Mardi 24 novembre au centre-ville, on sortait des salles de cinéma bouleversé par les émotions d'images venues des quatre coins du monde, ébloui par de belles et émouvantes prestations d'acteurs et de techniciens qui offrent à travers leurs films rêves et déchirements. Le public était, comme chaque soir, au rendez-vous, devant le Colisée ; le film de Farès Naânaâ crée l'événement... Soudain... une détonation... moment de panique, visages blêmes...mais quelque temps après, la vie reprend son cours avec un énorme pincement au cœur... d'autres victimes du terrorisme viennent de tomber. Le directeur de la salle le Rio maintient sa projection et écrit sur sa page facebook «Vive les JCC ! La vie continue, résistons ! Nous n'avons pas d'autres solutions, occupons les cinémas et les espaces culturels dans toutes nos villes et villages. Ceux qui aiment la vie vont au Cinéma». Sur la page officielle des JCC, le comité directeur publie : «La culture et le cinéma vivront. Les Journées cinématographiques de Carthage maintiennent leur programmation dans son ensemble, sauf demande des autorités. Festivaliers et public sont les bienvenus, et ce, dans les meilleures conditions. Toutes nos pensées vont vers les martyrs et leurs familles». A l'intérieur de la salle le Colisée on chante l'hymne national, et place au film ; le public est là, l'équipe du film aussi. La vie lance un défi aux forces du mal. A El Tteatro, on a verni une exposition les couleurs des toiles repoussent la couleur du sang dans ses derniers retranchements. Et nos amis acteurs, journalistes, critiques et cinéastes d'Afrique, du Monde Arabe et du monde entier postent des photos et des selfies sur leurs pages exprimant une totale solidarité. Ils sont tous au centre-ville, défiant leur peur... qui parle de peur ? Notre ami journaliste égyptien Mostapha Kilani, un habitué de nos festivals poste sa photo en compagnie du comédien Fethi Abelwahab, la Tunisienne Mariem Ben Chaabane et d'autres amis sirotant un café sur l'avenue Habib Bourguiba et titre son post «on est au centre-ville, nous n'avons pas peur, Tunis est belle et les Tunisiens sont exceptionnels». La star égyptienne Khaled Abou Nagua avec d'autres de ses collègues, s'est déplacé sur les lieux de l'explosion, on allume des cierges et on lance un message vidéo qui fait le tour du net. Le couvre-feu est décrété...les invités des JCC tiennent à rester à Tunis ; aucun n'a envie de quitter, on décale la programmation (elle est déjà partagée sur les réseaux sociaux) pour respecter le couvre-feu, les JCC continuent, les écrans se déploient, l'obscurité des salles réconforte...une réponse, une riposte, la culture de la vie prend le dessus.