Mohsen Marzouk, Mondher Zenaïdi et Mehdi Jomâa s'apprêtent, chacun de son côté, à lancer qui un nouveau parti qui une entité politique aux contours encore indéfinis. Au-delà de cette agitation créatrice, que vont pouvoir apporter concrètement ces nouvelles formations, au milieu d'un surbooking de rassemblements nés après la révolution, aussi éphémères que le printemps ? A moins de penser que ces nouveau-nés ambitionnent de faire de la politique autrement et, à la différence des partis existants, coller un peu plus aux réelles aspirations des Tunisiens Le paysage politique est en pleine effervescence. Il se prépare à accueillir dans son giron, entre février et mars, pas moins de trois nouveaux projets politiques portés par Mohsen Marzouk, Mondher Zenaïdi et Mehdi Jomâa. Trois «M» d'entrepreneurs politiques qui se proposent, chacun son style, d'insuffler du sang neuf à une classe politique prise dans la tourmente, diminuée par cinq années de transition instable, par un bilan sécuritaire et économico-social mitigé, et par un débat politique globalement approximatif. Mohsen Marzouk, sorti vainqueur ou considéré comme tel, de la crise qui l'a opposé à l'autre regroupement de Nida, revendique le legs bourguibiste et l'identité progressiste pour sa nouvelle formation. Précisons, s'il a juré par ses grands dieux la non-alliance avec Ennahdha, la realpolitik semble avoir pris le dessus, le poussant à annoncer dernièrement que toutes les options restent envisageables en matière de «rapprochement» avec Ennahdha ou autres, si besoin. Le 2 mars est la date retenue pour les présentations officielles. De son côté, Mondher Zenaïdi, figure de l'ancien régime, ministre technocrate, haute compétence et candidat à la présidentielle 2014, il prévoit de lancer prochainement un mouvement politique hétéroclite, rallié déjà par diverses familles et sensibilités. Une formation ouverte, pas très regardante, dit-on, sur les affiliations antérieures idéologiques ou partisanes de ses sympathisants. Mehdi Jomâa, lui, prépare ce qui tient plutôt du think-tank. Une source proche nous précise qu'il s'agit plus d'un projet sociétal que d'un parti politique au sens classique du terme. A son ordre du jour, débattre des choix nationaux et autres questions touchant à l'avenir du pays. Une plateforme qui se revendique comme une force de proposition. Celle-ci donnera à son auteur une visibilité politique, quand bien même il s'en défendrait. Lui aussi prévoit d'annoncer prochainement sa nouvelle création. Nouvelles coalitions En plus de cette agitation créatrice, que vont pouvoir apporter concrètement ces nouvelles formations, quelle que soit leur nature, au milieu d'un surbooking de rassemblements nés après la révolution, aussi éphémères que le printemps, pour ne pas dire l'automne ? Pourront-elles se fabriquer une identité propre dans un échiquier politique national dominé depuis le 19 siècle par trois grandes forces politiques : la gauche, les islamistes et les libéraux, représentés par Nida, Ennahdha et le Front populaire, présents toutes les trois en force dans le pouvoir et l'opposition ? C'est difficile d'en juger, répond Hatem M'rad. «Il faut avoir des indices, comme les sondages d'opinion. Si ces nouveaux rassemblements rentrent dans les sondages et qu'ils sont en leur faveur de manière continue, il faudra qu'ils organisent des meetings populaires et qu'ils soient capables de mobiliser. Actuellement, compare le politologue, certains partis convoquent des réunions mais les salles restent désespérément vides. Il faut aussi organiser des tournées dans les régions, et faire parler de soi, pas nécessairement à travers les plateaux de TV. Il faudra également, c'est important, que ces nouvelles mouvances soient ralliées par des personnalités connues. Et au final, il ne faudra pas se fier uniquement aux personnalités des fondateurs, prévient-il, combien d'entre eux se sont présentés aux élections 2014, et n'ont pu récolter aucun siège», a-t-il rappelé. Quoi qu'il en soit, selon certaines rumeurs persistantes, le président de la République procède pour l'heure à des concertations avec des politiques à la carapace dure, qui ont adopté la politique comme mode de vie et comme métier, de la trempe de Néjib Echebbi ou de Mustapha Ben Jaâfar. Si tel est le cas, le président fondateur de Nida semble avoir pris la mesure de l'impact désastreux de la crise qui a terrassé son parti et les dividendes que peuvent en tirer ses rivaux d'hier et d'aujourd'hui. On pourrait penser que ces manœuvres peuvent augurer de nouvelles coalitions.