Par Malek SLIM - Les opérations de charme visant l'Inde se font nombreuses et très remarquées ces derniers temps. Ce grand pays émergent et dont la population dépasse le milliard d'habitants présente un grand intérêt pour le marché très vaste qu'il représente. Tout le monde s'y intéresse avec une gourmandise difficile à cacher. Sa stabilité politique en dépit des tensions à ses frontières, sa diplomatie équilibrée et sa croissance économique constante sont autant de facteurs qui plaident pour que cette ruée dont il fait l'objet soit justifiée. Ainsi, les Etats-Unis qui passent par la plus grave crise économique depuis les années 1930 du siècle dernier voient dans ce pays leur planche de salut. Exportateur, l'Inde est aussi un pays grand importateur de plusieurs produits finis et semi-finis. Lors de sa visite dans ce pays en novembre dernier le président Barack-Obama n'a pas tari d'éloges sur la politique menée par son homologue indien et n'a ménagé aucun effort pour louer les rapports entre Washington et New-Delhi. L'enjeu pour lui est de taille. Par ces temps de crise, l'Amérique a besoin du marché indien. C'est d'ailleurs la raison essentielle de ce voyage qui s'est conclu par la signature de plusieurs contrats. D'ailleurs, et par un simple petit calcul, on estime que 10 milliards de dollars d'exportations généreraient cent mille emplois dans les usines américaines. De son côté le président français Nicolas Sarkozy qui était lui aussi en Inde, s'était fait tout miel auprès de ses hôtes allant jusqu'à insinuer la responsabilité du Pakistan dans l'attentat de Bombay qui avait fait plusieurs dizaines de victimes. Une position du genre qui ne pouvait que plaire aux Indiens dont l'ennemi juré demeure Islamabad qui leur conteste une partie du Cachemire. Et en contre-partie, la délégation française est rentrée à Paris avec plein de contrats, véritable bouffée d'air pour les industriels français qui étouffent sous la concurrence des pays émergents. Mais il n'y a pas que Washington et Paris qui lorgnent du côté de New-Delhi. Pékin a aussi ses visées, sur le marché de son voisin, même si en termes de rapports politiques, les deux pays s'observent avec beaucoup de suspiscion et divergent sur plusieurs dossiers. Le contentieux frontalier qui les oppose reste entier et ne sera pas de sitôt résolu de la reconnaissance même des dirigeants des deux pays. Mais rien n'interdit de développer les relations à caractère économique. La Chine dont le Premier ministre venait d'emboîter le pas aux présidents américain et français, a besoin d'une grande ouverture économique sur son voisin. Son vaste marché autorise toutes les concessions politiques. C'est le pas que le chef du gouvernement chinois a franchi pour plaire à ses amis indiens. Le cadeau de New-Delhi à Pékin à l'issue de cette visite se chiffre à 16 milliards de dollars. Mais attention ! Côté indien on est loin d'être dupe devant ces multiples opérations de charme venant de l'Ouest comme de l'Est. New-Delhi qui se pose aujourd'hui en partenaire économique qui a son poids à l'échelle mondiale, sait qu'on a besoin de son marché. Et il n'entend pas le brader pour de belles paroles. Tout a un prix. Et ce prix ne peut-être que politique. L'Inde qui se pose en puissance régionale veut que ce statut lui soit pleinement reconnu et n'admet plus de rester à l'ombre de son grand voisin chinois. Par ailleurs, ses dirigeants voient d'un mauvais œil, cette préférence américaine pour le Pakistan, ainsi que les rapports privilégiés de Pekin avec Islamabad. Washington et Pekin devront revoir leur copie pour gagner les faveurs de New-Delhi.