La sélection ne cesse de sombrer dans un jeu qui tend à s'uniformiser. L'efficacité n'est pas mise en marche et les quelques victoires sont synonymes d'éclaircie dans la grisaille Quelles que soient les contraintes, sportives ou administratives, l'équipe de Tunisie aurait toujours le droit d'aspirer à un football de haut niveau. Cela implique des valeurs, une ligne de conduite, une culture de jeu et de la gagne. Cela veut dire une équipe plus mûre dans la continuité. Cela veut dire avoir les qualités pour jouer les premiers rôles. Mais tout particulièrement le mental pour le faire. La différence entre une équipe moyenne et une bonne équipe est que la deuxième sait s'imposer quand il le faut. Elle est amenée à gagner même si elle n'arrive pas à convaincre sur le terrain. Même dans la douleur. Il y a celles qui se construisent dans les moments difficiles. Leurs principaux challenges se profilent quand ça va justement moins bien. Ressembler à ce genre d'équipes, en avoir la vocation et les prérogatives exigent pour le cas de la sélection tunisienne un dispositif assez fort pour souder des individualités en un ensemble. En tenir compte aujourd'hui est une question de connaissance de l'équipe, de son environnement et du football qu'elle pratique... L'histoire de la sélection tunisienne est faite de leçons, plus ou moins retenues, de joie et de déception, des hauts et des bas. Il lui est arrivé d'avancer et de progresser dans les difficultés, sans pour autant céder aux aléas d'un football dénaturé. Entre l'essentiel et l'accessoire, la manière d'alterner temps de jeu, formules et raisonnement, on a, cependant, rarement reconnu l'impératif d'une mobilisation à toute épreuve et d'une adhésion inconditionnelle à tout ce qu'il y a de mieux pour l'ensemble, pour l'équipe. Depuis de longues années, et jusqu'à nos jours, elle ne cesse de sombrer dans un jeu qui tend de plus en plus à s'uniformiser. L'efficacité n'a pas été mise en marche et les quelques victoires étaient souvent synonymes d'éclaircie dans la grisaille. Pendant de longues années, on a eu aussi à subir les choix tactiques les plus contestés, les appréhensions les plus déplacées, mais aussi les écarts de certains joueurs qui se voyaient, et se voient toujours, plus forts et au-dessus de tout. Rien, ou presque, n'a changé aujourd'hui. Les dérives, les excès portent toujours les mêmes noms, la même adresse. L'équipe de Tunisie a pris l'habitude de retomber à chaque fois dans ses travers. Kasperczak ne semble pas, pour sa part, s'en démarquer. Bien au contraire, on a de plus en plus l'impression qu'il n'est plus l'homme et le sélectionneur qu'on avait connu. Encore moins l'homme de la situation. Qu'il a beaucoup perdu de sa verve et de son aura. En fait, il nous rappelle ses derniers mois à la tête de la sélection lorsqu'il a terminé le mondial de 1998 dans l'indifférence totale. Aujourd'hui, sa démobilisation est presque la même. On ne voit pas son poids ni son empreinte sur l‘équipe. Il aurait pu bénéficier de ce qu'il aurait pu apprendre de son passage en sélection. Des différentes épreuves par lesquelles il est passé. L'attitude et le comportement de certains responsables au sein de la fédération et tout autour de l'environnement de la sélection renvoient aussi une image déplorable qui a contribué à fragiliser tout l'édifice. Si les écarts de quelques-uns est une vraie exclusivité, les mauvaises intentions le sont encore davantage. Ambiguïté On s'est longtemps demandé pourquoi l'équipe de Tunisie n'arrivait pas à grandir et à s'élever? Il faut dire que même certains acquis n'ont que très rarement favorisé la continuité, et encore moins l'union sacrée, sans parler de la pérennité du système. La réalité est là : on ne peut évoluer que sur le terrain. Il faut dire qu'on ne se résout jamais à parler de résultat sans se soucier de cette impression forte destinée à valoriser le jeu, la créativité, l'imagination et l'innovation. L'équipe de Tunisie est encore à la recherche d'une bien meilleure expression d'ensemble et de la multiplication des phases de jeu abouties. Qu'on se le dise, la prochaine confrontation face à la Mauritanie ne sera de tout repos et ne sera pas aussi facile qu'on pourrait le penser. La raison est simple: le prochain adversaire de la sélection tunisienne a beaucoup progressé. Ses différentes prestations ne laissent personne indifférent. Il a justement accompli un saut qualitatif impressionnant et il a toutes les chances de redistribuer les cartes dans un nouvel ordre plus que jamais annoncé. Ce n'est point le cas de la sélection tunisienne dont les excès que l'on ne cesse de déplorer aussi bien sur le terrain que dans les coulisses à propos du rendement de tel ou tel joueur, des aptitudes des uns et des autres, des choix et des motivations, sont essentiellement dus à un fort mauvais usage de la notion du jeu et de la compétitivité. Depuis longtemps, tout est remis en question de façon permanente. A chaque instant. Dans cette période de transition, accentuée par l'arrivée de Kasperczak, l'équipe n'a pas encore réussi à assurer une véritable corrélation entre le niveau de jeu et les contraintes des résultats. On serait tenté d'en dire plus notamment par rapport aux défis à relever, des leçons à retenir dans ces temps de transhumance. Au-delà des résultats, la nécessité consiste à valoriser le comportement et le rendement d'un ensemble qui ne sait pas encore gérer ses matches, qui est toujours incapable d'apprendre à résister sans paniquer, à contenir la pression, à plier sans jamais rompre. On attend encore quelque chose de rassurant, de qualité optimale qui permettra aux joueurs de progresser, tant individuellement que collectivement. Cela défie tant de défiances et de dérives, mais surtout appuie l'idée d'un football sensible à la solidarité, à la solidité et à la détermination...