Nouvelle étape, nouvelles exigences pour un ensemble tunisien qui entame une nouvelle phase, avec tout ce qu'elle est censée véhiculer de priorités et de primeur. Un sélectionneur ne doit jamais se cacher derrière l'équipe. Tout ce qui se fait, ou presque, découle de ses choix, de ses actes et de ses convenances. Il en assume l'entière responsabilité. Il y en a même qui se sacrifient pour les autres, pour sauver un joueur, un groupe, une idée. Il n'est pas censé non plus polémiquer sur l'apport de tel ou tel joueur. Et s'il doit donner la priorité à quelque chose de particulier, ça sera l'esprit qui règne au sein de l'équipe. Mais une sélection, c'est aussi le rassemblement des joueurs les plus costauds, avec notamment une expression collective à base de talents individuels additionnés. En ce domaine, Kasperczak a-t-il du savoir-faire? Il faut dire qu'il a connu en équipe de Tunisie, de 1994 à 1998, des hauts et des bas. Des fois, il en a été même juge et partie. Il s'était propulsé aux sommets, finaliste de la CAN 96 en Afrique du Sud, et deux ans plus tard, il était passé au déclin, phase finale de la coupe du monde en France 1998. Dans la réussite ou dans l'échec, sa responsabilité était évidente. Mais ici et là, ce sont ses rapports avec les joueurs qui nous intéressent le plus. Dans ce registre il y a beaucoup de choses à dire et l'on se contentera d'évoquer ses démêlés et ses discordes avec les joueurs cadres tels que Chokri El Ouaer, ou encore Khaled Badra. On se souvient encore qu'en ce temps-là, on lui reprochait de favoriser les joueurs qui évoluent à l'étranger, et appelés communément les ‘'pros''... Il faut dire que certains n'avaient pas leur place au sein de l'équipe. Ils y avaient même fait carrière sans en avoir les dispositions pros. Se croyant ‘'grand'' et au-dessus du lot, ils avaient ignoré les règles élémentaires de conduite en sélection. Ils avaient aussi oublié que tous ceux qui sont parachutés d'en haut avaient une durée de légitimité déterminée. La preuve; ils avaient vite disparu de la circulation. Alors que d'autres étaient passés à côté pour la simple raison qu'ils évoluaient en compétition nationale. C'est un fait historique: quel que soit le parcours de la sélection sous les commandes de Kasperczak, les options tactiques et les choix des joueurs avaient souvent leurs revers, car ils n'ont jamais éliminé tous les risques. On voyait bien qu'il n'avait jamais mis les choses en perspective, et surtout chacun à sa place. Aujourd'hui, l'homme devrait avoir changé et comprendre qu'un monde devrait naître. On veut bien le croire. Le modèle préconisé de la sélection tunisienne, sous sa conduite ou celle de n'importe quel autre sélectionneur, devrait justement confirmer l'idée selon laquelle les joueurs sont interchangeables, remplaçables sans que le rendement de l'équipe ne se trouve affecté. Le profil et la vocation devraient être aujourd'hui remis au centre des débats pour signifier que chacun a une part capitale et déterminante dans les performances de l'équipe, quelle que soit son origine et d'où il vient. La star, c'est l'équipe Nouvelle étape, nouvelles exigences donc pour un ensemble qui entame une nouvelle phase, avec tout ce qu'elle est censée comporter de priorités et de primeur. Le temps de passage moyen, ainsi que l'impression qui devrait se dégager des prochaines prestations devraient en effet accréditer la thèse d'une marge de manœuvre plus éclairée, plus étendue. Avec essentiellement un esprit tourné vers le mouvement, la générosité, l'attaque. Lorsque le talent se double d'efficacité, l'enjeu, quelle que soit son importance, ne peut plus être l'ennemi du jeu. Il est arrivé des fois à la sélection de marquer sa présence, de prouver qu'elle peut aller loin, mais elle n'a que très rarement dominé depuis de longues années son sujet comme elle devrait vraiment le faire. Dans tout ce qu'elle a entrepris, dans tout ce qu'elle ne cesse de laisser entrevoir, elle suscite aussi bien le respect que la crainte. Aujourd'hui et sans aller jusqu'à dire qu'elle est capable de tout, il nous semble que son parcours et son avenir ne sont pas toujours écrits d'avance. Il n'en demeure pas moins qu'elle est appelée s'investir à fond et déclencher une métamorphose susceptible de pousser tout le monde vers l'avant. Les ambitions ne peuvent plus être les mêmes. Elles devraient prendre une plus grande dimension. Légitime et justifiée? L'essentiel est qu'elles reflètent une belle marge de progression. La star devrait être l'équipe. Le collectif avant l'individuel. Une formule, une vocation qui, dans un temps lointain, avaient porté leurs fruits et qui ne manquent pas aujourd'hui de montrer la voie. A commencer par la première confrontation de demain face au Togo. D'ailleurs, c'est à la génération qui arrive d'écrire sa propre histoire. A elle de le vouloir et de la provoquer. Il y a de ces souffrances qui servent pour rebondir. L'équipe de Tunisie peut aussi se construire, ou encore se revendiquer, dans la difficulté. Elle ne peut plus s'arrêter à mi-chemin. En dépit de toutes les défaillances et de tous les manquements, on continue à penser que le meilleur est encore à venir...