Pour la première fois de leur histoire, les JCC s'offrent une marraine, en la personne de l'actrice et chanteuse espagnole Victoria Abril, qui a normalement pour rôle d'ouvrir la manifestation arabo-africaine. Et le choix de cette figure emblématique du cinéma ibérique relève, à n'en point douter, de ce parti pris et de cette volonté d'ouverture sur le cinéma mondial, tout en consolidant, bien entendu, les fondamentaux des JCC, soit une focalisation et un intérêt soutenu et total pour les cinémas arabe et africain. Victoria Abril, actrice fétiche, voire l'égérie, de l'immense cinéaste espagnol, Pedro Almodovar, sous la direction duquel elle a interprété plusieurs rôles attachants dans Attache-moi, Kika et Talons aiguilles, a apporté son grain de sel et pimenté la cérémonie d'ouverture grâce à sa spontanéité, sa modestie et sa générosité. Et bien que cette 26e édition ait été officiellement ouverte, quelques minutes auparavant par la ministre de la Culture, Latifa Lakhdhar, l'actrice espagnole a tenu, elle aussi, à prononcer la formule magique qui donne le «la» à une semaine de marathon cinéphilique : «Je déclare ouverte la 26e édition des JCC». Et cela dans la langue d'Al Djahidh S.V.P. Excusez du peu! La marraine de cette édition a répété successivement les mots magiques soufflés par Mourad Zghidi, présentateur de la soirée. Lequel s'est, certes, acquitté de sa tâche, mais toujours avec cet enclin à crier et à faire des échappées dans le monde du football — déformation professionnelle oblige — le reporter et le commentateur de foot qu'il est reprenant le dessus. En prononçant de nouveau la formule d'ouverture, l'actrice espagnole n'a fait que reproduire la tradition des grands festivals internationaux, à l'image de Cannes, Venise, Berlin et autres où des figures du cinéma, entre acteurs et actrices, réalisateurs et autres, sont chargés d'ouvrir les éditions successives de ces festivals. C'est pourquoi l'on se demande pour quelles raisons, sous nos cieux, on tient tant à ce que le coup d'envoi des JCC soit toujours donné par les politiques. Pourtant, cette tradition obsolète, franchement dépassée, a été abandonnée après la révolution, mais voilà qu'elle est de retour comme sous les vieilles dictatures où des politiques et des officiels ouvrent et clôturent les grandes manifestations culturelles. Pourquoi ne pas y renoncer définitivement et totalement afin d'éviter que la politique ne se mêle de tout et n'envahisse l'univers artistique? Il est vraiment temps de se débarrasser de cette mauvaise habitude, en confiant désormais ces tâches à des figures emblématiques du monde du cinéma, en particulier, et des arts, en général. Cela éviterait les pesanteurs et l'incursion permanentes du politique dans les domaines artistique et culturel. A bon entendeur, salut !