« Tunis Sport City » n'en finit de faire parler d'elle. Certes, cet investissement de 5 milliards de dollars, qui devrait créer des milliers de postes d'emplois, ne manquera pas de dynamiser l'activité économique dans la capitale. Mais un tel projet aura un impact certain sur l'environnement, étant donné que l'expérience récente montre que les mégaprojets et l'environnement sont étroitement liés... Lors d'une conférence de presse tenue jeudi dernier dans ses locaux, le groupe émirati Bukhatir a annoncé qu'il va lancer incessamment la mise en œuvre de la première étape du projet Tunis Sport City, qui devrait prendre fin en 2026. On n'a jamais pensé à annuler le projet... S'il a fallu plus d'une décennie pour annoncer le lancement officiel de Tunis Sport City, cela est dû au fait que la crise financière dans le monde en 2008, puis la révolution tunisienne, les opérations terroristes qui ont frappé la Tunisie, la succession des gouvernements et l'instabilité politique du pays ont retardé son lancement. A cela on ajoute que le projet est très complexe, notamment en raison du nombre d'intervenants et d'organismes délivrant les différentes autorisations nécessaires, outre les problèmes liés au raccordement à l'eau, à l'électricité, au gaz... qui ont pris beaucoup de temps. Mais on n'a jamais pensé à annuler ou mettre fin à ce projet. C'est avec fermeté que Salah A. Bukhatir, CEO du Groupe Bukhatir, et Afif Béjaoui, président exécutif de la filiale en Tunisie, ont fait face aux doutes et aux inquiétudes croissantes sur la réalisation et le sort du mégaprojet «Tunis Sport City», en stand by depuis 2008. A cet effet, Salah A. Bukhatir a indiqué qu' « il est vrai qu'avec tout ce qui s'est passé depuis 2008 à l'échelle nationale mais aussi international, le climat était peu propice à l'investissement. Et à chaque fois qu'on voulait avancer dans la réalisation du projet, un nouvel obstacle se dressait devant notre chemin. Mais depuis l'octroi de l'accord officiel, nous ne nous sommes pas arrêtés un seul instant de travailler ce qui confirme notre volonté de provoquer une nouvelle dynamique pour notre projet, d'avancer rapidement et ainsi de rattraper le temps perdu... Notre objectif premier est et restera de faire de Tunis Sport City une nouvelle ville qui s'inscrira dans une logique de développement durable et de respect de l'urbanisme écologique ». Pour sa part, Afif Béjaoui a affirmé que ce projet, qui s'étendra sur 250 hectares sur les berges nord du Lac de Tunis, se distingue par son concept novateur alliant sport et urbanisme intégré. « Tunis Sport City, dont le coût global est estimé à 5 milliards de dollars, est un projet multidimensionnel avec des volets sportif, touristique, résidentiel, un centre commercial, un quartier d'affaires et une corniche... Aujourd'hui, le Groupe Bukhatir annonce la ''redynamisation'' et une nouvelle étape dans la vie du projet, qui vont lui donner une nouvelle impulsion. Et avec la création de plusieurs milliers d'emplois directs et indirects, Tunis Sport City aura une importante valeur ajoutée », a-t-il souligné, ajoutant que sa réalisation sera effectuée sur trois phases ; la première, qui démarrera prochainement, s'étalera jusqu'à 2026 et comporte la construction d'un terrain de golf, quatre académies de formation en football, en natation, en tennis et golf ainsi qu'un quartier résidentiel. Quant à la deuxième phase, elle va s'étaler jusqu'à 2028 et prévoit la construction d'un quartier d'affaires alors que la troisième et dernière phase s'étalera jusqu'à fin 2032 et prévoit l'édification, entre autres, de six hôtels et d'un centre commercial. Toutefois, a-t-il encore précisé, la mise en œuvre de ce calendrier dépendra de l'engagement de l'Etat tunisien à respecter les accords conclus avec le groupe émirati. Des hectares d'espaces verts Certes, la réalisation de ce projet va non seulement donner de la modernité et un autre visage à la Ville de Tunis et au pays d'une manière générale, mais il va également donner un signal positif fort à la communauté internationale et va séduire de nouveau les grands investisseurs internationaux. Mais, de l'autre côté, les critiques à l'égard des mégaprojets concernent particulièrement l'impact sur les infrastructures et les écosystèmes locaux, ce qui se traduit par des appels tous azimuts à une meilleure planification et à l'établissement d'objectifs respectueux de l'environnement. Dans ce cadre, à une question sur l'impact environnemental de ce projet, Afif Béjaoui a précisé que l'aspect environnement et économie d'énergie a été pris en considération durant les études qui ont été réalisées et que pas moins de 36% de la superficie globale de Tunis Sport City sera consacrée aux espaces verts. Le but est d'intégrer des technologies innovantes à des projets qui profitent à l'environnement. A cet égard, Tunis Sport City sera composée de villes « intelligentes », qui démarrent avec une ardoise vierge au regard de l'environnement. « Notre objectif est de réaliser une cité écologique et une Smart City... C'est une nouvelle étape responsable vers la durabilité. A cet égard, l'ensemble des bâtiments seront moins énergivores que ceux que nous avons actuellement et les appartements seront équipés d'un système électronique intelligent. Par ailleurs, sur les 4 millions de m3 d'eaux usées qui proviennent de Chotrana, pas moins de 3 millions m3 seront exploitées au profit du projet notamment pour les terrains de golf, le composant le plus grand consommateur d'eau. Et donc, en réutilisant les eaux rejetées dans la mer et les eaux de pluie, nous souhaitons une connectivité et une écologie optimale...Ca sera une ville verte, avec plein d'innovations dans le domaine d'économie d'énergie, des pistes recyclables, l'utilisation de l'eau traitée, le recyclage des déchets... », a-t-il encore souligné, tout en insistant sur la qualité des normes écologiques du projet qui réunira de nombreuses innovations, déjà initiées avec succès dans de grandes capitales à travers le monde. Pour rappel, le projet cité comprendra un pôle sportif de haut niveau offrant quatre académies de formation. Quant au volet touristique, il est composé de six hôtels de très haut standing, un parcours de golf de neuf trous, sur 53 ha, ainsi qu'un Central Park de 20 ha qui offrira des parcours de santé pédestres et des espaces d'animation et de loisirs. S'agissant du volet résidentiel de standing international, il est ouvert sur les berges nord du lac de Tunis, sur le parcours du golf, et sur le Central Parc. Il est prévu, également, de construire un volet Shopping, Retail et Loisirs, avec un mall de dimension internationale, implanté sur 13 ha, et une multitude d'espaces verts aménagés et judicieusement répartis sur l'ensemble du projet. Tout cela avec un volet Business Zone, avec un quartier d'affaires, et un autre pour l' animation, avec une corniche de 3 km sur le bord du lac nord, accessible au grand public, avec ses terrasses et ses composantes d'animation et de loisirs.