Il arrive des fois où l'on croit que tout est fini. Mais c'est alors que tout commence... Ce qui se disait à demi-mot, doucement et rarement en public, se confirme. La vérité de demain se nourrit de l'erreur d'hier. Le Stade est allé battre la JSK à Kairouan au moment où l'on ne s'y attendait pas vraiment. Autrement dit, ce qui lui faisait mal tout au long des cinq premières journées du championnat, l'a rendu fort aujourd'hui et d'un seul coup. Il arrive des fois où l'on croit que tout est fini. Mais c'est alors que tout commence. Toute porte de sortie est une porte d'entrée sur autre chose. Une équipe de football ne prend que quelques secondes pour faire entrer la joie au cœur du public, autant qu'un geste pour lui détruire tout cela. On savait au fait qu'un niveau d'assurance était souhaité au sein de l'équipe stadiste. Autant qu'il lui était permis de se remettre en cause, autant elle était appelée à détruire la fatalité. La réussite entraîne la réussite. L'échec aussi. Mais à un degré moindre car quelque part, le secret stadiste, la plus grande force de l'équipe, consiste à nier ses échecs. Après cette première victoire de la saison, faudrait-il désormais souligner l'apport individuel de certains joueurs, ou juger de la prestation collective de l'équipe? Une chose est sûre: il faut éviter d'attribuer la victoire stadiste, de surcroît en déplacement, à la chance ou à des facteurs externes. Le ST a tenu à échapper à la médiocrité, à l'auto-suffisance, par l'action. Par la présence. Par l'existence. Il se révolte donc il... est. A chaque joueur sa marche, sa cadence et ses prérogatives. Mais les joueurs du ST ont tous un objectif commun. Il était question non seulement de chercher la première victoire, qui tardait à venir, mais surtout de la créer. De rattraper le temps perdu, mais tout particulièrement d'arrêter de perdre le temps qui passe. C'est pourquoi la reconversion dans le jeu et dans le rendement s'était traduite à Kairouan par des façons d'être, de faire et d'accomplissement différentes. La variété des configurations techniques auxquelles les joueurs ont adhéré riment avec rupture et abandon. On ne saurait suffisamment le dire, et encore moins l'exprimer: le jugement que les joueurs stadistes portaient sur leurs capacités avait dès le début de la saison une forte influence sur leurs performances, et ce, quel que soit le niveau initial de leur compétence. Les pratiques dans la gestion du groupe ont quelque part favorisé les échecs et façonné leurs interprétations. Une approche au sens le plus actuel Il fallait asseoir un climat de travail rassurant pour les joueurs et pour l'entraîneur, rendre moins visible la pression et le sentiment d'avoir failli à sa tâche, susciter l'union sacrée. En un mot, exprimer des attentes élevées et s'abstenir de se résigner à la fatalité et aux conséquences négatives en cas d'un nouvel échec. La confiance et la générosité dans l'effort ont finalement favorisé une nouvelle manière de jouer, un comportement et un rendement qui cultivent l'effort, le don de soi et les obligations mutuelles. Pour une fois, le ST s'est éloigné à Kairouan de l'esprit conformiste. Il a osé tous les genres : technique, physique, dribbles, accélérations. Il a brouillé la stratégie et les dispositions adverses. Une conception de jeu et d'accomplissement au sens le plus actuel. On en vient à constater que l'équipe n'était pas aussi mal qu'on le pensait. On a tous notre petite idée des joueurs, bien sûr en fonction de l'importanc e du succès et de l'échec. Mais la victoire des joueurs et de leur entraîneur à Kairouan est une jolie piste de réflexion. Beaucoup plus que les lignes du classement, elle a fait bouger les lignes de l'équipe avec l'expression collective la plus adéquate. Ce qui paraît encore plus certain, c'est qu'on sent après cette victoire que le vestiaire revit, que certains joueurs respirent le football, que d'autres ont un fort pouvoir d'attraction et que leurs camarades n'ont d'autres choix que de les accompagner. Mais le Stade a encore davantage de chemin à accomplir qu'on ne peut le supposer et même s'il lui arrive toujours de vaciller, il reste debout et capable de satisfaire à certaines exigences pour ne pas chuter. C'est l'occasion de dire que nous ne devrons pas oublier les contraintes qui font secouer les joueurs, notamment après cinq matches sans victoire. La motivation, la volonté et la détermination de redresser la barre représentent ainsi la vitalité d'une équipe dont le point fort réside dans tous ces beaux ressentiments. Pas la peine d'attendre d'autres opportunités pour se plonger au cœur d'une équipe stadiste plus que jamais métamorphosée. Le ST a commis des erreurs. Il a fauté au moment où il ne devrait pas pour autant le faire. Mais il n'oublie pas se donner le devoir de se comporter dignement. Il faut faire le pari de jouer, de ne plus vivre sur un statut d'équipe résignée. Jouer pour jouer. Jouer aussi pour gagner.