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Un goût d'inachevé
Les nouvelles mesures introduites à l'école
Publié dans La Presse de Tunisie le 18 - 10 - 2015

Au lieu de se tourner vers des dispositifs de rechange, ne fallait-il pas s'attaquer aux vrais maux du système éducatif, les programmes et la formation, pierres angulaires de toute réforme ?
Le ministre de l'Education, Néji Jalloul, qui caracole dans les sondages comme étant l'un des ministres qui « est bien assis sur son fauteuil », multiplie les sorties médiatiques pour mieux vulgariser « son projet de réforme ».
Après des vacances bien remplies, au cours desquelles il a parcouru le pays de long en large pour inspecter les travaux de maintenance et de rénovation des écoles primaires grâce aux fonds collectés auprès des mécènes, il a réussi à calmer la colère des syndicats de l'enseignement qui avaient, pourtant, juré de boycotter la rentrée scolaire. Le dialogue national autour de l'éducation mené tambour battant commence, selon son initiateur, à porter ses fruits. Jalloul annonce, au gré des occasions, les mesures adoptées, au risque de froisser ses partenaires syndicaux beaucoup plus soucieux des détails et allergiques à ses piques et narquoiseries.
Mais le ministre, qui a déclaré être fier de ses réalisations, semble s'attaquer beaucoup plus à la forme qu'au fond. Car une réforme est un tout et le projet de reconstruction de l'école au sens large « n'est pas seulement nécessaire, il est indispensable si l'on veut que le dispositif d'enseignement puisse pleinement jouer son rôle tant dans la formation des jeunes générations que dans leur préparation à l'entrée dans la vie active».
Les cours particuliers,
ce commerce parallèle
Le ministre de l'Education ne cesse de réitérer, dans ses différentes déclarations, qu'il allait mettre fin aux cours particuliers, en les réorganisant de manière à les rendre plus justes et plus accessibles, moins harassants et moins coûteux pour les élèves et leurs parents, affirmant qu'ils sont décriés par tout le monde. Or, il ne faut pas aller trop vite en besogne en faisant assumer aux seuls enseignants la responsabilité de ce que l'un de ses prédécesseurs, Raouf Najar, avait, à l'époque, qualifié de « commerce parallèle ». Savait-il que, depuis quelques années, le soutien scolaire s'est développé hors école, pour parer à l'échec scolaire, devenant un mal nécessaire pour des parents souvent prêts à dépenser de fortes sommes d'argent afin de remédier aux lacunes d'un système éducatif devenu obsolète, aux limites d'une pédagogie complètement dépassée et aux carences des enseignants en manque de formation et le plus souvent jetés en classe sans trop savoir comment s'y prendre, comme c'est le cas des milliers « d'instituteurs provisoires » ?
Savait-il que les parents sont les premiers à courir derrière les enseignants pour leur confier leurs progénitures et que, dans certains établissements, des enseignants sont sollicités à la fin de chaque année scolaire pour inscrire des élèves dans leur calepin ? Savait-il qu'il y a un décret qui date de 1988 relatif aux cours particuliers et qui n'a jamais, ou presque, été appliqué ? Les familles sont, certes, engagées dans une forme de compétition pour garantir la réussite de leurs enfants, mais elles n'ont pas les mêmes chances et ressources, à cause des inégalités économiques et sociales. Les tarifs affichés sont souvent exorbitants et ne sont pas à la portée de tous.
Mais pour faire réussir leurs enfants, les parents consentent de grands sacrifices. Ainsi donc, au lieu de se tourner vers des dispositifs de rechange, ne fallait-il pas s'attaquer aux vrais maux du système éducatif, les programmes et la formation, pierre angulaire de toute réforme ?
Décider d'ouvrir les établissements scolaires jusqu'à une heure avancée du soir, ainsi que samedi après-midi et dimanche, est différemment perçu par l'ensemble des parties prenantes de la famille éducative.
