«Au-delà des montagnes» l'opus du réalisateur chinois Jia Zhang-Ke est actuellement dans nos salles (Cinéamilcar, Cinémad'art). Sélectionné en compétition officielle au Festival de Cannes 2015. L'histoire de «Montain May Depart», dont le titre français est «Au-delà des montagnes», commence en 1999, traçant les trajectoires d'une jeune femme et de deux hommes. Trois personnages qui connaissent diverses fortunes et qu'on suit jusqu'en 2025 Les faits se passent en Chine, fin 1999. Tao, une jeune fille de Fenyang, est courtisée par ses deux amis d'enfance, Zang et Lianzi. Zang est propriétaire d'une station-service et se destine à un avenir prometteur, tandis que Liang travaille dans une mine de charbon. Son cœur balance entre les deux hommes, Tao va devoir faire un choix qui scellera le reste de sa vie et de celle de son futur fils, Dollar. Sur un quart de siècle, entre une Chine en profonde mutation et l'Australie comme promesse d'une vie meilleure, les espoirs, les amours et les désillusions de ces personnages face à leur destin. L'œuvre s'inscrit, comme pour les autres films du réalisateur chinois («24 city», «I wish i knew», «A touch of sin», «Histoires de Shanghai», etc), dans une volonté de représenter son pays dans tous ses états à travers des destins communs et d'autres plus personnels. Un cinéaste «underground» Après des cours de peinture et le projet d'un roman en 1991, Jia Zhang-Ke se tourne vers le cinéma. Bouleversé par «La Terre jaune» de Chen Kaiger (un grand cinéaste chinois), il entre au département littéraire de l'Académie du film de Pékin et étudie la théorie du cinéma. Avec The Young Experimental Film group, société de production indépendante qu'il fonde, il réalise des courts métrages. Diplôme en poche en 1997, il s'attaque à son premier long métrage, «Xiao Wu, artisan pickpocket», un film réaliste sur la Chine contemporaine avec de très faibles moyens. Ce film, comme les trois qui suivront, ne seront pas autorisés à être diffusés sur le sol chinois et seront tournés sans autorisation. Tenant à sa liberté d'expression, le cinéaste continue de réaliser des films hors du circuit traditionnel. Ce qui lui vaut d'être considéré comme l'un des cinéastes les plus intéressants de sa génération. Avec «Platform», qui obtient la Montgolfière d'Or du Festival des trois Continents de Nantes, il raconte une période importante de son enfance, en ayant recours à des acteurs amateurs. En 2003, la Chine libéralise sa politique cinématographique : alors que cet art était auparavant «considéré comme un outil de propagande idéologique primordial du gouvernement», il est alors vu comme une industrie. Les interdictions de filmer pour les cinéastes sont levées et ils peuvent négocier avec la censure. Ressentant aussi la nécessité de «changer de style», il réalise «The world» un film plus «accessible» que ses œuvres précédentes. Issu de la sixième génération de cinéastes chinois dite «underground», Jia Zhang-Ke, incontestable maître du cinéma social, reçoit de nombreux prix dans les festivals de films internationaux.