Une nouvelle génération attend aujourd'hui sa chance. Elle n'est pas là pour la relève, mais plutôt pour remettre de l'ordre dans une sélection qui s'est longuement égarée. Presque 20 ans après, Kasperczak est de retour en sélection. Il prend la place de Leekens dans le cadre d'un changement pratiquement annoncé. Il faut dire que l'avenir, les prérogatives et la raison d'être de l'équipe nationale ne dépendent pas seulement du nom du sélectionneur. Le contraire est plutôt valable dans la mesure où l'on a pris l'habitude de découvrir et redécouvrir la grandeur et la fragilité des hommes de terrain accrochés aux rebonds de la balle et aux caprices de ceux qui la conduisent. On ne saurait aujourd'hui s'interdire de penser à tout ce qui aurait dû s'accomplir en sélection pendant de longues années et à travers le passage des différents sélectionneurs. On ne saurait aussi s'interdire d'imaginer tout ce qui devrait s'exaucer dans l'urgence. Le constat est évident: il y a davantage de gâchis en sélection que de réalisations et d'acquis. Ignorés jusqu'ici sous l'effet d'arguments erronés, les véritables besoins et impératifs de l'équipe nationale ne semblent pas être placés à leur juste valeur. On tarde encore à retrouver la bonne direction et encore moins à donner une raison d'être à la manière de jouer de l'équipe. Au fait, tout devrait commencer pour les uns au moment où tout semble finir pour les autres. Une nouvelle génération attend aujourd'hui sa chance. Attention, elle n'est pas là pour la relève, mais plutôt pour remettre de l'ordre dans une équipe qui s'est longuement égarée. On ne saurait suffisamment le dire, mais la force de la jeunesse flambe mieux que l'expérience brevetée de certains marathoniens. Leurs aptitudes sont de nature à enjoliver la construction collective. Leurs possibilités et leurs limites sont en eux. Comme toujours, elles se tiennent dans l'adaptation aux contingences et dans l'aptitude à les exploiter à bon profit. Ordre et progrès, c'est la devise d'une génération désormais soucieuse de redonner à la sélection l'équilibre tant recherché. On n'a pas vu grand-chose dans la manière d'évoluer et de progresser des joueurs qu'on croyait pourtant capables d'un rendement nettement meilleur. Certains se considèrent, encore et toujours, plus forts que ce qu'ils ne sont réellement. D'autres se font encore petits garçons. Il y en a aussi qui ont tout simplement déçu. Tous ceux-là vont devoir se méfier pour leur place. Leur manque d'engagement et de responsabilité les rapproche davantage des joueurs ordinaires. Merci à tous les adversaires qui les ont quelque part sauvés dans des matches aux résultats inespérés. Mais bravo au football qui ne cesse de les pointer du doigt. Une identité de jeu évanescente L'équipe de Tunisie est aujourd'hui confrontée à deux problèmes majeurs et qui sont autant de motifs d'inquiétude: une identité de jeu évanescente et un déficit de caractère et de présence chez les joueurs sur lesquels on a très longtemps compté et qui ont eu leur chance plus qu'il n'en fallait. Pour ne pas dire qu'ils étaient même favorisés sans raison particulière. On a beau nous suggérer qu'il n'y a plus de joueurs moyens, et encore moins ordinaires, mais c'est surtout de grands sélectionnés dont nous manquons cruellement. Résultat: il n'y a plus de cohérence et d'équilibre en équipe nationale, de bon sens et de vision, et donc de destin élevé. Plus le temps avance et plus on se demande si les joueurs parlent le même langage sur le terrain, ou s'ils manifestent simplement une envie pour progresser. Sans ballon, il leur arrive des fois de ressembler à une équipe. Mais avec, on est loin du compte. L'une des principales priorités de Kasperczak serait de doter la sélection d'une maîtrise technique acceptable et d'une solidité défensive correcte. L'animation collective, l'efficacité offensive, les atouts individuels, l'habilite à créer les espaces, tout cela reste d'une étonnante médiocrité. Une carrière en sélection, c'est-à-dire de footballeur d'élite, se gère plus par l'aptitude à être un joueur de haut niveau tout-terrain que par l'exploitation des circonstances et des phénomènes de mode. Les qualités physiques et techniques ne suffisent pas si on n'y ajoute pas la générosité, le dépassement de soi. Tout cela, ça ne se décrète pas du jour au lendemain. C'est une question d'état d'esprit.