QUEL message les syndicalistes du secteur du transport public veulent-ils transmettre aux Tunisiens, en annonçant qu'une grève générale sera observée par les professionnels du secteur les 15 et 16 septembre, soit la première et la deuxième journée de la rentrée scolaire 2020-2021 ? Le secrétaire général de l'Union régionale du travail à Tunis justifie la décision de la grève générale par la mobilisation des agents de la Société de transport de Tunis (Transtu) et leur engagement à sauver leur société au regard de l'état désastreux dans lequel se trouve le parc de la société «incapable d'assurer sa mission dans les conditions actuelles». Les syndicalistes assurent qu'ils sont hautement conscients de l'impact qu'aura leur décision de débrayer à l'occasion de la rentrée scolaire sur l'événement tant attendu après plus de six mois d'inactivité scolaire. Et ils insistent pour éviter toute éventuelle accusation : «Nous n'avons aucun objectif ni syndical ni politique. Nous sommes dans l'impossibilité d'assumer pleinement nos fonctions dans la mesure où les conditions minimales de sécurité aussi bien pour nos agents que pour nos clients ne sont pas réunies au vu de la dégradation continue, voire quotidienne, des conditions de travail et de l'impossibilité pour la société de répondre positivement aux demandes sans cesse croissantes de nos clients», assurent-ils. Certes, les arguments longuement détaillés par les syndicalistes et les mauvaises conditions dans lesquelles les agents du transport public exercent leurs fonctions sont largement plausibles et exigent une réaction immédiate de la part du ministère dont les responsables n'hésitent pas à reconnaître les carences et les insuffisances, promettent d'y pallier et peinent toujours à réaliser leurs promesses. Et au-delà des causes de cette grève générale qui peuvent paraître légitimes, des justifications des uns et des prétextes des autres et aussi des réactions de colère, voire d'indignation dont feront montre les parents d'élèves ainsi que les éducateurs qui attendent avec ferveur la journée du 15 septembre, l'on est en droit de soutenir que les syndicalistes auraient pu choisir une autre date pour manifester leur ras-le-bol et exiger que le gouvernement, via le ministère du Transport et de la Logistique, mette en place une solution finale propre à réactiver la société de transport de Tunis et à donner à ses cadres et agents les moyens d'accomplir leurs fonctions dans les meilleures conditions possibles. Il faut, toutefois, espérer que la réunion de négociation prévue lundi prochain, soit la veille de la rentrée scolaire, entre le syndicat et le ministère, parviendra à dégager, ensemble, des solutions consensuelles propres à annuler la grève et à permettre à nos enfants de regagner leurs classes dans la sérénité et le calme.