Appel à la désignation d'une personnalité nationale indépendante qui sera chargée de présider la commission neutre de préparation et de conduite du congrès constitutif du parti. On attend maintenant la réponse du clan Marzouk Mohamed Ennaceur, président par intérim de Nida Tounès et président de l'Assemblée des représentants du peuple, multiplie les initiatives de réconciliation entre les deux clans en conflit au sein du parti. Mercredi 11 novembre, il a reçu les partisans parmi les députés et du clan Mohsen Marzouk et ceux soutenant les thèses du duo Hafedh Caïd Essebsi-Ridha Belhaj, l'objectif étant de faire en sorte que la réunion de l'Instance constitutive prévue hier, jeudi 12 novembre, soit annulée ou au moins reportée en attendant un compromis. De leur côté, les députés démissionnaires du bloc parlementaire ont laissé, mercredi 11 novembre, la porte ouverte à la possibilité de retirer leur démission au cas où le clan Hafedh Caïd Essebsi-Ridha Belhaj renoncerait à la réunion de l'Instance constitutive et accepterait de reprendre le dialogue avec les députés et responsables pro-Marzouk. Ils ont été reçus par le chef de l'Etat Béji Caïd Essebsi qui a écouté leurs doléances et les a rassurés qu'il n'est pas partie prenante dans le conflit et qu'il se place à égale distance des différentes sensibilités en désaccord. Malheureusement, les tentatives de réconciliation menées par Mohamed Ennaceur et les déclarations des députés démissionnaires (certains n'ont pas hésité à dire que les 32 ont fait marche arrière, attendant un geste de la part de Hafedh Caïd Essebsi et de ceux qui soutiennent ses démarches) n'ont pas réussi à calmer les ardeurs des partisans du fils du président et de son directeur de cabinet. Pire encore, l'interview accordée mercredi soir par Hafedh Caïd Essebsi à Nessma TV a enfoncé encore plus le clou, annonçant pratiquement la rupture définitive avec le clan Marzouk. Ses accusations de «haute trahison» à l'encontre du secrétaire général du parti, «d'atteinte à l'image du pays» et de «demande de soutien auprès de puissances étrangères» ont constitué une véritable bombe au point que les observateurs qui croyaient encore à une possible réconciliation entre les deux leaders nidaistes affirment maintenant que la fracture est consommée et que la scission au sein de Nida Tounès n'est plus qu'une affaire de jours. Les résultats des développements de la journée du mercredi ne se sont pas fait attendre puisque la réunion de l'Instance constitutive a eu lieu, hier, au siège du parti, avec la participation de ses membres soutenant Hafedh Caïd Essebsi et Ridha Belhaj. Hier, à 17h00, ils étaient huit membres de l'Instance constitutive à prendre part à la réunion en question. Hafedh Caïd Essebsi, Ridha Belhaj, Slim Chaker, Selma Rekik Elloumi, Anis Ghedira, Sameh Dammak, Mohamed Fadhel Omrane et Wafa Makhlouf se sont réunis, hier, au siège du parti des Berges du Lac. A l'ordre du jour, un seul point : la fixation de la date du congrès constitutif du parti. Selon certaines indiscrétions médiatiques, «le congrès se tiendrait les 12 et 13 décembre avec la participation des membres de l'Instance constitutive, les membres du bureau exécutif, les députés représentant le parti au sein du parlement et les représentants des structures régionales et locales actuelles (celles qui ont été implantées par Hafedh Caïd Essebsi quand il était chargé des structures avant son élection au poste de vice-président du parti aux côtés de Taïeb Baccouche, Faouzi Elloumi et Lazhar Karoui Chebbi). On apprend également que les décisions qui seront issues de la réunion d'hier seront soumises aux membres de l'instance appartenant au clan Mohsen Marzouk (Lazhar Akremi, Lazhar Karoui Chebbi, Mohamed Ennaceur, Boujemaa Rmili et Mohsen Marzouk) pour aval. Au cas où Marzouk et ses camarades rejetteraient les décisions, Hafedh Caïd Essebsi et ses partisans annonceraient la création d'un autre parti. Mohsen Marzouk recourt à la justice Sur un autre plan, une source informée auprès du secrétaire général de Nida Tounès confie à La Presse : «Mohsen Marzouk a décidé d'introduire une action en justice à l'encontre de Hafedh Caïd Essebsi qui l'a accusé de haute trahison et de connivence avec des puissances étrangères. D'autre part, une conférence de presse sera donnée, lundi prochain, à 11h00 pour éclairer l'opinion publique sur tous les développements de la crise». Finalement et contrairement aux spéculations des uns et des autres, la réunion de l'Instance constitutive (avec huit membres présents soutenant le clan Hafedh Caïd Essebsi-Ridha Belhaj) n'a pas fixé la date pour le déroulement du congrès du parti. Les présents se sont contentés, apprend-on, d'appeler à la désignation «d'une personnalité nationale indépendante pour présider une commision neutre qui sera chargée de préparer le congrès à condition que ses membres ne se portent candidats à aucun poste de responsabilité lors du congrès qui doit se tenir avant fin 2015». Ils ont également exprimé leur regret de voir 32 députés nidaistes démissionner du bloc parlementaire. Quant aux démissionnaires, ils n'ont pas tardé à réagir en déclarant aux médias : «Les décisions prises par Hafedh Caïd Essebsi et ses compagnons ne nous engagent pas. Nous exigeons la réunion du bureau exécutif dimanche prochain». Il est à préciser que les députés démissionnaires du bloc parlementaire nidaiste ont jusqu'à lundi prochain (jour de l'expiration du délai réglementaire) au cas où ils décideraient de retirer leur démission.