Loin de nous la prétention de dresser un bilan exhaustif de la première année du gouvernement Essid et du Parlement ainsi que de la présidence de la République. Toutefois, il est possible de relever les faits saillants qui ont marqué la vie politique nationale durant l'année écoulée, qui a enregistré un style de gouvernance particulier introduit par Habib Essid, chef du gouvernement Aujourd'hui, lundi 26 octobre, les Tunisiens commémorent le premier anniversaire des élections législatives, les premières après la révolution du 17 décembre 2010-14 janvier 2011 ayant abouti à la naissance du gouvernement Habib Essid. Une année après avoir accordé leur confiance à Nida Tounès (le parti qui a remporté le plus grand nombre de sièges au sein du Parlement avec 86 députés sur un ensemble de 217), les Tunisiens sont en droit de demander au parti des Berges du Lac de leur révéler son bilan d'une année à la tête du pouvoir. Ils ont également le droit d'être édifiés par Habib Essid, l'homme qui gère leur victoire électorale, sur ce que son gouvernement a réalisé le long de l'année écoulée et informés par Mohamed Ennaceur, président de l'Assemblée des représentants du peuple, sur les réalisations accomplies par les députés en matière d'adoption des lois organiques censées parachever la mise en place de la IIe République dont en premier lieu les lois relatives à la création du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et de la Cour constitutionnelle. Autant de questions que l'on est en droit de se poser d'autant plus qu‘une année depuis l'installation du gouvernement de la stabilité, on a l'impression que la période transitoire est encore de mise et que beaucoup de réformes (celles dites douloureuses) ne sont pas toujours à l'ordre du jour du gouvernement de la coalition constituée des quatre partis qui ont gagné les élections du 26 octobre 2014. Loin de nous la prétention de dresser un bilan exhaustif de la première année du gouvernement Essid et du Parlement ainsi que de la présidence de la République. Toutefois, il est possible de relever les faits saillants qui ont marqué la vie politique nationale durant l'année écoulée, qui a enregistré un style de gouvernance particulier introduit par Habib Essid, chef du gouvernement. Il est un fait insolite qui distingue la jeune expérience démocratique en Tunisie. La Tunisie dispose d'un gouvernement formé de ministres appartenant aux quatre partis classés premiers lors des dernières législatives et de ministres dits indépendants. Ce gouvernement est dirigé par une personnalité indépendante qui tire sa légitimité et son poids de sa désignation par le président Béji Caïd Essebsi (avec le soutien de Rached Ghannouchi, président d'Ennahdha, le parti classé en deuxième position lors des élections législatives) pour former le gouvernement qui gère les affaires du pays actuellement, avec les difficultés et les accords que tout le monde prédisait lors de sa constitution et qui ont fini par éclater au grand jour. Comme l'on s'y attendait, deux ministres du gouvernement Essid, ceux de la Justice et des Relations avec le parlement, ont fini par claquer la porte (Akremi a démissionné et Ben Aïssa a été révoqué), estimant qu'ils n'ont plus rien à faire au sein d'un gouvernement «qui refuse de combattre la corruption et la malveillance» et qui «avalise une loi fondamentale contraire à la Constitution du 27 janvier 2014». Un Parlement à l'image de la défunte ANC Au palais du Bardo, on a bâti l'espoir de voir nos députés élus pour un mandat de cinq ans rompre avec les mauvaises habitudes de la défunte Assemblée nationale constituante (ANC). Malheureusement, on a découvert des députés peu respectueux des délais imposés par la Constitution pour la création des instances constitutionnelles, dont en premier lieu le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et la Cour constitutionnelle. Ces députés ont également fait montre d'un absentéisme qui a dépassé toutes les limites. Et bien que les députés fuyards aient été débusqués à plusieurs reprises, plus particulièrement par l'association Bawsala, qui les suit à la loupe, ils ont continué à bouder aussi bien les séances plénières que les réunions des commissions parlementaires, là où sont élaborées les lois, au point que beaucoup de lois ont été votées en présence d'un nombre insignifiant de députés. Au palais de Carthage, enfin, le bilan de Béji Caïd Essebsi, président de la République, peut se résumer en trois principales actions. D'abord, la fameuse allocution du 4 juillet 2015 annonçant l'instauration de l'état d'urgence «parce que la Tunisie pourrait tomber, au cas où un autre acte terroriste semblable à ceux commis au musée du Bardo et à Sousse se produirait». Ensuite, le projet de loi sur la réconciliation économique que Béji Caïd Essebsi considère comme l'œuvre la plus importante de son mandat présidentiel. Enfin, sa tentative de réconciliation des frères ennemis qui se disputent sa succession au sein de Nida Tounès, le parti qui a remporté les élections, cède la gouvernance à Habib Essid mais peine à le dompter et qui crie aujourd'hui au hold-up commis à son insu par le chef du gouvernement qui n'en fait qu'à sa tête.