La multiplication des actes de violence en milieu scolaire a pris des proportions qui ne peuvent que nous interpeller. Toutes les parties sont impliquées. Il n'y a pas que l'école. Tous ceux, qui se disent préoccupés par le phénomène, doivent mettre la main à la pâte. Car chacun se plaint et reproche aux autorités de ne pas assumer leurs responsabilités comme il faut, mais, généralement, on ne voit rien de concret. Aucune suggestion ou proposition n'est faite pour aider à sortir de ce mauvais pas. Sans minimiser le phénomène, mais aussi sans trop l'exagérer, nous pouvons dire que le seuil de tolérance est dépassé. Il est vrai que ce fléau n'est pas nouveau. Il existe depuis des années et des années. La seule différence, aujourd'hui, c'est que tout se sait et que les médias parviennent à le faire savoir à tous avec plus de transparence et de célérité. Comme on ne peut plus rien cacher, l'école est devenue une sorte de livre ouvert où tout un chacun peut trouver ce qu'il veut et savoir tout ce qui s'y passe. Les réseaux sociaux ont la part du lion dans cette nouvelle approche. Rien, ou presque, ne peut rester caché. Elèves, enseignants et autres intervenants (souvent avec des desseins peu clairs) inondent ces réseaux de leurs images et commentaires selon des optiques plus ou moins biaisées. Ils contribuent, de cette manière, à maintenir une pression constante entre les divers acteurs de la scène scolaire et créent une ambiance, parfois, empreinte de craintes et d'inquiétudes. Cela ne va pas sans instaurer un climat de défiance et de malaise notamment pour les personnes visées dans les supports diffusés à travers la Toile. Il s'ensuit une certaine déstabilisation. C'est alors que les réactions ne se font pas attendre. Et, on en voit de toutes les couleurs. Les parents sont on ne peut plus démunis. Ils ne savent pas à qui s'adresser pour trouver une solution. L'administration, elle-même, ne dispose d'aucun moyen pour dissuader les internautes de nuire à leur établissement, à leurs camarades, à leurs enseignants... Sur la Toile, on trouve de tout. Du plus banal au plus inconvenant et même au plus malveillant à l'encontre des différents personnels. Les origines remontent à un site tristement célèbre «keftaji». Celui-ci avait ouvert la voie aux injures et aux insultes. Avec Facebook, les choses sont devenues plus osées et plus agressives. Réactualiser les règlements De l'écran d'ordinateur à la scène scolaire proprement dite, il n'y a qu'un pas que tout le monde a franchi. La violence verbale se traduit dans l'enceinte même de l'école. Les attaques contre un(e) enseignant(e) sont, en réalité, le résultat des incitations répétées sur ces réseaux. Dans les classes, la tension est parfois à son comble. Cela se termine par des gestes et des paroles inconsidérés et des rixes. Dans beaucoup de cas, c'est l'irréparable : le geste de trop! Il y a une vingtaine d'années, l'ancien ministre de l'Education, Mohammed Charfi, avait commandé un règlement disciplinaire pour régir les différents rapports scolaires (en date du 1er octobre 1991). Une panoplie de mesures y était énoncée. Toutes les dispositions et sanctions à l'encontre des contrevenants étaient répertoriées. Le conseil de l'éducation était né pour remplacer le fameux conseil de discipline. C'est ce règlement-là qui est toujours appliqué. Bien sûr, c'est mieux que rien. Mais à bien voir les choses, on constate que depuis cette date bien des situations ont changé. L'arrivée d'Internet et des nouveaux moyens de communication ont faussé presque toutes les règles contenues dans ce recueil de principes. Aujourd'hui, l'école a besoin d'un nouveau règlement qui soit réactualisé et adapté aux nouvelles exigences. Des sanctions, et après ? La plupart des incidents qui surviennent dans les établissements sont imputés, selon, les enseignants, à l'absence d'autorité et de sanctions dissuasives, voire la complaisance de l'administration. Du moins pour les dernières agressions subies par des professeurs. Chacun reproche l'inexistence de responsable capable d'assumer son rôle. La faiblesse de l'administration s'explique par le contexte général qui prévaut dans le pays. Ce qui fait qu'aucun directeur, parmi ceux qui ont été nommés à la tête des lycées ou des collèges, ne se sent à la mesure de la situation. Les directeurs ont les mains liées. Quelle que soit l'action qu'ils entreprennent ils se trouvent toujours face à une réaction de la part des élèves ou des enseignants ou des employés ou encore des parents. Ce rôle d'équilibriste hors-pair n'est pas le fort d'un responsable dont les fonctions sont on ne peut plus claires. Des forces de blocage existent et elles ont bien de beaux jours devant elles. Les sanctions qui existent dans le système disciplinaire peuvent, toutefois, contribuer à diminuer cette situation incontrôlable. Appliquer le règlement de façon objective sans discrimination est un pas vers le rétablissement de l'ordre qui doit régner dans nos écoles et lycées. La panoplie des mesures doit être réactualisée (fraude, conduite, retenue, absence, violence, incivilité ...) On ne le répétera pas assez : le rôle des parents est toujours sollicité. C'est d'ailleurs à eux que tout le monde s'adresse lorsqu'il y a un problème plus ou moins grave. Les différentes sanctions prises à l'encontre de leurs enfants leur sont automatiquement communiquées. Nous donnons, ici, les trois types de sanctions prises contre les élèves. En premier, il y a les sanctions qui sont du ressort direct du chef d'établissement. Elles vont de l'avertissement au renvoi pour un ou trois jours. Une lettre recommandée est envoyée aux parents et la sanction est enregistrée dans le livret scolaire. Le deuxième volet concerne les punitions adoptées par le conseil de l'éducation ou le conseil de discipline. Il s'agit des renvois allant de 4 à 15 jours ou du renvoi définitif de l'établissement. Le parent est avisé par voie postale et la faute est enregistrée dans le dossier de l'élève. La dernière étape concerne le renvoi définitif de tous les établissements publics. Cette mesure est soumise à l'aval du ministre de l'Education. C'est la sanction suprême. Cette mesure est notée sur les registres scolaires, mais aussi sur le certificat scolaire qui sera délivré, un jour, à l'élève sur sa demande (au cas où ce dernier serait à la recherche d'un travail ou pour constituer un dossier pour la participation à un concours). On voit ainsi que la sanction scolaire peut atteindre son but lorsqu'elle a un objectif dissuasif. Mais, d'un autre côté, la sensibilisation n'est pas suffisante. Au début de chaque année scolaire le règlement interne est bel et bien distribué aux parents (qui signent le document), mais il semble que personne ne fait attention et n'accorde aucune importance au contenu. 3.000 agressions D'après les statistiques du ministère de l'Education, l'année scolaire 2011-2012 a enregistré environ 3 mille agressions verbales et physiques contre les enseignants et les surveillants et, en général, contre les différents personnels. On compte une moyenne annuelle de 1.200 procès-verbaux déposés pour actes de violence ou pour actes de destructions d'équipements scolaires. Durant la même période, on a enregistré 5.500 actes de vandalisme dans les établissements scolaires. Les dégâts matériels ont été estimés à 32 millions de dinars (14 MD pour les équipements et 18 MD pour les bâtiments scolaires). Le pic des agressions et violences scolaires est atteint vers la fin de l'année scolaire (moment des résultats scolaires). A.C.