Impressionnante résurrection de l'Espérance Ce qui paraissait pour l'EST un échec sans appel devant l'ESS est devenu une réussite éclatante face au CSS. En quelques jours, l'Espérance a rallumé la lumière. L'intense turnover imposé par Ammar Souyah, après la défaite contre l'Etoile, y est certainement pour beaucoup. Mais l'EST a surtout retrouvé ce qui faisait sa force depuis un bon bout de temps. Un état d'esprit conquérant, une base solide, un ensemble homogène. Résultat: les défaillances rapidement aux oubliettes. Cela témoigne de la capacité des joueurs à se relever en ayant toujours à l'idée d'avoir l'équilibre qui permet de conserver la solidité. Ils ont mis avant-hier, face au CSS, les ingrédients qui leur avaient manqué à Sousse. On n'en doute plus : l'équipe espérantiste produit un football suffisamment agréable, assez varié. Elle est même capable de tenir un rythme infernal tout au long du match. Le jeu et le comportement des joueurs sont davantage basés sur la possession et la maîtrise de la balle. Dans le sillage et l'obligation des résultats, ces derniers se portent volontiers vers l'attaque. Les latéraux évoluent comme des ailiers. De l'envie, des courses vers l'avant, des prises d'initiative. L'équipe a, semble-t-il, retenu les leçons de Sousse pour afficher un visage conquérant. Elle a pris ses couloirs après avoir coupé ses ailes dans le match précédent. Dans les duels, les joueurs, dépassés face à l'ESS, ont mis le pied lorsqu'il le fallait et jailli pour tuer dans l'œuf les tentatives sfaxiennes. Ce qui paraissait quelques jours auparavant un échec sans appel est devenu aujourd'hui une réussite éclatante. Cette fois, il y a eu des courses, des appels en profondeur, de fausses pistes, des déviations en une touche. L‘entente a pris son envol. La victoire espérantiste nous interpelle. Elle rappelle à quel point Ammar Souyah avait su redonner vie à son équipe. Et si elle devrait encore obtenir des résultats, ce seront ces vertus qu'il faudrait continuer d'afficher. L'EST devrait avoir quelque part une sorte de compétitivité qui la tient éveillée. C'est quelque chose de très fort, même d'instinctif, où les joueurs ne s'arrêtent pas de se dire qu'ils vont y arriver. Au fait, ce qu'il y a de beau dans cette équipe, c'est qu'elle va, une fois réhabilitée à sa juste place, au-delà de ce qu'on peut imaginer. La nature et le mode d'évolution des joueurs en sont la parfaite illustration. Pour aboutir à un résultat pareil, ils ont dû forcément déployer de grands efforts pour abattre la forteresse de la déception et de la frustration engendrées par la défaite contre l'Etoile. Tout semble évoluer aujourd'hui à la vitesse du vent. Même s'il arrive à certains d'entre eux de découvrir leur nature profonde au fil de la compétition, mais surtout dans les grands chocs. Le cas le plus révélateur est certainement celui de Mhirsi qui n'a, semble-t-il, jamais joué de manière aussi inspirée, aussi illuminée. Il a brillé de mille feux et fait des ravages dans tout ce qu'il a entrepris. Souyah a retrouvé celui qui est capable d'accélérer le jeu d'une touche de balle alors que certains autres s'étaient perdus dans des choix inopportuns. Les bonnes choses finissent par arriver. Les acteurs les plus indiqués aussi. Quand on enchaîne les matches et les victoires, la confiance grandit. Cette nouvelle victoire espérantiste représente une étape captivante dans le parcours de l'équipe. On tourne une page et on en ouvre une autre. On impulse une nouvelle dynamique faite surtout d'idées et de développement de tout un projet à court et à long terme. Il y a toute une mobilisation tournée vers la valorisation du jeu et la défense de ses valeurs. Au-delà des considérations techniques et tactiques, individuelles et collectives, c'est le mérite d'un ensemble qui a appris à bien gérer ses matches, surtout les moments décisifs, qui sait résister à la pression, qu'il lui arrive aussi de plier, sans jamais rompre. Cette équipe, parfois remuée, mais toujours bien disposée et bien carrée, a fini de colorier dessin au crayon et aux couleurs, entamé il y a quelque temps. Les résultats obtenus font la continuité et la pérennité d'un apprentissage déclenché depuis quelque temps et dans lequel l'entraîneur de l'équipe est le porte-drapeau. L'objectif étant d'offrir quelque chose de qualité optimale qui permettra aux joueurs de progresser à tous les niveaux. CSS : de la bonne gestion des joueurs On ne peut, d'un autre côté, se retenir devant le gâchis et les opportunités ratées par l'équipe sfaxienne. On s'interroge à cet effet sur la capacité des joueurs à s'imposer dans les grands chocs. Jusque-là, ils se sont tous pratiquement perdus. Que ce soit face à l'ESS ou à l'EST. Longtemps leader, le CSS ne gagne pas les matches qu'il faut et ne s'impose pas devant les adversaires qu'il faut repousser. La qualité du travail accompli, la valeur du spectacle exprimé ne semblent pas suffire. On s'indigne d'un jeu en manque d'inspiration essentiellement dans les matches chocs. L'équipe apprivoise insuffisamment les adversaires de grande envergure. Elle n'a pas encore acquis une vraie philosophie de jeu et une structure stable. Un système et un style qui lui soient propres et assumés par tous. Chihab Ellili fait-il tourner le groupe avec la gestion particulière que cela impose ? Est-il vraiment un bon utilisateur de joueurs confirmés, sans que cela soit d'ailleurs péjoratif car la plupart de ceux dont il dispose actuellement en ont le talent et les qualités requises ? Même si elle fait toujours partie du peloton de tête, la formation sfaxienne ne donne pas l'impression de pouvoir évoluer, et encore moins de progresser. A chaque fois où elle se trouve dans l'obligation de confirmer, elle subit un coup d'arrêt presque inattendu. On réalise ainsi qu'il lui manque la capacité à gérer une série de matches avec aisance et supériorité et qu'elle n'est performante que dans les matches qui ne sont pas sous l'emprise de la pression. Une chose est sûre: elle ne va certainement pas grandir dans la facilité et la félicité...