En favorisant une certaine surexploitation de la piscine de Sidi El Béchir, les responsables doivent aussi réévaluer les risques y afférents et inhérents... Sport complet par excellence, la natation a des vertus incommensurables. Cette activité a l'avantage de solliciter tous les muscles du corps. Raffermir, tonifier, muscler, assouplir les articulations, c'est un remède, une thérapie qui réduit considérablement l'apparition de certains maux, procure un sentiment d'apaisement et améliore même l'équilibre psychologique. En Tunisie, la natation est plus qu'une culture, vu son ancrage dans le mode de vie des citoyens. Des champions à profusion, des médailles glanées au plus haut sommet, un étendard national hissé lors des manifestations internationales, on ne compte plus les consécrations et les gratifications. Cependant, à l'heure où nos piscines collectives font le plein, il est urgent de combiner en ce lieu de passage les normes d'hygiène et de sécurité. Car si une piscine municipale est un véritable bouillon de culture, le nettoyage et les tests d'hygiène doivent y être permanents. Ce faisant, nous nous sommes penchés sur le cas de la piscine d'Al Gorjani (à Sidi El Béchir), un véritable carrefour de générations où se côtoient quotidiennement jeunes et moins jeunes. Cela dit, si cette enceinte est régulièrement entretenue après une large réfection, des manquements d'ordre structurel (liés à l'oxygénation) et même conjoncturel (piscine saturée) sont quelque peu venus perturber la sérénité des baigneurs. Va pour la propreté de l'eau qui est testée régulièrement (pas de cas constatés d'existence de microbes, verrues...). Mais des anomalies vérifiées volet PH neutre, c'est-à-dire l'acidité de l'eau et la quantité de chlore exigible. En favorisant une certaine surexploitation de la piscine, les responsables ont aussi maximisé l'utilisation de chlore (désinfectant). Ce qui n'est pas sans causer des dommages collatéraux sur la peau, les yeux bien entendu, et même au niveau de la respiration des baigneurs. Cette piscine créée en 1976, et rénovée en 2001 pour un coût avoisinant un milliard et demi de nos millimes, ouvre régulièrement ses portes au public, aux établissements éducatifs, aux associations sportives ( spécialité natation ), ainsi qu'aux associations sport-culture-travail. Vu le taux de remplissage record, le système de filtration est poussé au maximum et il n'est plus possible de s'entraîner à partir de 14h30, outre le fait qu'il n'est plus permis d'aller au bout des séances spécifiques pour des raisons de santé (respiration devenue difficile). Last but not least, des problèmes d'aspiration et d'oxygénation (fenêtres pour la plupart closes) n'ont pas manqué d'indisposer les fidèles de cette piscine municipale. Surveiller l'eau qui dort ! «Il faut nager propre», dit le dicton ! Dégager et éliminer tous les déchets organiques sécrétés. Bien entendu, il y va de la responsabilité individuelle des baigneurs, mais aussi de l'engagement des responsables qui veillent au bon déroulement des séances et de l'entretien de la piscine. Eviter l'irritation des yeux, l'émergence d'allergies et d'asthme chez certaines personnes fragiles. A Al Gorjani, et c'est le cas, plus il y a de monde, plus le terrain devient propice à certaines difficultés rencontrées, notamment en raison d'une mauvaise ventilation. Autre tare constatée en rapport avec la clarté de l'eau en cas de forte pluie. Un sondage réalisé (dont l'eau est utilisée en conséquence) est vraisemblablement à l'origine de ce problème (eau trouble). Certes, il est possible d'y remédier. Mais pour cela, la municipalité doit revoir de fond en comble l'alimentation en eau du bassin. Si la responsabilité des tenants et aboutissants du bassin d'Al Gorjani est engagée, la tutelle devrait songer à un nouveau projet de piscine qui permettrait de désenclaver la piscine de Sidi El Béchir, et par là même, absorber le large flux des nombreux jeunes qui s'adonnent à la natation. Des agglomérations au vivier impressionnant comme Sidi Hassine, Cité Hilal, Sijoumi, Montfleury et Bab Alioua sont là pour nous rappeler que l'on peut cueillir à terme ce que l'on sèmera aujourd'hui vu le vivier de jeunes qui pullulent dans ces quartiers. Des clubs formateurs à l'instar du Widad Montfleury, le CS Gorjani, le Csta et bien d'autres méritent forcément une bienveillante attention des autorités afin que leur vocation de pourvoyeurs de futurs champions reste la même.