Que les internautes se rassurent, le Coran bleu de Kairouan qui a été offert n'est pas l'original mais juste un beau portfolio ou encore la mosaïque de Virgile n'est qu'une magnifique réplique réalisée par un artisan doué. Lors des visites des chefs d'Etat à l'étranger ou lorsqu'ils reçoivent leurs homologues en visite d'Etat dans leurs pays, les présidents de République montrent leur générosité à leur convive en leur offrant des cadeaux de valeur. Dans certains pays européens, arabes et asiatiques, les listes de cadeaux ne sont pas déclarées à l'opinion publique, tandis que certains autres pays notamment anglo-saxon, à l'instar des Etats-Unis, les dirigeants révèlent à la population les listes des cadeaux et leurs valeurs. L'Agence de mise en valeur du patrimoine et de la promotion culturelle affirme que quelle que soit leur valeur financière, ces cadeaux sont souvent des répliques et non des œuvres originales du patrimoine national. Que les internautes se rassurent. Le Coran bleu de Kairouan qui a été offert n'est pas l'original mais juste un beau portfolio, ou encore la mosaïque de Virgile n'est qu'une magnifique réplique réalisée par un artisan doué. Mais l'échange de cadeaux diplomatiques serait-il une tentation à la corruption ? Aux Etats-Unis, la Maison Blanche n'a pas de secret à cacher à sa population. Chaque année, elle publie la liste des cadeaux offerts au président américain par ses homologues du monde entier. C'est une tradition qui plaît beaucoup au peuple américain. Un site d'information Bladi a réalisé une sorte d'inventaire dans un document de 231 pages recensant des cadeaux de chefs d'Etat au président américain, à sa famille et aux principaux responsables américains. Un tapis kairouanais pour Obama Lors d'une de ses visites d'Etat, le président Béji Caïd Essebsi «a joué la carte locale avec un tapis traditionnel (900 dollars)» selon le site. A l'occasion du dixième anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, Mohamed VI, roi du Maroc, a offert une photo d'une valeur de 650 dollars. Il s'agit d'une photo en noir et blanc, représentant un enfant. Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a offert un poignard noir et blanc avec son étui en cuir (385 dollars), et Ali Aujali, ambassadeur de Libye à Washington, une figurine du bijoutier Swarovski, un parfum Lola de Marc Jacob et une boîte de chocolats. Mais la palme du faste revient naturellement aux princes du Golfe, notamment Hamad Ibn Ali Al Attiyah, chef d'Etat-major des forces armées du Qatar, qui a fait preuve d'une grande générosité envers les responsables américains en les submergeant de parfums, bijoux, montres de prix, d'un coût de 108 625,61 dollars. En ce qui concerne les présidents de l'Afrique sub-saharienne, le gabonais a offert à l'hôte américain une sculpture de chez Daum, une prestigieuse cristallerie française, d'une valeur de 52.695 dollars. Le Nigérian Ebele Azikiwe Jonathan s'est contenté d'un petit buste en or (780 dollars), et le Guinéen Alpha Condé d'un masque en ébène sculptée (850 dollars). le Béninois Boni Yayi a fait parvenir au couple Obama dix pièces de tissu de chez Vlisco, prestigieuse maison créée en Hollande en 1864, une toile de peinture africaine, plusieurs nappes, des services de table et une corbeille à pain (valeur totale : 1 285 dollars). Quant à Saydou Bouda, l'ambassadeur du Burkina à Washington, il a proposé deux statuettes (valeur : 840 dollars). Pour ce qui est de l'Europe et particulièrement la France, on apprend que le couple Sarkozy a offert pour plus de 41.000 dollars (32.000 euros) de cadeaux diplomatiques au couple Obama. Des cadeaux insolites En 1979, lors de sa visite en Centrafrique, le président français Valéry Giscard d'Estaing a reçu de la part de son homologue des diamants de 30 carats estimés à un million de francs. Les diamants de Bokassa qui ont donc fait polémique. Suite à l'intervention française au Mali, François Hollande s'est rendu sur place. Heureux de voir débarquer celui qui a libéré le territoire malien du terrorisme, les paysans maliens ont essayé de lui offrir un... chameau. Malheureusement, le cadeau n'a pas pu être ramené en France et la malheureuse bête a fini en tajine dans sa famille d'accueil. En visite dans le sud-ouest de la Russie en 2014, pris par une vague de froid, le président Kazakh a décidé d'offrir au chef de l'Etat français une fourrure plutôt voyante... Mais le président français ne s'est pas démonté et pour faire plaisir à son hôte, il a arboré avec fierté ce manteau et cette chapka plutôt...cocasses. Le président américain Barack Obama est décidément unique au monde. En avril 2009, il a décidé de montrer l'étendue de son originalité en termes de cadeaux. En rencontrant la reine d'Angleterre, le président a décidé de lui offrir un iPod dernier cri qui contenait une musique incroyable qui a été inspirée de la légende du roi Arthur. En 2015, le président russe Vladimir Poutine a marqué sa visite au chef de l'Etat égyptien en lui offrant un AK-47, l'arme d'assaut la plus populaire du monde qui a été produite par l'Union Soviétique durant la guerre froide. Une ancienne tradition Les chefs d'Etat s'échangent des cadeaux depuis la nuit des temps. Les pharaons de l'Egypte ancienne offraient des vaisseaux de pierre marqués du cartouche royal, une sorte de monogramme, à leurs voisins Hittites deux mille ans avant notre ère. L'échange de cadeaux rentre dans les rites du contact diplomatique au Moyen-Age : pendant les Troisièmes Croisades, un émissaire de Richard Cœur de Lion offrit une volée d'oiseaux au représentant de Saladin, précisant solennellement qu'«il est d'usage pour deux princes qui campent à proximité l'un de l'autre de s'échanger des cadeaux». (De nos jours, les animaux vivants ne sont pas des cadeaux diplomatiques très appropriés).