Les Tunisiennes d'origine slave comptent, à elles seules, 5.000 femmes dont les droits sont souvent bafoués. Elles proviennent d'autres contrées, d'autres cultures et ont choisi d'intégrer la société tunisienne, convaincues et confiantes. Les femmes d'origine étrangère résidentes en Tunisie et bénéficiant de la nationalité tunisienne se comptent par milliers. Celles provenant des pays slaves comptent, à elles seules, 5.000 personnes ; soit 5.000 Tunisiennes dont les voix sont étouffées, car non représentées ni par l'assemblée constituante ni par l'assemblée du peuple. La législation les protège à moitié, étant donné qu'elles ne sont pas pour autant considérées, véritablement, comme des tunisiennes. Tunisiennes de cœur, de nationalité, ces femmes ont choisi de s'unir, pour la vie et par les liens du mariage à des tunisiens. Elles ont donné des enfants tunisiens et pourtant, elles continuent à subir toutes sortes de discrimination et de marginalisation. Tunisiennes, oui, mais dont la citoyenneté se trouve manifestement limitée au seul statut de tunisienne et à la seule réalité de vivre dans ce petit pays. Mme Raoudha Zarrouk, présidente de la Ligue tunisienne des droits politiques de la femme, prend à cœur la lutte pour l'intégration effective de cette catégorie de femmes dans la vie politique, socio-économique et culturelle. Un objectif qui serait atteint grâce à l'instauration des jalons politiques et juridiques appropriés, via la signature d'une convention sur l'intégration des femmes étrangères de nationalité tunisienne dans tous les domaines, sans exception. «Il n'y a aucun justificatif permettant de légitimer cette marginalisation et cette distanciation palpable à l'encontre des tunisiennes d'origine étrangère. Pour ce, la ligue s'engage à concrétiser leur intégration dans tous les domaines y compris dans la vie politique. Elle s'engage aussi à les écouter, les informer sur leurs droits et à les aider à sortir du cloisonnement dans lequel elles vivent, contraintes et résignées», indique Mme Zarrouk. Selon son avis, l'idée n'étant point de tendre la main à une population marginalisée et vulnérable, mais aussi d'appliquer les principes fondamentaux de la démocratie et de la cohésion sociale et de permettre aux femmes tunisiennes d'origine étrangère, de vivre, sur un pied d'égalité avec leurs semblables. «Les femmes slaves ignorent leurs droits. Elles ont du mal à accéder à l'information, car ne parlant pas l'arabe ni le français, ce qui entrave leur insertion dans la vie socioéconomique, politique et culturelle. D'autant plus qu'elles n'ont pas été représentées ni dans la Constitution ni dans l'assemblée du peuple. Elles n'ont même pas été autorisées à voter, en bonnes citoyennes, durant les scrutins démocratiques», explique la présidente de la ligue. Et d'ajouter que ces femmes sont souvent battues, maltraitées et victimes de chantage. Elles se trouvent dans l'incapacité de porter plainte de peur d'être châtiée par l'époux agresseur et boudée par une société méfiante, sinon neutre. Mme Zarrouk indique à La Presse que ces tunisiennes sont sujettes à toutes sortes d'injustice. Ainsi, les filles dont les mères sont tunisiennes d'origine étrangère sont interdites d'épouser des hommes non musulmans. Dans le cas contraire , elles risquent d'êtres privées de leur droit à l'héritage ; une injustice qui devrait, selon l'avis de la présidente de la ligue, être remise en question. Et d'ajouter que se porter volontaire pour supporter, encadrer et orienter ces femmes tunisiennes relève d'un principe de citoyenneté. Ces femmes sont tunisiennes et doivent être considérées et traitées comme telles. «Il s'agit là de mettre en valeur la femme, d'une manière générale, et celle tunisienne, en particulier, dans le respect du principe de l'équité», renchérit-elle.