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Tribune | Pour une histoire politique de la Coupe du monde de football (1ère partie)
Publié dans La Presse de Tunisie le 12 - 12 - 2022


Par Hakim Ben Hammouda *
En moins d'un siècle, la Coupe du monde de football est devenue probablement l'évènement médiatique et sportif le plus important au monde. Rien pourtant ne prédestinait cet évènement, qui a commencé à Montevideo en 1930 avec seulement treize sélections nationales, à cet avenir. Pourtant, peu à peu, il est devenu un évènement majeur. Son importance ne se limite pas qu'à l'aspect sportif mais se prolonge au fil du temps dans le domaine économique avec les financements sans commune mesure engagés à chaque phase finale de Coupe du monde. Qu'il s'agisse des infrastructures avec des stades de plus en plus gigantesques pour accueillir les foules, des hôtels, des routes, des retransmissions télévisées et de leurs droits, du coût de la communication et, malheureusement ces dernières années, des investissements liés à la sécurité. Les dépenses et les capitaux en jeu deviennent de plus en plus faramineux! Ils font aussi du Mondial de football, avec les Jeux Olympiques, les spectacles les plus chers au monde! Mais, l'importance de cet évènement ne se limite pas à ses dimensions sportives et économiques, elle se prolonge aussi dans le domaine politique car cet évènement devient pour beaucoup de pays une vitrine dans laquelle on expose la réussite de son modèle politique! Depuis la première édition jusqu'à nos jours, l'accueil de la Coupe du monde et le regard de ces milliards d'humains donnent une occasion unique pour le pays organisateur de présenter ses réussites et ses succès économiques et politiques!
Mais, le succès de cet évènement ne doit pas se limiter aux dimensions concrètes et évacuer ainsi sa part de symbolique et de rêve. En effet, la Coupe du monde de football a réussi là où beaucoup d'autres utopies ont échoué pour unifier l'humain! Les religions ont cherché depuis leur apparition à devenir une utopie qui rassemble les humains autour d'un universel commun! Ce projet a suscité la mobilisation d'un divin tantôt adulé ou parfois craint qui a su unifier l'humain en lui promettant un au-delà enchanté! Mais, cette utopie n'a pas réussi à maintenir cette adhésion universelle. Les compétitions entre différents univers religieux ont été à l'origine de guerres et de conflits qui ont vidé cette utopie de son projet originel! D'un projet de libération, l'univers religieux a embrassé parfois l'ordre tumultueux et violent des passions pour finir en conflits et tumultes! Le projet de quête du bonheur du sujet et de sa paix intérieure s'est alors transformé en servitude et en vassalité avec son lot de détresse, de drames et aussi de fatalité.
Ce projet d'universel a été repris par les modernes qui ont cherché avec l'ère des Lumières et des révolutions à libérer l'humain de cette domination des mythes et des divinités. Le projet de la modernité a voulu doter le sujet de la raison afin qu'il puisse puiser en lui-même les sources de son entendement. Il s'agit d'un projet de libération du sujet qui trouve son origine dans les philosophies grecques de la raison, qui vont se régénérer en Europe avant de s'étendre au monde entier. La modernité, avec son recours à la raison et le vent de liberté qu'elle a fait naître, va chercher à devenir un universel commun auquel vont adhérer les humains. Le projet de la modernité est probablement l'utopie la plus ambitieuse qui a créé dans le savoir et la philosophie une destinée commune à l'être. Mais, ce projet n'a pas pu se libérer du regard hautain et arrogeant de l'Occident sur son autre soumis aux mythes et aux divinités. En dépit de cet engagement de libérer l'humain, ce projet est resté prisonnier d'une perception condescendante et méprisante de l'Autre qui explique qu'elle ait pu courir au colonialisme pour convertir un Autre «inférieur» à l'utopie de la modernité et de la fin de l'altérité. Aussi, cette utopie a connu d'autres dérives et son ardeur en faveur de la raison s'est transformée en une défense de la science et de la technique qui a fini par créer de nouvelles chaînes pour le sujet moderne qui passera du règne du divin et du religieux à celui des technologies. Mais, en dépit de son projet de construire « la paix universelle», l'utopie de la modernité n'a pas pu arrêter la folie destructrice de l'humain et le «court» vingtième siècle a connu deux conflits mondiaux comme l'humanité n'en a jamais connu par le passé. De ces expériences dévastatrices, c'est le projet de libération du sujet qui a été définitivement altéré et la fin de l'assujettissement du sujet paraît de plus en plus une utopie lointaine, et pour certains dangereuse, tellement la folie du sujet paraît ravageuse. Récemment, l'avènement des projets de décentrement de ce projet philosophique et les manifestations d'autres projets d'être dans le temps du monde, avec le retour du religieux dans le monde musulman, l'indianité en Amérique latine et l'hindouisme en Inde, semblent remettre en cause la modernité et son projet d'unifier l'humain!
