Nos footballeurs n'apprennent pas, jeunes, les fondamentaux de base. Un handicap pour faire carrière en Europe «Le dilemme du footballeur tunisien demeure dans sa formation de base. Le nombre d'heures de formation pour un jeune joueur de 10 à 18 ans avoisine le 1/3 du temps alloué à un Européen, dans un club français qui ne joue pas forcément les premiers rôles. En Europe, ils misent sur la qualité de la formation. Dans les clubs, on trouve des cadres formateurs spécialisés, chacun dans son domaine d'action. Il y a l'initiateur, le formateur et l'entraîneur. Chez nous, toutes ces spécialités sont réunies chez une seule personne, l'entraîneur. Par ailleurs, ceux qui entraînent dans les catégories des jeunes ont la même formation que ceux qui s'occupent des seniors, sauf que les techniciens qui travaillent avec les jeunes apprennent avec le temps comment parler aux enfants. Nos jeunes et les moins jeunes sont initiés au football par de simples techniciens. Or, un entraîneur n'est pas un formateur pour la bonne raison qu'il n'a pas été formé pour former. C'est pourquoi nos footballeurs sont amoindris en matière de formation de base. Par ailleurs, le nombre d'heures alloué à la formation n'est pas suffisant. Nos enfants s'entraînent à raison de deux heures par jour. Tout calcul fait et si on compte le temps du match, un jeune Tunisien joue pendant 10 heures au football par semaine. Je propose qu'on enseigne les langues aux jeunes qu'on est en train de former dans nos clubs. Car l'ignorance de la langue est un handicap essentiel pour l'intégration dans un pays étranger. Il y a des cours accélérés pour apprendre des langues. Tous les six mois, un footballeur peut apprendre une langue. Le français, l'anglais ou l'espagnol peuvent lui être fort utiles. Il faut qu'on prépare aussi nos internationaux sur le plan mental et psychologique à la vie professionnelle. A mon humble avis, le professionnalisme, ça s'apprend. C'est un tout : l'hygiène de vie, la préparation physique, comment réagir à la victoire ou à la défaite du reste. Comment parler aux médias aussi. La communication étant primordiale. Tout cela s'apprend. Car la formation de base est essentielle pour un jeune footballeur pour que, plus tard, il soit préparé à la vie d'un footballeur professionnel. A l'aube de l'indépendance, l'Etat s'est chargé de ramener des initiateurs qui nous apprenaient les ABC du football. A titre d'exemple, on nous apprenait le contrôle de balle. La tutelle et la FTF finançaient cette formation. Maintenant, les entraîneurs, y compris chez les jeunes, n'ont qu'un seul souci, le résultat et rien que le résultat, peu importe si le jeune sait faire ou pas un contrôle de balle. Et c'est là où réside le problème».