La génération actuelle peut devenir l'un des plus importants leviers de la lutte tunisienne. On ne change pas pour changer, mais pour évoluer, pour adopter tout ce qui devrait s'accomplir aux prédispositions naturelles des athlètes. D'une expérience à l'autre, d'une épreuve à l'autre, on se voit de plus en plus en amoureux de la lutte, et surtout du style et de l'environnement qui vont avec. Dans tout ce qui est entrepris aujourd'hui du côté de la fédération, les principes de base subsistent, les certitudes de toujours impriment une personnalité, un style, un mode de comportement. La lutte n'évolue pas seulement, elle se doit toujours de s'ouvrir à des choses nouvelles. En attendant que les lutteurs puissent accéder à un palier supérieur, le président de la fédération, Rhouma Ferjani, et son équipe sont décidés à bâtir l'avenir et le destin de la lutte tunisienne jour après jour, bousculant sans cesse les limites, pour extraire le meilleur, obsédés qu'ils sont par le moindre détail, assoiffés de progression et de victoires. Cette trajectoire, à la fois ascendante et attractive, paraît soulever une réelle prise de conscience et entraîner une mobilisation de tous les instants. Ici et là, la lutte continue à jamais. L'engouement, la compétence, la passion, la volonté, la mémoire y sont forts, plus qu'ailleurs, et jamais en rupture de stock. Les champions qui sont passés par là, ceux qui ont laissé leur empreinte et qu'on ne saura certainement jamais oublier, connaissent l'engagement qui permet d'être et d'avoir été. L'impératif de la formation et de la construction entraîne nécessairement des obligations dans les résultats et des performances. Il fut un temps où la lutte était l'une des disciplines qui ont le plus apporté de titres et de trophées au sport tunisien. C'est également l'une des disciplines souvent présentes sur le podium des échéances continentales et internationales. Ce qui nous semble aujourd'hui rassurant, c'est que la génération actuelle peut devenir l'un des plus importants leviers de ce sport. D'ailleurs, c'est le rêve éternel des champions passionnés et avertis: se démarquer des choses ordinaires. Les responsables de la fédération sont conscients du fait que les différentes sélections sont de plus en plus appelées à défendre leur rang. En même temps, ils sont convaincus que le progrès réside non seulement dans les réformes techniques, mais aussi dans la révolution des esprits. La priorité est ainsi donnée au travail en profondeur. C'est-à-dire aux jeunes. A l'instar des différentes manifestations et des épreuves des jeunes qui ne cessent de meubler chaque week-end la compétition. A l'instar aussi des stages de formation et de recyclage des entraîneurs et des arbitres que la fédération organise régulièrement. Ici et là, il y a des talents, des champions et des techniciens prometteurs. La trempe de sportifs qui ne trompent guère. Un sport qui ne s'est jamais égaré Mais les contraintes, surtout d'ordre financier, et l'absence de ressources ne sont pas simples. Elles ne le sont désormais pour aucune fédération, et pas davantage pour la lutte tunisienne dont les hommes, mais aussi les femmes, essayent par tous les moyens de forcer les choses. Pourquoi ne pas l'avouer? L'instabilité des résultats dans le sport individuel est fortement liée à l'instabilité financière. Les différentes fédérations n'ont pas aujourd'hui suffisamment de moyens pour se permettre le recrutement des entraîneurs, des formateurs et des encadreurs à la hauteur des aspirations. Le constat fait mal. Finalement, quelles perspectives pour une discipline comme la lutte? Quelles ressources et quels moyens pour faire face aux obligations quotidiennes qui n'en finissent pas? Là où les valeurs du sport individuel ne représentent plus malheureusement beaucoup de choses pour ceux qui ont le pouvoir de décision, c'est l'occasion de dire qu'en dépit de toutes les déviations et de tous les dérapages, on ne saurait oublier les passions qui peuvent encore remuer et secouer les lutteurs tunisiens. La motivation, la volonté et la détermination de forcer les choses, voire le cours des événements, représentent aussi la vitalité d'une discipline dont l'étonnante richesse se retrouve dans tous les beaux sentiments de ces responsables et de ces athlètes. Pas la peine, non plus, d'attendre autre chose pour se plonger au cœur d'un sport qui n'a pas perdu son statut et son identité et qui ne s'est jamais égaré. Ce qui paraît encore plus certain, c'est qu'on sent les lutteurs toujours au cœur de l'action, que la plupart d'entre eux respirent ce sport, et que d'autres ont un fort pouvoir d'attraction. Et nous dans tout cela? Nous n'avons d'autre choix que de les suivre et de les accompagner dans tout ce qu'ils manifestent, dans tout ce qu'ils entreprennent. Des personnes averties qui observent, notent, qui méditent, qui se recyclent en permanence.