Mais, les projets d'unifier l'humain ne se limitent pas aux sphères religieuses et philosophiques. Elles ont trouvé des expressions dans le domaine politique avec les projets de libération collective ou individuelle du sujet. Il s'agit d'abord des projets libéraux qui ont jalonné l'histoire des idées mais aussi de l'expérience politique dans beaucoup de pays. Le projet libéral s'est nourri dans la philosophie des Lumières et a trouvé dans le libéralisme politique et économique les contours de projets politiques. Mais, ce projet a souffert de limites qui ont réduit sa capacité à unifier l'humain et à lui offrir un universel commun. D'un côté, ce projet a beaucoup souffert de sa forte association avec le capitalisme marchand qui a fait que chacune des crises de ce régime économique a été perçue comme des crises du projet libéral. D'un autre côté, la faiblesse des systèmes économiques dans les pays du Sud a posé d'importantes limites quant à l'extension de ce projet sous les tropiques. Ces systèmes économiques sont marqués par de grandes inégalités sociales qui ont toujours pesé lourd sur un projet politique qui promet de donner les mêmes chances à tous.
Parallèlement au projet libéral, il faut également mentionner l'utopie de libération collective de l'humain qui a trouvé ses fondements dans les analyses de Marx et de tous les socialistes et les libertaires des révolutions du 19e siècle. Ce projet a émis l'hypothèse que la libération de l'humain passe par la fin des rapports sociaux capitalistes qui constituent les nouvelles chaînes au centre de son aliénation. Ce projet a suscité tout au long du 20e siècle les passions et a nourri les rêves et l'espoir d'un monde libéré de l'exploitation et de l'asservissement. L'attrait de ce projet et son influence ne se sont pas limités aux classes ouvrières du Sud mais se sont retrouvés aussi dans les rêves des gueux dans le Sud. Cette convergence a été à l'origine d'une internationale ou d'un rêve universel de la fin de l'oppression et de la naissance d'un nouveau monde où les rapports entre les hommes seront solidarité et fraternité. Or, ce projet a lui aussi souffert de l'humain dans l'exercice du pouvoir et surtout de négation de la liberté du sujet individuel au nom d'un paradis improbable pour le collectif.
Ainsi, toutes les utopies pour créer un universel commun ont échoué! Qu'il s'agisse des utopies religieuses, philosophiques ou politiques, elles n'ont pas su résister au temps qui passe et à l'expérience du pouvoir! Dans beaucoup de cas, ces projets de libération ont tissé de nouveaux liens d'asservissement et se sont transformés en joug et en oppression! Mais, au moment où ces projets échouaient, le football devenait progressivement la nouvelle utopie qui unissait l'humain! Au moment où la religion, la philosophie et la politique avortaient dans leurs efforts d'offrir à l'humain un universel commun, c'est le football qui se fraye un chemin au milieu des échecs et des faillites, des mélancolies et des inquiétudes à offrir une nouvelle utopie! Désormais, ce sont les grands matchs de football qui unissent dans un même moment de ferveur et de joie tous les continents. C'est la Coupe du monde de football qui devient l'évènement, à travers la planète, unifie les rêves, les espoirs et les quêtes de plaisirs et de bonheurs de milliers d'humains. Ainsi, et face à l'échec des utopies de la fin de l'oppression et de l'asservissement, c'est le football qui offre désormais les espaces de liberté et de délivrance pour des milliards d'humains. Le football réussit en l'espace d'un match à nous faire échapper aux rêves trahis, à la violence de notre expérience et à l'asservissement de notre condition. Il réussit à nous projeter dans un nouvel univers où la solidarité jusqu'à l'harmonie, la joie de vivre jusqu'au ravissement et le plaisir jusqu'à l'allégresse sont les nouvelles valeurs. Ainsi, le football nous invite à un monde que les différentes utopies n'ont pas réussi à construire. Et c'est probablement pour ces raisons que, dans ce monde sans utopies autre que celles de la finance heureuse et du rapport marchand, le football nourrit cette part de rêve qui est en nous! Un pied de nez quelque part aux post-modernes qui continuent à croire à la fin des passions modernes! Le football répond ainsi à la mutilation du sujet en lui offrant de nouvelles ferveurs et de nouvelles nuits d'ivresse en attendant des jours meilleurs!
