Par Abdelhamid Gmati Les martyrs des attentats terroristes, les blessés ainsi que les civils et les agents de la sécurité intérieure, les forces de la garde nationale et les agents de la douane bénéficieront d'indemnisations. 106 dossiers concernant les martyrs parmi les agents de sécurité, de la garde nationale et de la douane et 203 dossiers concernent les blessés ont été retenus. C'est le ministre des Finances, Slim Chaker, qui donne la nouvelle. Ces indemnisations seront versées par le Fonds de lutte contre le terrorisme. Au total, ces indemnisations s'élèveront à 5,4 MDT. Il semble cependant que l'alimentation de ce fonds ne se passe pas comme souhaité. Il y a quelques jours, le même ministre déplorait qu'en trois mois, on n'a récolté que 25.000 dinars. Certes, l'Etat a contribué ainsi que le chef de l'Etat, le chef du gouvernement, quelques ministres, des hauts fonctionnaires et quelques députés. Mais tout cela reste insuffisant. Les Tunisiens sont réticents, échaudés par l'expérience passée du temps de la dictature, lorsque le produit de fonds similaires était utilisé ailleurs que pour les objectifs annoncés. On précise que ce fonds est créé pour soutenir les institutions sécuritaires et militaires et venir en aide aux familles des martyrs. Cette réticence des citoyens tunisiens, réputés généreux et solidaires, s'explique par un besoin de transparence. Il y a donc eu un défaut d'explication et de clarté au départ. Le ministre le reconnaît et a essayé d'y remédier à son niveau. Mais cela est insuffisant. Il faudrait orchestrer une vaste campagne d'explications et donner une vision juste et claire de l'utilisation des fonds récoltés. Cependant, on garde l'espoir de susciter la générosité des Tunisiens, en misant, entre autres, sur la commémoration, aujourd'hui, de la fête de l'Indépendance. Cette nécessité et ce besoin de transparence expliquent aussi les événements des derniers jours à Meknassi. Depuis jeudi dernier, en effet, un climat de tension règne dans la localité. Plusieurs habitants de la région se sont rassemblés devant le siège de la délégation pour contester les résultats d'un concours de recrutement de 100 ouvriers à la mine de phosphate qui démarrera ses activités prochainement. Les contestataires estiment que les critères de recrutement ne sont pas clairs et dénoncent certains cas retenus par favoritisme, voire par corruption. Les forces de l'ordre sont intervenues pour protéger le siège de la délégation, alors que des jeunes ont jeté des pierres et incendié des pneus, bloquant certaine administrations publiques et la route nationale numéro 14. Le délégué de cette localité du gouvernorat de Sidi Bouzid, Mokhtar Khamari, a annoncé sa démission, estimant que « la situation du pays nécessite une approche participative au niveau local, régional et central, exhortant à éviter l'écueil de la monopolisation ». Le gouverneur, lui, a annoncé que les critères d'admission à ce concours seront expliqués. La question qui s'impose est pourquoi ce retard ? Ce grabuge et ces événements déplorables auraient été certainement évités si on avait pris la peine de donner des détails sur les critères retenus et d'organiser le concours en toute transparence. Dans ces cas, comme dans d'autres, tout se passerait normalement avec l'adhésion de tous, à partir du moment où l'on agit en toute transparence et en toute honnêteté. Et on instaurerait la confiance, essentielle dans toute démocratie.