La perte du sens de l'école à l'origine de la montée de la violence Sur un total de deux millions d'élèves régulièrement inscrits dans les établissements éducatifs en Tunisie, 3% ont été victimes ou auteurs d'actes de violence, a révélé le directeur de la vie scolaire dans les collèges et les lycées, relevant du ministère de l'éducation, Ahmed Sellimi. S'exprimant hier, lors d'une conférence sur «l'école contre la violence», organisée à Tunis dans le cadre du démarrage de la semaine nationale de lutte contre la violence au sein des établissements éducatifs, Sellimi a indiqué que la plupart des cas de violence au sein des établissements éducatifs ont été enregistrés en milieu urbain, notamment dans les collèges. Sellimi a indiqué que le phénomène de la violence au sein des établissements éducatifs ne cesse de prendre de l'ampleur, ce qui commande l'intervention des différentes parties concernées par le dossier éducatif, dont notamment le ministère de l'Education, en vue d'identifier des solutions concrètes à même de réduire l'impact de ce phénomène. Activation du «conseil de l'établissement» De son côté, le directeur général de l'Observatoire national de la jeunesse, Mohamed Jouili, a imputé la montée en puissance du phénomène de la violence en milieu scolaire à la perte du sens de l'école, ce qui a donné lieu, a-t-il dit, à «l'école des risques». Il a mis l'accent sur la nécessité de miser sur l'action participative à travers le passage de «l'école des risques» vers l'école de «l'estime de soi». L'objectif de cette démarche étant de conférer une valeur et un sens aux différentes parties prenantes, élèves, éducateurs et surveillants et, partant, contribuer à redorer l'image de l'école et redonner de l'espoir aux différentes parties intervenantes. De son côté, le ministre de l'Education a annoncé aux médias l'activation du rôle du «conseil de l'établissement», une structure qui regroupe les représentants des professeurs, des surveillants, des ouvriers, des élèves et des parents et qui vise, notamment, à associer les différentes parties, sans exclusive, au processus de réforme de l'éducation. Des circulaires et des notes explicatives seront adressées aux établissements éducatifs, a-t-il révélé, soulignant qu'il sera procédé à l'accélération des élections des représentants de ces parties intervenantes dans la vie scolaire. Néji Jalloul a révélé que son département se penche, actuellement, sur la création d'un organisme spécialisé dans l'examen et le suivi du phénomène de la violence dans l'espace scolaire et identifier les solutions appropriées afin de la résoudre, et ce, en partenariat avec l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt) et les composantes de la société civile. Le ministre a estimé que le budget alloué au ministère de l'Education s'avère «insuffisant» pour engager des réformes profondes devenues nécessaires. Jalloul a mis l'accent sur le souci de déployer un surcroît d'effort en vue d'identifier de nouvelles ressources et d'instaurer des partenariats avec le secteur privé afin de contribuer à la promotion de la situation des établissements éducatifs. Initiative conjointe du ministère de l'Education et de l'Ugtt, la semaine nationale de lutte contre la violence dans les établissements éducatifs tend à faire associer les différentes parties intervenantes dans le dossier éducatif à l'identification des causes réelles du phénomène de la violence scolaire pour y remédier. Appel aux médias L'Observatoire d'information, de formation, de documentation et d'études pour la protection des droits de l'enfant a appelé, hier, les médias à être vigilants dans le traitement de sujets en rapport avec le suicide des enfants et à ne plus diffuser des photos sur les enfants qui se sont suicidés ou sur leurs familles. «La diffusion par certains médias et sur des sites électroniques de photos, modes de suicide et détails de l'opération porte atteinte aux droits de l'enfant et peut contribuer à l'augmentation des tentatives de suicide, notamment chez certains adolescents désespérés», indique un communiqué publié par l'observatoire. La même source ajoute que plusieurs études ont prouvé que la diffusion d'informations sur le suicide de façon non étudiée peut avoir des répercussions négatives et ce, contrairement au traitement d'autres phénomènes, à l'instar des violences sexuelles contre les enfants, un thème qui, selon l'observatoire, doit être évoqué et discuté plusieurs fois pour lutter contre sa prolifération.