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Tribune: Pour un tournant national salutaire
Publié dans La Presse de Tunisie le 08 - 08 - 2021


Par Nizar Ben Saad | Universitaire |
A moins de se mettre un bandeau sur les yeux, il suffit d'un regard en arrière pour se rendre compte que la liesse populaire manifestée partout en Tunisie, le 25 juillet 2021, témoignait d'un désir profond de rompre avec une classe politique amorphe et corrompue, de se libérer d'un colonialisme intérieur lui-même violent. Avec pour boussole la notion d'« Etat », sous son aspect juridico-politique, le Président Kaïs Saïed a jugé que les conditions d'un « péril imminent » prévues par la Constitution étaient réunies. Face à cette évidence, il a appliqué placidement, rigoureusement, l'article 80 de la Constitution dans le strict respect de la légalité, et en vertu duquel il a limogé le gouvernement et a gelé les compétences de l'ARP. Le peuple tunisien, dans sa majorité, se voit tout d'un coup transporté de joie et mû par l'espoir. Sa reconnaissance est immense comme si l'événement le plus inespéré venait de se produire. Pour l'heure, le Président Kaïs Saïed incarne la volonté du peuple tunisien.
À circonstances exceptionnelles, mesures exceptionnelles
Non sans provoquer l'étonnement, les mesures d'exception prises par le Président sont toutefois loin de susciter l'unanimité. Tantôt Kaïs Saïed est encensé pour avoir annihilé les espoirs diaboliques d'une coalition gouvernementale décriée de partout, tantôt il est vilipendé comme un potentiel dictateur.
Le coup est certes rude du côté des islamistes et de leurs alliés. Les slogans scandés devant le Parlement, au style emphatique et virulent à l'égard du Président, sont symptomatiques des perturbations profondes au sein de la coalition gouvernementale. Au sein du parti islamiste, jamais les débats n'ont été aussi violents entre partisans et détracteurs de Rached Ghannouchi. Tout y passe depuis quelques jours : démissions, pétition, exhortant le chef du parti à faire prévaloir l'intérêt national, et à prendre les mesures nécessaires pour le bien de la Tunisie.
La réunion du Conseil de la Choura qui a eu lieu le 4 août dernier visait à déterminer ses positions à la suite des décisions annoncées par le Président de la République, le 25 juillet 2021. En fait, il fut le théâtre de profonds désaccords : autour du déni persistant d'un grand nombre de membres du Bureau exécutif concernant l'évolution dramatique des derniers événements qui ont secoué le parti Ennahdha, autour de la mise à l'écart du leader historique et de la mise en place d'une « direction provisoire » pour diriger le parti jusqu'à la tenue du prochain congrès. C'est ainsi que s'est révélée la fracture politique, voire idéologique au sein même des islamistes : les uns s'érigent en défenseurs patentés de la « démocratie » à l'intérieur du parti et d'une refonte de ses structures ; les autres, fervents de la « réaction » et du statu quo, se soumettent au conformisme le plus dévot. Même l'ancienne présidente de l'Instance vérité et dignité (IVD) s'est brusquement retournée contre l'allié d'hier en accusant ouvertement le chef du parti islamiste de protéger les corrompus. Il y a d'ailleurs beaucoup à dire sur cette IVD, épinglée par le dernier rapport de la Cour des comptes. Depuis sa création en 2013, cette instance s'est plutôt forgé la réputation d'avoir été tout simplement un mécanisme de « chantage politique » et une « caisse d'indemnisation » en faveur d'islamistes soi-disant victimes du régime.
En vérité, le parti islamiste use, abuse, et se joue des atouts de la démocratie mais dans le but d'inverser et de trahir la marche citoyenne de la Tunisie. Démasqué, isolé et aux abois, le parti Ennahdha agite, depuis le 25 juillet, la menace « antidémocratique» aux yeux des bailleurs de fonds américains et européens afin qu'ils cessent leur soutien politique, financier et sanitaire à la Tunisie. La visée n'est autre que d'embarrasser le Président de la République, de le dénigrer en le présentant comme un « usurpateur » et d'entraver in fine toute possibilité de réformes. Vu l'enjeu national, le temps joue, hélas, en sa défaveur tant que la constitution d'un gouvernement, attendue ardemment par tout le pays, tarde à venir. La formule de feu Mitterrand « il faut donner du temps au temps » n'est plus de mise dans l'état actuel et mouvant des choses.
Une feuille de route sanitaire et socioéconomique pour relancer le pays
Pour que le moment historique du 25 juillet ne soit pas interprété comme l'exploitation abusive des frustrations et de l'inquiétude populaires et que le Président garde une légitimité et une crédibilité auprès des Tunisiens qui lui font confiance et s'en remettent à lui, celui-ci doit faire d'importantes annonces politiques, économiques et sanitaires à même d'atténuer la pandémie au plus vite. Il s'agit de rétablir la stabilité d'une population en réel désarroi et de garder espoir. Partant, une feuille de route comportant des volets économique, social, sanitaire et politique, destinée à rassurer l'opinion publique ainsi que les partenaires internationaux, est éminemment urgente. Faute de quoi, la porte serait grande ouverte aux détracteurs du Président pour donner libre cours aux interprétations les plus insensées.
