Bravant le froid, les Tunisiens étaient venus nombreux fêter les JCC. Au-delà de leur amour du cinéma et de leur attachement à la culture, c'est leur « tunisianité » qu'ils étaient venus défendre, c'est une résistance à l'obscurantisme et à la barbarie qu'ils étaient venus manifester... Le rideau est tombé hier soir sur la 26e session des Journées cinématographiques de Carthage. Une édition exceptionnelle puisqu'elle s'est tenue dans les conditions particulières d'un lâche attentat terroriste qui a visé un bus de la garde présidentielle le 24 du mois. Un triste événement qui a donné un autre visage à cette édition qui est devenue l'édition de la résistance à la barbarie, l'édition de la vie contre la mort. Une édition marquée par une grande affluence du public vers les salles de cinéma surtout après l'attentat mais aussi par la projection du film marocain de Nabil Ayouch. Rappelons que la Tunisie est le seul pays arabe à avoir diffusé ce film, ce qui consacre encore son attachement à la liberté de création et d'expression. Après une cérémonie dans la matinée au palais présidentiel de Carthage où le président de la République honorait tous ceux qui ont participé au succès de cette session dont notre journal «La Presse de Tunisie», c'est au tour du tapis rouge de prendre le relais pour une clôture animée par la vedette égyptienne Bassam Youssef. Le Tanit d'or a récompensé le film marocain «L'orchestre des aveugles» de Mohamed Mouftakir, l'histoire d'un chef d'orchestre populaire dont le fils, Mimou, tombe amoureux de la voisine. Une histoire racontée avec une grande sensibilité et beaucoup de tact. «La rivière sans fin» du Sud-Africain Olivier Hermanus a eu le Tanit d'argent, une grande œuvre autour du thème du deuil. Le Tanit de bronze est pour «A peine j'ouvre les yeux» de Leila Bouzid (Tunisie) qui, malgré quelques hésitations, reste une première œuvre pleine de fraîcheur. Le Tanit d'or du court métrage est tunisien, il s'agit de «Diaspora» de Aladin Abou Taleb, un film qui raconte une histoire avec un traitement et un rythme originaux. Le Tanit d'argent pour le court métrage est pour «Terre mère» de Aliou Sow (Sénégal), le Tanit de bronze est pour «La vague» de Omar Belkacemi (Algérie). Une mention spéciale a été décernée au film « Much Loved» de Nabil Ayouch (Maroc). Côté documentaire, c'est l'Algérie qui est à l'honneur avec l'excellent documentaire «Dans ma tête un rond-point» de Hassen Ferhani, le Tanit d'argent est pour l'Irakien Abbès Fadhel pour « Homeland». Le quotidien d'une famille irakienne depuis Saddam Hussein jusqu'à l'invasion américaine, et le Tanit de bronze est pour «Queen of Syria» de Yasmin Fedda, l'histoire d'une cinquantaine de femmes syriennes contraintes à l'asile en Jordanie. Nous y reviendrons... Palmarès des JCC 2015 : Long-métrage Tanit d'or : «L'orchestre des aveugles» de Mohamed Mouftakir (Maroc) Tanit d'argent : «La rivière sans fin» d'Olivier Hermanus (Afrique du Sud) Tanit de bronze : «A peine j'ouvre les yeux» de Leïla Bouzid (Tunisie) Prix spécial du jury : «Much loved» de Nabil Ayouch (Maroc) Prix d'interprétation masculine : Adlane Djeni pour son rôle dans «Madame courage» de Merzak Allouache (Algérie) Prix d'interprétation féminine : Maïmouna N'Diaye pour son rôle dans «L'œil du cyclone» de Sikou Traoré (Burkina Faso) Mention spéciale à Nadia Kaci pour son rôle dans «le puits» de Lotfi Bouchouch (Algérie) Prix du court métrage : Tanit d'or «Diaspora» De Aladin Abou Taleb Tanit d'argent : «Terre mère» de Aliou Soui (Sénégal) Bronze «La vague» Omar Belkalerni Prix du documentaire : - Tanit d'or : Fi rassi rond point de Hassen Ferhani (Algérie) - Tanit d'argent : Home Land de Abass Fadhel (Irak) - Tnit de bronze : «Queen of Syrie» Yasmine Fedda (Syrie) Prix de la première œuvre : «Fi rassi rond point» documentaire Prix spécial du jury ex aequo : «A peine j'ouvre les yeux» de Leïla Bouzid et Necktie Youth de Sibs Shang We (Afrique du Sud). Les prix Takmil * «Un assiégé comme moi» Hala Alabbdallah - OIF (10.000 euros) - CNC France (10.000 euros) * «Zeineb n'aime pas la neige» Kaouther Ben Hania Star Assurance (20.000 dt) * «Hédi» Mohamed Ben Attia Cnci (15.000 DT) * «Egyptian Jeanne D'Arc» Iman Kamel Sanad (10.000 euros) * «On the Fence» Nesrine El Zayat Alesco (10.000 dollars) * «Tounsa» Ridha Tlili Eunic (9.000 euros)