La société civile tunisienne et Payot, une chaîne suisse de librairies, collaborent pour la promotion de la lecture et l'accès au livre. «Apportez des livres dont vous n'avez plus l'usage, au profit des bibliothèques scolaires de Tunisie» signé « Al Madanya » et « Fondation pour l'écrit ». C'est ce qu'on lit sur les murs de ce point de récolte de livres qui se trouve devant les portes de Palexpo (palais des expositions et des congrès) où s'est déroulé le Salon du livre et de la presse de Genève, et ce, du 27 avril au 1er mai 2016. L'effervescence est de mise. Des bénévoles suisses font le tri, puis entassent les livres dans des cartons. Deux jours avant la clôture du Salon, plus de 80.000 livres ont été déjà collectés. La plupart sont tous neufs et viennent à peine de paraître. Cette opération existe depuis 2011. Payot a reçu un courrier de l'association amicale tuniso-suisse qui voulait participer à ce qui se passe dans le pays à travers la culture. «On nous avait demandé des sous, mais nous avions répondu que nous ne donnons que des livres », déclare Pascale Vandenberghe, président-directeur général de Payot SA, une chaîne suisse de librairies. Ce dernier, nous informe que de 80 à 100 mille livres partaient tous les ans en Tunisie. Le rôle de Payot est de récolter, trier et mettre à disposition. Mais cette association n'avait pas les moyens de prendre en charge le transport de toutes ces palettes de livres. D'après Adel Mejeri, responsable des relations publiques à l'association de la Communauté tunisienne en Suisse qui a repris le projet, aucune institution tunisienne ne voulait aider ces livres à arriver à destination. En 2013, après avoir récolté 150.000 livres, c'est la présidence de la République tunisienne qui a payé la facture. «Il faut l'avouer, et pour l'histoire, c'est Moncef Marzouki lui-même, à l'époque président de la République, qui a payé de sa propre poche !», précise le PDG de Payot. D'après A. Mejeri , «Apprends-moi à lire », une autre association tunisienne de Tunis, s'est chargée du tri et de la distribution dans des écoles, des lycées et des maisons de la culture, en collaboration avec la présidence. En 2014, le tri et la distribution ont eu lieu, «mais lentement» nous dit-il, avec la collaboration de la société civile et des ONG. «Un premier rapport nous a été envoyé par un responsable désigné par la présidence. Nous attendons, jusqu'à ce jour, le rapport final sur les opérations de 2013 et de 2014, que nous avons promis à Payot pour clore le dossier», avoue le responsable des relations publiques de la CTS. Terminus Mais les 70.000 livres récoltés en 2015, sont restés coincés dans les dépôts, aux frais de Payot. Il fallait, selon Mejeri, trouver le bon partenaire qui en prenne en charge le transport. Et c'est la fondation Al Madanya pour le développement de la culture, de l'éducation et de l'environnement qui a enfin pris la relève. Les livres ont été libérés et distribués. «On devait agir ensemble pour cette édition 2016 du salon du livre et de la presse de Genève. Une convention devait être signée entre Al Madanya et notre association, la CTS» précise Adel Mejeri. Furieux, ce dernier se demande ce qui s'est passé depuis. «Nous avons été sélectionnés par Payot pour prendre en charge la quantité extraordinaire de livres récoltés par son initiative, en assurer le transport vers la Tunisie, le tri, le stockage et la distribution, et ce, dans le cadre de notre programme de création de points de lecture dans les espaces scolaires, culturels et même carcéral», déclare Lotfi Maktouf, fondateur et président d'Al Madanya, après avoir jeté un coup d'œil sur le point de collecte réservé par Payot. Des milliers de livres arrivent tous les jours des collèges, du réseau de librairies Payot et même d'individus sensibilisés par la menace sur le livre et la culture. Les ouvrages sont triés par thème : sciences et techniques, enfants et jeunesse, bandes dessinées, scolaires et dictionnaires, livres illustrés et pratiques, littérature grand format, littérature de poche, policier grand format, policier de poche et autres langues, car il y a plusieurs dons de lecteurs anglais et allemands qui habitent à Genève. Ces livres iront, en priorité, dans les régions. Ils seront stockés dans un dépôt à Sahline, une ville du gouvernorat de Monastir. Par la suite, Al Madanya entamera la dernière étape qu'est la distribution.