Bien des choses devraient changer dans la compétition nationale, dans les choix, dans les rôles. Cela devrait résulter des effets conjugués de modalités sportives et de stratégies bien pensées. Quel jugement peut-on apporter aujourd'hui sur le niveau du jeu en championnat, mais aussi dans toutes les autres épreuves continentales impliquant les équipes tunisiennes? Dans une compétition suffisamment difficile pour les uns, très serrée pour les autres et où les points valent cher, rares sont les équipes qui ont réussi après huit journées à enchaîner résultat et contenu. Il y en a qui ont pris l'habitude de s'impliquer souvent dans le jeu d'attaque, mais il y en a aussi, d'un niveau hiérarchique inférieur, qui s'efforcent toujours de défendre le plus valeureusement possible. Si le football engendre souvent une certaine spécificité en matière de sinistrose, que l'on ne parle pas suffisamment de victoires, que l'on fait une fixation sur les défaites, que l'on ne retient d'habitude que le négatif, les supporters ne s'en détournent pas pour autant. L'attachement à un club est vraiment fantastique et a souvent beaucoup plus d'importance que le niveau de jeu. On peut changer de travail, on peut changer de conviction et de vocation, mais on ne change jamais de club. Après huit journées, une équipe comme le CSS a réussi à dérouler un football de grande envergure, à hausser le rythme et le ton et surtout à ne pas verser dans la suffisance. Avec des joueurs naturellement endurants, un entraîneur entraînant, il est parvenu à élever le niveau du jeu au sein du championnat. Il en a l'habitude et le profil aussi. Le même constat est presque valable, mais à un degré moindre, pour des équipes comme l'ESS et l'EST qui ont, encore une fois, prouvé qu'elles sont capables de tout faire, de tout obtenir, d'enchaîner des phases de jeu accomplies et des approches techniques intéressantes, dès qu'elles se libèrent. Dans l'utilisation du ballon, c'est plus enflammant ici plus qu'ailleurs. Les sensations entre les compartiments de jeu sont meilleures et les mouvements mieux coordonnés. On se connaît beaucoup plus, on se comprend beaucoup mieux. Cela ne découle pour autant d'un seul claquement de doigts. Voilà deux équipes qui sont encore en phase de travail, mais qui sont parfaitement confiantes pour la suite. Le temps commence cependant à paraître long pour d'autres équipes et spécialement le CA qui tarde à débloquer son compteur et qui est encore à la recherche d'une efficacité perdue. Sur les défaillances et le gâchis d'un club miné par un vide existentiel, se profilent déjà les dessous d'un avenir pas tout à fait rassurant. D'une déception à l'autre, d'un abandon à l'autre, le désarroi clubiste est à la fois inévitable et injustifiable. Il désespère de plus en plus ses plus fidèles supporters, sans qu'une trajectoire aussi déclinante ne paraisse soulever une réelle prise de conscience, ni entraîner une mobilisation de la part de ses responsables. Ne pas se voiler la face D'autres équipes ont besoin aujourd'hui que la machine soit remise en marche. Il y en a même qui ont tellement oublié de se mettre en évidence qu'elles ne savent plus à quand remonte leur dernière victoire. D'une journée à l'autre, elles tombent dans la morosité, dans l'agacement. Quand on ne gagne plus, les semaines de travail deviennent forcément beaucoup moins sereines. L'ambiance aussi et surtout. Il fallait donc des victoires sur fond de décharge, en termes de jeu, de comportement et d'approche. Oui, cela commence à faire long, notamment pour Gafsa, le Stade Tunisien, la JSK, l'ASK. Autant d'équipes incapables d'inverser la tendance et qui n'arrivent pas toujours à recoller au bon wagon. Il ne faut pas se voiler la face: au vu des différentes prestations, elles manquent de maîtrise collective et technique. Elles ne sont pas suffisamment fortes dans la remontée et la tenue du ballon. Pas mieux dans la base de travail. Encore pire au niveau de la solidarité. Dans les vestiaires et tout autour, l'impatience commence à peser. Mais l'expression de la compétitivité peut parfois prendre d'étonnantes formes. On ne s'empêchera, d'ailleurs, jamais de penser que le football est largement irrationnel et jamais avare de coup de théâtre. Pour s'en convaincre, il aura suffi de retenir le parcours des équipes comme Sidi Bouzid, Zarzis, La Marsa, ou encore le Stade Gabésien et Ben Guerdane. Oubliées, ignorées, elles sont bel et bien le rassemblement de joueurs à base de talents additionnés. Dans ce domaine, elles ont prouvé, contrairement aux attentes, qu'elles ont suffisamment de moyens et d'arguments à faire valoir. Elles ne maquent pas, à l'occasion, de remettre la hiérarchie du football tunisien au centre des débats, prouvant qu'elles ont une part capitale dans la redistribution des cartes. Tout particulièrement en dégageant si bien l'essence de l'effort et en respirant si bien la résistance dans ses différentes expressions. De façon générale, les équipes tunisiennes peuvent être amenées à élever le niveau du championnat et à exprimer des choses, parfois au-delà de ce qu'on pourrait attendre. Lorsqu'elles se donnent des responsabilités, certaines d'entre elles peuvent toujours avancer, progresser. C'est un constat qui n'a évidemment pas de valeur de règle absolue, mais il ne pousse guère à la suffisance. Les résultats ont souvent tendance à tout effacer, même les choix les plus discutables, même les choix les plus incompréhensibles. Toute victoire, quelle que soit sa nature et d'où qu'elle vienne, est toujours bonne à prendre. Mais l'esprit de compétition est une perpétuelle remise en question. Souvent, ce qui est fait est fait, en bien ou en mal. Il faut toujours regarder devant. Plus qu'une obligation, c'est une conscience au quotidien. Il n'en demeure pas moins que bien des choses devraient changer dans la compétition nationale, dans les choix, dans les rôles. Cela devrait résulter des effets conjugués de modalités sportives et de stratégies bien pensées.