La société civile exige l'implication des régions marginalisées. Le ministère de la Culture intervient. Les choix d'organisation du comité de «Sfax, capitale de la culture arabe» ne font pas l'unanimité. Neuf membres des différentes commissions artistiques de la manifestation se sont en effet retirés de leurs postes afin de contester la vision des choses du comité directeur, présidé par Samir Sallami, marquée, selon eux, par le manque de communication et de connaissance du paysage artistique dans le pays, et surtout une centralisation des événements prévus pour l'occasion. Les contestataires ont tenu une conférence de presse, jeudi dernier à Sfax afin d'expliquer les raisons de cette prise de position. Parmi eux, le comédien Chokri Bahri qui nous a déclaré que le groupe reproche au comité d'organisation de ne pas impliquer la société civile. «Après une première contestation, le comité a accepté de nous intégrer dans des commissions artistiques où nous avons travaillé bénévolement sur les dossiers des artistes qui ont répondu à l'appel à participation. Ensuite, nous avons été surpris par la décision du comité de ne produire aucun spectacle, sans même avertir les artistes qui ont postulé, d'ignorer notre travail et d'engager un directeur artistique, chargé seul des détails de la programmation», nous a-t-il expliqué. Selon notre interlocuteur, la majeure partie du budget de la manifestation «Sfax, capitale de la culture arabe» est alloué au centre du gouvernorat. «Il y a une marginalisation des régions qui ont grand besoin d'une culture de proximité. L'investissement du comité directeur est axé sur l'infrastructure du centre de Sfax alors que nous croyons et appelons à mettre l'Homme au centre de la vision pour la culture», ajoute-t-il. Celle-ci devrait être, pour Chokri Bahri, une culture vivante qui se bat pour des valeurs universelles et contre le terrorisme. En plus de la conférence de presse, les contestataires ont lancé un ensemble d'actions, sous le slogan «Le droit à la culture». Il s'agit d'une pétition en faveur de cette cause, de l'appel à une législation qui rend effective ce droit, surtout qu'il est garanti par la Constitution, et, enfin, un ensemble de manifestations culturelles dans toutes les délégations de Sfax, en particulier dans les quartiers pauvres. «Nous allons étendre notre action à Tunis et à tout le pays car la culture est l'affaire de tous les Tunisiens. Nous comptons également informer la ministre de la Culture de notre action», assure Chokri Bahri. Notons que le ministère de tutelle a annoncé via communiqué que, suite à la contestation à propos de la manifestation, la ministre de la culture, Sonia Mbarek, a tenu, lundi dernier, une réunion avec des représentants du comité directeur de «Sfax, capitale de la culture arabe», ainsi que la déléguée régionale à la culture à Sfax. Au terme de cette réunion, la ministre a décidé d'organiser une deuxième rencontre dans les jours qui viennent, incluant cette fois tout le comité directeur, le maire de Sfax et des représentants de la société civile, et ce, dans le but d'aboutir à des solutions pouvant mener à la réussite de la manifestation.