plus énigmatiques, voire troublantes, sont : – Primo : pourquoi Ridha Charfeddine précisément ? Et dire que cet homme affable, intègre et très populaire depuis la prise de ses fonctions à la tête de ce grand club qu'est l'Etoile Sportive du Sahel était, jusque-là, au-dessus de tout soupçon politique ou affairiste. – Secundo : dans les annales de la criminalité et du terrorisme dans le monde, il est communément admis qu'il est pratiquement impossible de voir un homme ciblé par ses assaillants sortir indemne de la bagatelle de—tenez-vous bien—28 balles tirées sur sa voiture ! – Tertio : comment cette opération chasse à l'homme, qui a mobilisé deux véhicules, s'est-elle déroulée si aisément en plein jour et dans une zone très fréquentée par les piétons et les automobilistes, sans que les agents de l'ordre n'interviennent ? Pourquoi Sousse ? Ce sont là les principales énigmes auxquelles les enquêteurs de la brigade, connus pour l'efficacité de leur travail d'investigation, ajoutent d'autres interrogations : quelles sont les raisons de l'échec de la tentative d'assassinat ? Ses auteurs étaient-ils mal préparés en matière de maniement des armes ? Voulaient-ils tout simplement corriger leur victime, sans chercher à l'abattre, pour des raisons qu'on ignore ? Cette opération est-elle en rapport avec l'affaire Moez Ben Gharbia, étant donné que M. Charfeddine est membre du conseil d'administration de la chaîne de télévision «Attassiaâ» que possède ledit animateur (Ridha Charfeddine a affirmé qu'il s'en est retiré) ? Et puis, cette question non moins troublante : pourquoi Sousse? Il est vrai que cette ville est aujourd'hui à son troisième drame, après ceux du tragique attentat de l'hôtel «Impérial Palace» (37 tués) et de l'assassinat, quelques jours plus tard, d'un agent de police, deux crimes, on le sait, à la solde des terroristes. En sera-t-il de même pour la dernière attaque qui a visé Ridha Charfeddine ? Les enquêteurs, on le comprend, ne veulent piper mot là-dessus, discrétion oblige. Toujours est-il qu'ils admettent que toutes les hypothèses sont, pour le moment, possibles. Entre-temps, un étau sécuritaire qu'on dit d'une ampleur sans précédent est imposé sur la perle du Sahel, visiblement encore sous le choc et sur laquelle pèse une espèce de fatalité suite à la succession si anormale des attentats, et cela en dépit de nombreuses «purges» opérées dans l'appareil sécuritaire de la région.