Par Abdelhamid GMATI L'attaque terroriste de Ben Guerdane est la première et la plus dangereuse qu'ait connue notre pays mais elle a été contrée, avec succès, par nos forces militaires et sécuritaires qui ont dû payer un lourd tribut en morts et en blessés. La traque des terroristes se poursuit et aboutit chaque jour à des arrestations et au démantèlement de cellules dormantes. Et ce dans toutes les régions et dans tous les milieux. Et les résultats sont surprenants et appellent à questionnement. On apprend ainsi qu'un officier de l'armée de l'air à Bizerte figure parmi les 49 terroristes abattus. On apprend aussi que c'est un membre de la famille du chef de la brigade antiterroriste assassiné qui a renseigné les terroristes et leur a désigné la demeure du défunt. A Béja, 3 individus soupçonnés de liens avec des réseaux jihadistes ont été interpellés. Parmi eux un élève qui comptait rejoindre les rangs de Daech. On se rappelle, à ce propos, qu'en décembre 2015, une fille de 16 ans avait été arrêtée pour l'embrigadement d'environ 1.000 élèves pour une organisation extrémiste. Elle était chargée du recrutement des élèves par le biais des réseaux sociaux et par téléphone pour l'organisation terroriste Ansar Chariâa qui envoie ces jeunes en Syrie. A Gafsa, on a annoncé le démantèlement d'une cellule terroriste et plus précisément à la faculté des Sciences où elle tentait de convaincre des étudiants de rejoindre les rangs d'organisations terroristes. A El Hamma (Gabès), les unités de la garde nationale ont arrêté 6 personnes dans le cadre de l'affaire du remplacement du drapeau national par l'étendard noir de Daech. On savait que les auteurs de l'attaque de Ben Guerdane sont tunisiens. Mais ce qui est encore plus inquiétant, c'est de constater l'ampleur des opérations d'embrigadement et de recrutement. Il y a forcément des commanditaires. Qui sont ces gens de l'intérieur qui forment et recrutent des Tunisiens pour tuer d'autres Tunisiens ? Dans une récente interview, le général Rachid Ammar rappelle que déjà en juin 2013, il avait «clamé haut que nous devons protéger notre pays de certains responsables aussi. J'avais avisé tout le monde que le danger nous guette. Or on n'a pas pris mes paroles au sérieux alors que j'avais spécifié qu'il y avait un triangle dangereux à savoir le crime organisé, la contrebande et un élément plus dangereux, que le terrorisme : la rébellion contre les structures de l'Etat, cette rébellion orchestrée par les terroristes dans certaines régions pour faire tomber l'Etat». Dans son édition de mardi dernier, notre journal affirmait : «L'ennemi commun s'appelle aujourd'hui le terrorisme et les daechistes et pas uniquement ceux qui prennent les armes contre l'Etat et contre leurs compatriotes civils. Ce sont aussi ceux qui soutiennent Daech idéologiquement et essayent de minimiser sur les plateaux TV et les studios de radio les effets de l'hydre terroriste, proposent des analyses «savantes» et fournissent des révélations inédites de nature à semer le doute parmi la population, à atterrer notre confiance en la capacité des institutions sécuritaire et militaire à éradiquer le cancer daechiste et surtout à maintenir vivace la peur des daechistes contre lesquels on a remporté une victoire mais pas la guerre». On indiquera, à ce propos, plusieurs articles publiés sur quelques sites, prétendant que ce sont «les forces spéciales britanniques qui ont contribué à la fulgurante réussite de la bataille de Ben Guerdane contre les mercenaires de Daech». Ben entendu il ne s'agissait là que de spéculations rapidement démenties par le ministère de la Défense et par le ministre de l'Intérieur, qui a affirmé que «la Tunisie compte sur ses propres moyens pour établir sa stratégie et lutter contre le terrorisme qui menace son sol. Nous collaborons avec l'Algérie dans le domaine des renseignements et de la protection des frontières. Ce que nous apportent les collaborations avec les pays frères et amis est une valeur ajoutée mais nous sommes obligés de commencer par compter d'abord sur nous-mêmes». Et il a nié toute présence militaire étrangère en Tunisie, de même toute collaboration avec l'Otan. En même temps que la lutte que mènent nos soldats et nos forces de sécurité contre les jihadistes terroristes, il est important de s'occuper de cet ennemi interne qui commandite toutes ces actions criminelles et tente de détruire l'Etat tunisien.