En premier, les directeurs des écoles primaires qui, contrairement à leurs collègues du secondaire, ne tirent, pratiquement, aucun avantage de leur fonction, n'ayant pas de statut particulier. Certains d'entre eux sont obligés d'assurer jusqu'à 13 heures de cours par semaine, en plus de la gestion quotidienne de l'école, alors que leurs adjoints se contentent d'une présence de 20 heures par semaine, tout en bénéficiant du même comptage de points (un point par année d'ancienneté) lors de la candidature à la direction d'un établissement. Mieux, un maître d'application principal a, désormais, un emploi de temps hebdomadaire de 15 heures, alors que son collègue le directeur en a seulement deux de moins. Ce qui a donné lieu à une situation illogique où le directeur se trouve doublement pénalisé. Il aurait fallu remédier à cette situation un peu bizarre et à laquelle le syndicat général de l'enseignement de base ne semble pas accorder un intérêt particulier, pour alléger les directeurs, les responsabiliser et les protéger. Et puis, a-t-on oublié que plusieurs écoles souffrent d'un manque de personnel ouvrier et que, par conséquent, elles sont souvent exposées à des dangers ? Alors que d'autres sont dépourvues d'eau potable et d'électricité. Le ministre n'est pas sans savoir que 60% des écoles primaires se trouvent dans des zones rurales et que la plupart d'entre elles sont dépourvues d'eau potable. Seulement 7 gouvernorats sur les 24 ont un taux d'adduction de 100%, alors que d'autres comme Kasserine avec 61.1% et Kairouan avec 62.9% doivent attendre encore des années pour être complètement desservis.
Quid des tarifs proposés qui devraient varier, selon le ministre lui-même, entre 25 et 40 dinars ? Tarifs qui ne sont, en aucun cas, à la portée de toutes les bourses.
Il en est de même du nombre d'élèves qui doit être à hauteur de 15 par classe d'étude. Or, dans certains établissements, la moyenne d'élèves par classe est parfois égale si elle n'est pas inférieure à 15.
Certes, les élèves nécessiteux seraient exemptés, mais si l'on se réfère aux statistiques du ministère des Affaires sociales qui indiquent que le nombre des familles nécessiteuses a atteint les 700.000, on risque d'avoir un élève sur trois qui serait pris en charge. Avant, il y avait l'Organisation de l'éducation et de la famille qui assurait le contrôle des cours particuliers et qui dispensait certains parents d'élèves de s'en acquitter.
Le ministre promet de créer des écoles parallèles strictement réservées aux cours particuliers et qui seraient contrôlées par les services du ministère.
Il faudrait, pour cela, promulguer un texte de loi qui serait en conformité avec la Constitution et la loi d'orientation générale relative à l'éducation et à l'enseignement scolaire promulguée en juillet 2002. Ne risque-t-on pas de tomber dans le travers en encourageant ce genre de « commerce parallèle » ?
Pourquoi pas des écoles de la deuxième chance ?
Qu'en est-il, également, de l'abandon scolaire, ce mal qui affecte l'école, quand on sait qu'au cours des cinq dernières années pas moins de 500.000 jeunes ont quitté les bancs de l'école sans aucune qualification ? Dans un précédent article, nous en avons longuement parlé pour aboutir à la conclusion qu'il n'y a pas de solution miracle. En dépit des réflexions engagées depuis le début des années 1970 sur le phénomène de l'abandon scolaire et malgré la multitude des mesures prises pour en réduire les taux, les résultats sont là qui confirment les défaillances d'un système incapable d'apporter des remèdes aux maux de l'école.
Ne faudrait-il pas penser à la création des écoles de la deuxième chance, en partenariat avec la société civile, pour accueillir les jeunes décrocheurs en proposant des programmes de formation spécifique qui préparent à la vie active?
Aux grands maux, les grands remèdes, dit-on. Et aux grandes réformes, les gros moyens, disons-nous. Or, et il n'est un secret pour personne, les caisses de l'Etat sont vides et le budget du ministère de l'Education se réduit comme peau de chagrin de 30% du budget général de l'Etat, il est tombé à 15% actuellement dont 95% vont aux salaires. Le diagnostic est connu et les difficultés sont là qui s'amoncellent d'année en année. Plusieurs études et rapports ont été réalisés qu'il ne faudrait pas négliger, mais plutôt s'y inspirer et impliquer leurs auteurs dans la réflexion. Et si les précédentes réformes n'ont pas abouti aux résultats escomptés, c'est essentiellement pour des raisons budgétaires.
Nous savons que le ministre savait et qu'il savait beaucoup plus que ce que nous savons. Nous anticipons déjà sa réponse. Mais nous souhaitions attirer son attention sur certains points qui pourraient lui échapper dans ce tumulte des passions. Les détails font souvent la différence. Ne dit-on pas que « qui veut faire de grandes choses, doit penser profondément aux détails » ?


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