Politiquement et dans l'immédiat, l'unanimité qui prévaut est celle d'un gouvernement de salut national et non partisan, à même de résister aux atermoiements politiques. Un gouvernement fondé sur une méritocratie à toute épreuve, sur le choix de femmes et d'hommes immédiatement opérationnels. En somme, sur des compétences, autant que sur une haute exigence morale. C'est ainsi que nous pouvons conforter nos partenaires internationaux traditionnels, « stratégiques », toujours disposés à coopérer positivement avec nous, comme dans le passé. Le « Mouvement du 25 juillet » a changé la donne et nous devons tous nous adapter aux nouvelles règles de vie. La priorité absolue est de vivre sans avoir à nous inquiéter des lendemains et de remettre le pays au travail. Pour que Kaïs Saïed soit le Président de tous les Tunisiens, il doit nécessairement agir vite, sans quoi le 25 juillet pourrait passer pour une «Journée des dupes».
Les réformes politiques et institutionnelles nécessaires
Face à l'éclatement des rivalités et aux tensions larvées, la réforme de la loi électorale s'impose de toute urgence. Quant au contexte tunisien, une liste nominale à deux tours permettra à l'électeur de répartir son vote entre divers candidats ou partis, de se prononcer en faveur de son candidat préféré une deuxième fois, éventuellement de changer d'idée quant à ses préférences entre le premier et le deuxième tour. Un tel scrutin donnera aux électeurs la liberté de classer les candidats dans l'ordre de leur choix.
Au cœur des idéaux démocratiques, la question de la séparation des pouvoirs, exécutif, législatif, judiciaire est vivement sollicitée en Tunisie. Séparation à même de débloquer l'immobilisme et de contrecarrer les abus liés à l'exercice du pouvoir et de la domination d'un pouvoir sur un autre. A ce propos, il faut saluer pour le processus démocratique de notre pays la suspension et le placement en résidence surveillée d'un procureur de la République qui avait terni le blason de la Justice pour s'être compromis dans des affaires liées aux assassinats politiques et à l'organisation secrète du parti Ennahdha.
En matière d'indépendance et de lutte contre la corruption, les Tunisiens appellent de leurs vœux l'application de l'article 163 du Code électoral, en vertu duquel les membres d'une liste électorale ayant reçu, pièce à l'appui, un financement étranger pour leur campagne, peuvent automatiquement perdre leur place au Parlement. 91 députés sont concernés. Rien n'empêcherait donc l'application d'une loi tant attendue, d'autant plus que les conclusions du Rapport de la Cour des comptes mises en corrélation avec cet article du Code électoral sont bien connues.
Parmi les mesures exceptionnelles auxquelles le Président peut recourir, figure la question d'un référendum qui serait de nature à débloquer une situation des plus inextricables, en vue de changer ce système politique hybride, source de tous nos malheurs. Sachant que l'actuelle Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) tenue par le très controversé Bafoun, disqualifié aux yeux du plus grand nombre, n'est plus crédible pour mener à bien les prochaines échéances électorales.
Vers une troisième République moderne et authentique
Depuis le tournant de 2011, le « quatrième pouvoir », non institutionnalisé celui-là, et qui n'est autre que celui des médias, est considéré comme l'acquis le plus précieux de la « révolution » du 14 janvier, libératrice de la pensée. Or la liberté de la presse a été maintes fois muselée, tant elle inquiète les barons de la corruption, lesquels, en jouissant d'une impunité totale, insultent allègrement leurs contradicteurs. La démocratie se construit par étapes. Après la proclamation de l'indépendance et du Code du statut personnel en 1956, la Constitution de la première République proclamée en 1957 est ratifiée en 1959 et la seconde République est instituée par la Constitution de 2014. La troisième République que nous appelons de nos vœux défendra, à coup sûr, la liberté d'opinion et d'expression, réglementera la couverture des sondages d'opinion, dont la publication des résultats fait l'objet de grandes suspicions.
Une troisième République où le Président pourra exercer un pouvoir fort et opérationnel, tout en étant responsable devant le Parlement. Ses relations avec le Parlement seront certes codifiées, et non plus inexistantes, comme c'est le cas aujourd'hui devant un parlement inconséquent.
Une troisième République où l'application de la loi sera un principe fondamental, fondateur, et à même de garantir l'égalité entre tous les citoyens. Une troisième République qui barre la route à l'islam politique, aux théocrates qui veulent se faire passer fallacieusement pour des démocrates. Une troisième République qui favorise la mixité, et où les gouvernements mis en place comprendront autant de femmes que d'hommes, sans perdre de vue l'implication de jeunes personnalités porteuses d'espoir. Une troisième République citoyenne, celle de la diversité culturelle, de l'Etat de droit, de l'égalité, de la justice sociale et de la créativité, sans exclusion ni exclusive. En somme, l'avènement d'une République qui serait la consécration d'une rupture profonde et irréversible avec une décennie caractérisée par la corruption, le clientélisme et l'impunité.


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