Avec ce projet lancé en 2013, le Goethe Institut souhaite s'associer au ministère de la Culture pour créer un établissement d'enseignement de la pédagogie de la danse. Le but du projet appelé : «Apprendre à danser, réflexion autour de la pédagogie de la danse» est de promouvoir la danse académique en Tunisie. C'est Malek Sebaï, elle-même danseuse chorégraphe, qui en a eu l'idée, après avoir remarqué qu'il y a un engouement pour ce genre artistique, mais qu'il n'y a toujours pas de formation structurante. «Nombreux sont les danseurs qui partent à l'étranger à la recherche de techniques éprouvées, car notre territoire ne peut répondre à leurs attentes», affirme-t-elle. Et d'ajouter : «Il est donc important d'inviter des personnes ressources dont le métier est l'enseignement à part entière, afin qu'elles viennent éprouver leur savoir-faire dans un pays où l'identité chorégraphique existe déjà ; et de cet échange pourrait naître une autre voie de formation et d'éducation». Le Goethe Institut a vite fait d'adopter l'idée de Malek, et le consultant le plus approprié s'est révélé être la Palucca Hochsule Für Tanz Dresden, une école allemande qui offre des programmes de maîtrise dans les domaines de l'enseignement, de la danse et de la chorégraphie. Rappelons que dans ce projet il s'agit de : - mettre en place un système d'apprentissage de la danse académique de haut niveau. - permettre l'échange entre des enseignants issus des grandes écoles internationales et les enseignants de Tunisie, afin qu'ils définissent ensemble les stratégies pédagogiques à mettre en place pour l'enseignement de la danse. - avoir en Tunisie une plate-forme de référence ponctuelle, pour développer des partenariats pédagogiques avec des écoles de renommée internationale. - identifier les jeunes tunisiens issus des écoles de danse de Tunisie souhaitant se former à l'enseignement de la danse. Et créer un levier dynamique pour favoriser l'élan de la politique de la formation des enfants (7/16 ans) en danse en Tunisie. Dans sa première phase, le projet a permis à deux jeunes élèves, Yosra Zaouali de Mahdia, et Sheima Berrabeh de Tunis, 13 ans, d'être sélectionnées afin de suivre un stage intensif de 15 jours à Dresde, et ce, du 17 au 30 mars 2014. Par la suite, la Tunisie a accueilli Christian Canciani, directeur des affaires académiques, et Fernando Coelho, coordinateur de la formation des enseignants. A l'occasion de cette visite et avec l'approbation du ministère de la culture tunisien, les deux professeurs ont visité les conservatoires de Mahdia, Monastir et les locaux du Centre National de la Danse Borj Baccouche à l'Ariana. Il a été proposé aux élèves de ces conservatoires des ateliers «découverte» en danse contemporaine et classique selon la méthode enseignée à l'école Palucca. Les deux pédagogues ont également proposé un atelier de réflexion pédagogique ouvert aux enseignants dans les studios du Théâtre National de Halfaouine de Tunis sur le thème : «Construire un corps dansant». Dans le troisième volet du projet, il s'agit d'une réflexion autour de «la pédagogie de la danse». Celle-ci a eu lieu à Dresde du 7 au 27 septembre 2014. Ce stage de trois semaines de formation intensive en pédagogie de la danse était destiné à deux jeunes enseignants tunisiens : Karim Twayma, chorégraphe et professeur de danse contemporaine, et Cyrine Haj Sassi, professeur de classique au conservatoire de Mahdia. Ces derniers ont été sélectionnés sur appel à candidature comprenant un CV, une lettre de motivation et une épreuve technique sous forme de variation imposée. L'étape actuelle consiste à sensibiliser le public, au sens large, à la pertinence d'un projet de formation des fondamentaux des techniques académiques (contemporain, classique, techniques somatiques, Afcmd analyse fonctionnelle du corps dans le mouvement dansé, improvisation, composition, partnering...). «Pour cela, il faut beaucoup de temps et des personnes ressources, et surtout une volonté de construire», précise Malek Sebaï. L'artiste nous annonce également qu'aujourd'hui, il existe un noyau dur d'une douzaine de stagiaires qui s'est renforcé tout au long de ces trois années, à travers les six stages qui leur ont été proposés, et en marge desquels, ils partent par binômes, à Dresde, jusqu'à la fin de 2016. L'objectif est de découvrir les particularités de l'université de Palucca in situ. Au mois d'octobre prochain, la boucle sera bouclée. Mais il semblerait que le remaniement ministériel ait ralenti les discussions autour de ce projet. Une rencontre officielle entre les membres concernés du ministère et du Goethe Institut permettra, espérons-le, de connaître la direction qui sera donnée à l'idée d'un centre ou d'un établissement d'enseignement de la pédagogie de la danse selon les normes internationales.