Par Abdelhamid Gmati Les lâches et sanglants attentats à Bruxelles ravivent les inquiétudes, notamment en Europe, et viennent confirmer, si besoin est, que le terrorisme n'a ni frontières ni nationalité. Il faut dire que malgré de nombreux attentats, en Europe et ailleurs, et, depuis de nombreuses années (explosions à Madrid en 2004 faisant 191 morts ; Londres en 2005, 56 morts et 700 blessés etc.), la vigilance n'a pas été à la hauteur du danger. L'Europe a déjà fait l'expérience du terrorisme, dans les années 1970, celui attribué à l'extrême gauche avec la bande à Baader-Meinhof en Allemagne et les Brigades Rouges en Italie et il aura fallu plus de 10 ans pour en venir à bout. La Tunisie a été ciblée par trois attentats en 2015 et une attaque en règle à Ben Guerdane le 7 mars. Si l'attaque elle-même a été contrée avec succès, le danger terroriste persiste. Les forces sécuritaires et militaires s'activent sans relâche et tous les jours des cellules sont démantelées et des terroristes arrêtés. Un des points positifs est que la population de plusieurs régions est vigilante et collabore, par l'information, avec les forces de l'ordre. Il n'en reste pas moins que l'on s'inquiète de l'ampleur de la présence de ces tueurs sur notre territoire. La victoire à Ben Guerdane est « le résultat d'un travail mené par les services de renseignements tunisiens et seuls les Tunisiens ont participé à l'opération ». Cela est à mettre à l'actif des militaires et des forces de sécurité tunisiens. Selon le président du Centre tunisien des études de la sécurité globale (Ctesg), Mokhtar Ben Nasr, « il y a eu, depuis un an, un net progrès de la traque antiterroriste avec l'élimination d'une vingtaine de chefs de cellule ». Et selon le porte-parole du Parquet, Kamel Barbouche, « près de 2.000 affaires liées au terrorisme seraient actuellement instruites et 778 personnes ont été arrêtées en connexion avec ces dossiers ». Pourtant, certains experts estimaient que « l'armée tunisienne n'(était) pas correctement équipée et dimensionnée pour faire face au terrorisme, notamment aux actions comme celle du 7 mars à Ben Guerdane ». Il est vrai que l'armée tunisienne était formée pour un combat de type conventionnel, mais pas pour affronter un « ennemi invisible et imprévisible ». En outre, on souligne le manque d'équipements pour pouvoir se protéger contre les mines (blindés protégés), les embuscades (hélicoptères de combat modernes, équipés de systèmes de vision nocturne, de caméras thermiques), etc. Mais selon Habib Sayah, chercheur et spécialiste des questions de sécurité, « l'expérience acquise ces derniers mois sur le terrain s'avère précieuse. Il y a un an, l'attaque de Ben Guerdane aurait certainement fait davantage de dégâts. Il y a un gain d'efficacité, de réactivité. La lutte antiterroriste est aujourd'hui présente dans l'esprit des agents et officiers des forces de l'ordre et de l'armée ». Le résultat est là, mais au prix de plusieurs victimes aussi bien des militaires que des agents de l'ordre et même des civils. La vigilance est de mise et doit être permanente, le danger étant toujours présent. L'état d'urgence a été prolongé. Encore faudra-t-il le faire respecter, notamment en surveillant de près les sit-in, les blocages d'activités et de routes. Une série de mesures sécuritaires dans les moyens de transport public aériens, maritimes et terrestres ont été annoncées. Il faudra veiller à les faire respecter pour la sécurité de tous, car il n' y a pas de risque zéro et, malgré toutes les précautions, un attentat reste toujours possible.