Mardi, 9 heures du matin, place de la République au centre ville de Tunis, des foules d'individus toutes tranches d'âges confondues se forment en pleine chaussée empêchant les véhicules et les bus de circuler. Les files de voitures bloquées à l'avenue de la Liberté, à l'avenue de Paris et à l'avenue de Madrid se trouvent prises en otage. Il est impossible d'avancer ni de reculer. Les citoyens, plus particulièrement les usagers du métro et des bus bloquent tous les accès et ce en réaction par rapport à la grève observée par les agents de la Transtu. « Personne n'aura le droit de circuler puisque nous ne pouvons pas nous rendre à nos emplois», rouspètent quelques citoyens qui empêchaient une camionnette d'avancer. Des groupes de jeunes hommes et d'adultes sont formés aux niveaux des intersections de la place de la République interdisant ainsi à tous les véhicules d'avancer. Et gare à celui qui tente de se mêler à la foule. Des menaces sont même proférées contre les automobilistes qui essayent d'engager un bras de fer. « Il n'est pas question que les voitures circulent. C'est fini le temps où l'on acceptait que les agents de la Transtu nous imposaient leurs ordres », critiquent d'autres citoyens exacerbés contre les agents qui « ne cessent d'observer des grèves ». Réaction des usagers Lancée de façon spontanée depuis le matin, « cette action est une réponse aux agents de transport et surtout aux autorités de tutelle qui ne trouvent pas les solutions adéquates », témoignent quelques citoyens. « Il est inadmissible que nous assumons à chaque fois les caprices des agents de transport », dénoncent d'autres qui ne cachent pas leur colère contre ce qui se passe. Certains considèrent même qu'il ne faut pas baisser les bras face à cette situation. Observée par les agents adhérés à l'Union des Travailleurs de Tunisie (UTT), la grève n'est qu'une sanction de plus pour les usagers du transport en commun. Plusieurs parmi ces derniers n'ont pas pu regagner leur travail. D'autres peinaient à arrêter un taxi qui se fait rare dans ces circonstances. D'ailleurs, mal informés sur ce qui se passe au centre ville, certains se sont coincés dans la circulation. Ils essayaient même de jouer le rôle des agents de circulation pour organiser le trafic surtout au niveau de l'intersection entre l'avenue de la Liberté et l'avenue de Madrid. Bras de fer ? Mais qui est derrière cette grève alors que le secrétaire général de la Fédération du Transport au sein de l'UGTT a déclaré clairement (lors du JT de la Télévision nationale 1) que les agents de transport vont assurer le mardi 9 août leur travail ? Il a même répété qu'ils sont compréhensifs et qu'ils respectent les citoyens en cette période de jeûne. Il est clair qu'un bras de fer est en train de s'engager entre les structures syndicales formées après le 14 janvier et l'UGTT. Cette dernière n'a pas pu arrêter la grève. Elle a même « perdu sa crédibilité », d'après Ali Dhaoui, secrétaire général adjoint chargé des relations extérieures au sein de l'UTT. M. Dhaoui déclare que « les agents de transport longtemps manipulés, n'ont plus confiance en les membres du bureau exécutif de l'Union Générale du Travail Tunisien. Ils ont décidé de « se libérer » de cette organisation pour adhérer à l'UTT », précise-t-il. Et d'ajouter, « la majorité des agents de transport ont choisi de faire partie volontairement de l'Union des Travailleurs Tunisiens par ce que nous prônons des négociations ». A cet égard, M. Dhaoui rappelle les procédures appliquées par l'Union pour contacter les ministères des Affaires sociales et du Transport afin de négocier les revendications des syndicalistes. « Nous avons adressé un courrier dans ce sens depuis le 24 juin, mais l'administration n'a pas réagi », toujours d'après M. Dhaoui tout en précisant que «l'UTT a envoyé un préavis de grève il y a 12 jours aux autorités concernées ». « Face à cette situation, la direction générale de la Transtu nous a contactés pour fixer une date de négociation. Une réunion a été prévue le 4 août, mais le directeur général l'annule la veille », signale M. Dhaoui. Il est même étonné du fait que « l'UGTT, la Transtu et les ministères négocient les revendications demandées par l'UTT ». « Toutefois ce message adressé aux ministres de Transport et des Affaires sociales est bien passé », fait remarquer le syndicaliste qui s'excuse auprès des usagers du transport en commun. Ce secteur longtemps négligé n'a pas l'air de se restructurer plongeant le citoyen dans le désarroi. Sana FARHAT
Taux de participation : 90 %, selon l'UTT La Transtu déclare que 40% des agents de la TRANSTU ont participé à la grève lancée par l'UTT alors que l'Union des Travailleurs Tunisiens annoncent que la grève a réussi totalement. «85 à 90 % des agents ont participé à la grève», déclare M.Dhaoui tout en s'excusant auprès des usagers du transport en commun. «Mais c'est un moyen pour attirer l'attention des responsables ainsi que des citoyens par rapport aux conditions de travail des agents de transport », signale le syndicaliste.