On s'attend à voir comment vont évoluer les développements qu'a vécus la scène politique nationale au cours de la semaine écoulée : Mehdi Jomâa revient avec son think tank, Mohsen Marzouk poursuit la construction de son nouveau parti et les économistes planchent sur une stratégie pour le futur de la Tunisie La semaine qui vient de s'écouler aura été fertile en événements politiques et sécuritaires, des événements qui préfigurent un changement probable du paysage politique national, en particulier partisan, d'une part, et de la situation sécuritaire, d'autre part, dans la mesure où l'on s'attend à ce que l'intervention militaire occidentale prévue dans les prochains jours en Libye ait des répercussions certaines dans notre pays qui se prépare à accueillir des centaines de milliers de réfugiés fuyant la guerre pour s'installer sur le sol national, plus particulièrement dans les régions frontalières (samedi 13 février, 3.000 citoyens libyens ont franchi les frontières pour regagner la ville de Médenine). Et l'atmosphère de guerre imminente en Libye de dominer les débats aux plans officiel et de la société civile, du côté des «spécialistes et stratèges sécuritaires autoproclamés» qui ont pratiquement tout dit sur les frappes militaires, les réfugiés, les jihadistes terroristes qui s'y infiltreront, le coût social et économique que les Tunisiens auront à payer contre leur propre gré, sans oublier de les éclairer sur les véritables enjeux liés à la guerre en Libye dont les concepteurs «prétendent éradiquer Daech alors qu'en réalité ils ont pour objectif de s'installer dans la région nord-africaine, en prélude à leur positionnement en Afrique». L'échiquier en ébullition Parallèlement aux analyses des géostratèges dont la majorité écrasante donnent quotidiennement le démarrage des bombardements pour «les jours, voire les heures à venir», oubliant ou ignorant (et c'est le plus probable) que les Américains et les Anglais ne frapperont qu'après l'obtention de l'aval de leurs parlements respectifs (le Congrès et la Chambre des représentants), les politiciens n'ont pas chômé tout au long de la semaine en attendant que Habib Essid retrouve le rythme régulier de ses activités après quelques jours de repos, suite à un état de fatigue, même s'il s'est retrempé samedi 13 février dans l'ambiance générales en recevant à son domicile personnel le gouverneur de la Banque centrale et le ministre du Commerce. En effet, on a eu à assister à trois événements qui impacteront sûrement le paysage politique national durant les mois à venir. D'abord, la conférence de presse tant attendue de l'ex-S.G. de Nida Tounès qui se présente aujourd'hui comme «activiste politique» en voie de constitution de son nouveau parti. On apprend, ainsi, que le congrès constitutif du nouveau parti «pourrait se tenir au cours de l'été prochain, ce qui lui permettra de participer aux élections municipales prévues fin 2016» au cas où l'Assemblée des représentants du peuple parviendrait à adopter la nouvelle loi électorale avant fin avril prochain, comme l'exige l'Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie). «Quant au nom du parti, il sera révélé le 2 mars prochain». Pour le moment, deux propositions prédominent : Al Machrouo (Le projet) et Al Horra (l'appellation désignant le bloc parlementaire formé par les députés nidaïstes démissionnaires). En attendant, Mohsen Marzouk souligne : «Près d'un million de citoyens seront consultés pour participer à l'élaboration des orientations générales qui présideront à l'action de notre parti. La démocratie y sera consacrée à la base qui aura son mot à dire dès le départ». Quant aux personnalités marquantes qui rejoindront le nouveau parti, Mohsen Marzouk se contente de dire qu'Al Mochrouo ou Al Horra «est ouvert à toutes les compétences ou personnalités nationales qui se retrouveront dans les objectifs et les idéaux qui se dégageront de la consultation nationale lancée pour sa formation». Ensuite, la révélation à l'opinion publique du projet politique de Mehdi Jomâa, l'ancien chef du gouvernement des compétences apolitiques issu du Dialogue national. Finalement, il ne s'agit pas d'un nouveau parti politique mais bien d'un «centre de réflexion qui se veut une force de propositions soutenant l'action du gouvernement». Autrement dit, un think tank à l'américaine, indépendant, constitué des anciens ministres de Mehdi Jomâa et d'autres personnalités, plus particulièrement du monde des affaires. Ils auront à réfléchir, à élaborer des études spécifiques, à tenir des colloques ciblés et à soumettre au gouvernement les résultats de leur réflexion. Pour le moment, Mehdi Jomâa ne révèle pas encore l'identité des bailleurs de fonds qui financeront son centre de recherches et d'études ni le nom du centre. (certaines indiscrétions laissent entendre qu'il s'appellera «Al Badael» (les alternatives). Une conférence de presse se tiendra dans les jours à venir pour tout révéler sur le projet et Mofdi M'seddi, l'ancien conseiller de presse de Mehdi Jomâa, pilotera le département communication. Enfin, la création d'Al Mithaq (l'Union des forces patriotiques progressistes) composé des cinq partis politiques suivants : Ethawabeth (les constantes), le Parti du travail patriotique démocratique, le Parti socialiste, le parti Al Ghad, et le parti Attarik. Au cours d'une rencontre de presse tenue jeudi 11 février, les leaders des partis constituant cette nouvelle coalition ont souligné: «Nous ne sommes pas une force de contestation ou de refus. Nous sommes plutôt une force d'édification. Notre programme se fonde sur une vision réaliste. Notre objectif est la consécration de la souveraineté nationale, l'indépendance de la décision nationale et l'instauration d'une économie sociale et solidaire. Nous appelons à l'éradication du terrorisme takfiriste, à la consolidation des droits de la femme et à accorder la priorité aux secteurs productifs». Quant au Front de la démocratie sociale devant grouper Ettakatol, l'Alliance démocratique, Al Joumhouri et le Courant démocratique, il est encore en gestation. Mohamed Bennour (Ettakatol) et Mohamed Abbou (S.G. du Courant démocratique) soulignent que «les concertations ont atteint un stade avancé. Toutefois, le dernier mot quant à la fusion de nos partis en un front social démocrate revient à nos conseils nationaux qui prendront les décisions idoines dans les prochains jours». Mohamed Abbou lâche «une petite bombe» : «Il n'est pas sûr que le nouveau front social démocrate, au cas où nous parviendrions à sa création, soit présidé par l'un des leaders actuels des quatre partis appelés à le former». Pluie d'initiatives La société civile n'est pas restée les bras croisés et à chaque jour son initiative ou son projet. A la suite de l'appel lancé par l'Ugtt à un dialogue national sur l'emploi, l'initiative de l'ancien ministre des Finances, Mansour Moalla, qui soutient qu'il est possible de resorber le chômage par la création d'emplois durant les cinq prochaines années, l'Association tunisienne des économistes prend le relais et se propose d'organiser, les 24 et 25 février à Tunis, le Forum du futur, un débat à l'issue duquel seront identifiés «les choix économiques et sociaux en vue de consolider la démocratie en Tunisie». Selon les documents préliminaires du forum, on parlera «d'une économie plus inclusive et équitable en Tunisie», de l'activation de l'Instance nationale du dialogue social, de la réforme fiscale, des déséquilibres des régimes de sécurité sociale, de la transformation du secteur privé en un secteur dynamiques et compétitif, etc.