Belhassen Gherab, président de la Fédération Nationale du Textile (Fenatex), n'a pas mâché ses mots, lors de la conférence de presse organisée, le 11 février, au siège de l'Utica. «Le secteur Textile & Habillement (TH) est en difficulté, ayant perdu plus de 7% de chiffre d'affaires à l'export et plus de 30% du chiffre d'affaires sur le marché local en 2015», affirme-t-il. Il précise que, durant les quatre dernières années, plus de 300 entreprises et près de 40 mille postes d'emploi ont été perdus. Une situation alarmante vu le poids que représente le secteur TH pour l'économie tunisienne. Quelles sont alors les principales raisons d'une telle détérioration du secteur TH tunisien? Selon le président de la Fenatex, l'image véhiculée en est la principale raison, démontrant un secteur à faible valeur ajoutée et offrant des emplois précaires à basse rémunération. Pourtant, le secteur a un grand potentiel à développer et sa valeur ajoutée peut atteindre +70%. «On veut vous induire en erreur. Il y a un progrès technologique dans le secteur et de grands investissements qui se font par les entreprises. Les conditions de travail sont très favorables dans plusieurs entreprises, qui sont certifiées SA 8000, relative à la réglementation sociale», insiste M. Gherab. Baisse de compétitivité L'attractivité du pays pour l'investissement étranger joue aussi un rôle crucial, comme d'ailleurs dans les autres secteurs : insécurité, instabilité politique et institutionnelle, dégradation du niveau de vie. A cela s'ajoutent les turbulences sociales et la baisse de compétitivité du secteur. Plus de 12 points de productivité ont été perdus sur les quatre dernières années. M. Gherab évoque également la dégradation des services administratifs et logistiques, à l'instar du rallongement des délais de traitement des dossiers, le manque de réactivité dans les services logistiques. Au niveau du financement, il y a une perte de confiance des banques et une perte de soutien de la part de l'Etat. Mais c'est sur le marché local que la situation devient encore plus difficile. La majorité des entreprises TH opèrent sur le marché à l'export. Le marché local connaît, selon M. Gherab, une affluence des marques étrangères, essentiellement turques et asiatiques, en l'absence du contrôle du ministère du Commerce. Ceci pose une contrainte vitale pour les marques tunisiennes qui trouvent des difficultés à s'imposer sur le marché local. M. Gherab a insisté sur l'importance d'un équilibre entre marché local et marché à l'export pour pouvoir imposer le produit tunisien. Rôle de l'Etat Pour Nafâa Ennaifer, président de la Commission des affaires économiques, l'Etat doit soutenir l'industrie, parce qu'elle est génératrice de croissance. «Le produit textile tunisien devra être valorisé. Ceci pourra sauver des millions d'emplois dans le secteur. Des dizaines d'entreprises sont en danger de fermeture. Nous appelons les syndicats à assumer leurs reponsablités dans l'instauration de la paix sociale», affirme-t-il. D'ailleurs, la Fenatex demande au Chef du gouvernement d'organiser d'urgence un Conseil ministériel restreint pour débattre des problématiques du secteur TH et l'élaboration d'un plan d'action pour la relance du secteur et pour la sauvegarde de milliers d'emplois. «Il faut qu'il y ait un regain d'intérêt pour l'industrie. C'est l'industrie qui pourra générer les emplois et la croissance économique», indique M. Gherab.