La sélection est aujourd'hui assoiffée de progression et de victoires. Cette trajectoire, à la fois ascendante et attractive, devrait soulever une réelle prise de conscience et entraîner une mobilisation de tous les instants. A chaque fois qu'ils étaient contestés, les joueurs de l'équipe nationale s'en sortaient souvent presque bien. Des fois, il leur était promis quelque chose comme l'échec et ils se retrouvaient dans une position outre que celle déjà annoncée. Il faut dire que telle qu'elle se revendique aujourd'hui, l'équipe de Tunisie s'était quelque part bien préparée aux récusations, aux doutes et aux incertitudes. Et elle résiste à sa façon, tant bien que mal. Mais que nous y soyons préparés ou pas, la sélection reste toujours capable de surprendre avec son incroyable faculté à se prêter à toutes les hypothèses. Le meilleur comme le pire. Et si l'on croit aux traditions et aux habitudes, elle ne saurait encore une fois se démarquer de cette tendance à échapper aux choses ordinaires. L'idée de repartir sur une nouvelle politique, de nouvelles stratégies complètement différentes de ce qui a été entrepris auparavant étaient bonnes à prendre, mais c'était sans compter les dérives qui ont fait basculer la sélection dans des crises, devenues au fil du temps insurmontables. Il faut dire qu'au-delà de toute interrogation, les obligations et les contraintes continueront encore à peser, voire à conditionner le parcours de l'équipe tant qu'on n'a pas trouvé les solutions adéquates destinées à favoriser l'épanouissement des joueurs aussi bien sur le terrain qu'à l'extérieur. On espère aujourd'hui et à la veille de la quatrième édition du Chan, qui aura lieu au Rwanda du 16 janvier au 7 février 2016,que les choses puissent vraiment changer. Mais en même temps, on ne saurait, non plus, s'interdire de penser à tout ce qui devrait s'accomplir, notamment par rapport à la gestion adéquate et réfléchie de cette épreuve. Le fait qu'elle a longtemps oublié ses repères et qu'elle s'est longuement perdue dans les aléas d'un football complètement dénaturé ne devrait pas pour autant l'empêcher de rebondir. L'une des principales vertus de l'équipe était dans le passé cette aptitude à pouvoir se remettre en question au bon moment. Qu'en est-il aujourd'hui? Ça ne rigole pas tous les jours. Ou encore pas vraiment. D'ailleurs, il n'est pas recommandé de dire qu'on a envie d'obtenir quelque chose sans en avoir les moyens. Face aux contraintes et aux obligations de tout bord, qui du reste n'en finissent pas, la sélection n'a d'autre alternative que de s'assumer pleinement et ne rien laisser au hasard. Il y a toujours des hommes capables d'apporter le plus, de trancher, d'écrire l'histoire. Un moteur de changement On ne change pas cependant pour changer, mais pour évoluer, pour adopter tout ce qui est censé s'accommoder aux dispositions naturelles des joueurs. Aux exigences du moment. D'une expérience à l'autre, on se voit ainsi en amoureux des grandes épreuves, et surtout du style et des contraintes qui vont avec. Détentrice de la 2e édition du Chan en 2011, la Tunisie aurait pour adversaires dans le groupe C le Nigeria, le Niger et la Guinée, laquelle prendra part pour la première fois à une phase finale de cette épreuve. Dans tout ce qui est demandé ici et là, voire exigé, les principes de base devraient subsister quel que soit le nom de l'adversaire. Le statut, les certitudes de toujours impriment une personnalité, un mode de comportement, une ligne de conduite. La sélection ne s'apprête pas seulement à disputer l'une des épreuves les plus importantes du continent africain, mais elle se doit par la force des choses de s'ouvrir à des choses nouvelles, bousculant les limites pour extraire le meilleur dans une compétition exclusivement réservée aux joueurs locaux. La sélection est aujourd'hui assoiffée de progression et de victoires. Cette trajectoire, à la fois ascendante et attractive, devrait soulever une réelle prise de conscience et entraîner une mobilisation de tous les instants. Ici et là, l'engouement, la compétence, la passion, la volonté, la mémoire y sont forts, plus qu'ailleurs, et jamais en rupture de stock. Il n'est pas exclu que la génération actuelle puisse réellement devenir l'un des plus importants leviers du football tunisien. D'ailleurs, c'est le rêve éternel de toute équipe, suffisamment avertie en quête d'exploit: se démarquer des choses ordinaires. La réalité est bien évidente aujourd'hui en sélection: le plus important est d'assurer quelque chose de qualité optimale qui permet aux joueurs de progresser à tous les niveaux. Elle n'est pas seulement faite pour chercher les victoires, mais aussi et surtout pour les créer, les provoquer. Toute la différence est là. Cela suppose de ne pas en rester à la seule sphère du jeu ordinaire et passif, mais de comprendre le sens d'un match, d'une épreuve, notamment au regard des contraintes et des obligations de jeu.