C'est pour cela que nous pensons que le football n'est pas simplement un sport. C'est un phénomène fondamentalement politique et son histoire s'inscrit étroitement dans celle de nos passions, de nos ferveurs et de nos rêves de mondes meilleurs. La Coupe du monde de football, plus que tous les autres évènements politiques, culturels ou économiques, épouse les trajectoires, les errements et les perditions de ce court siècle qu'aura été le vingtième. Pour ces raisons, nous nous proposons d'écrire une histoire politique de la Coupe du monde. Une histoire qui nous permet de saisir ses rencontres brèves ou longues entre la Coupe du monde de football et les convulsions et les agitations du politique. Nous essayerons dans cette histoire de saisir ses collisions et ses heurts mais aussi ses divergences et ses oppositions entre ces deux univers dont la rencontre a montré ce besoin de rêve et d'utopie chez l'humain.
Mais, avant de commencer ce voyage, revenons un instant au commencement.
La naissance de la Coupe du monde de football
L'idée de lancer un tel évènement est apparu très tôt dans le monde balbutiant du football. En effet, l'idée de rassembler le monde du football dans un évènement sportif mondial a taraudé l'esprit du journaliste sportif français Robert Guérin. Il est à l'origine de la Fédération international de football association (Fifa), créée le 21 mai 1904 à Paris par sept pays que sont la France, les Pays-Bas, la Belgique, le Danemark, l'Espagne, la Suède et la Suisse. Cette nouvelle association fixe parmi ses objectifs d'organiser une Coupe du monde et souligne dans l'article 9 de ses statuts fondateurs que «la Fédération internationale seule a droit d'organiser un Championnat international». Mais, ce rêve va se heurter à plusieurs difficultés. La première Coupe du monde de football n'aura lieu finalement que 26 ans plus tard, soit en 1930, en Uruguay.
Le projet d'organisation d'une Coupe du monde de football va se heurter tout d'abord à la grande fragmentation de ce sport. En effet, l'apparition du football et son succès grandissant ont été à l'origine de la multiplication d'associations nationales et internationales qui étaient souvent concurrentes et n'accordaient qu'une faible place à la coopération entre elles. Par ailleurs, les premières années du vingtième siècle ont été aussi marquées par une multiplication des compétitions et des championnats au niveau national comme au niveau européen. A cette fragmentation institutionnelle poussée, il faut aussi rajouter une multitude de règles et d'interprétations du jeu qui ne favorisaient pas l'organisation d'une compétition internationale. Afin de sortir de cette fragmentation, il fallait que la Fifa émerge comme l'institution unificatrice de ce domaine sportif et que ses règles et ses normes soient acceptées par tous. Ce ne fut pas facile. En effet, à sa création, la Fifa était une association essentiellement européenne mais, progressivement, d'autres pays sont venus se joindre aux membres fondateurs. Pourtant, le nombre de pays qui ont adhéré à la Fifa ne décollera qu'après la Première Guerre mondiale. En effet, ce nombre passera de 24 pays en 1914 à 59 en 1938. Mais, le véritable défi de la Fifa était le refus de l'adhésion pendant de longues années des citoyens de Sa Majesté et de l'association du football britannique. Ce refus a écorché pendant de longues années la légitimité de la Fifa et les Britanniques, géniteurs du football, ont refusé d'adhérer à une association qui cherche à développer le football au niveau international et qui n'a pas eu la bénédiction de Sa Majesté.
Par ailleurs, le projet d'une Coupe du monde de football s'est heurté à la concurrence des Jeux Olympiques. Par leur dimension internationale et le nombre de participants, ses jeux sont devenus depuis leur modernisation, l'événement sportif de référence. Il était difficile de les concurrencer ou d'espérer lancer un événement sportif de la même ampleur. Ce n'était pas pour arranger les tenants du projet de la Coupe du monde de football, les Jeux Olympiques organisaient un tournoi de foot qui était bien suivi. On ne pouvait donc pas se plaindre d'une marginalisation de celui qui allait devenir le sport quelques années plus tard.
Mais, une série d'évènements vont changer la donne et relancer le projet de lancement d'une Coupe du monde de football dans les années 1920. Tout d'abord, le choix de l'amateurisme du mouvement olympique excluait de fait la participation des footballeurs professionnels. Or, si le football était devenu professionnel dès 1880 en Angleterre, le professionnalisme va toucher un nombre croissant de pays, particulièrement après la Première Guerre mondiale en Europe dont l'Autriche, la Hongrie, la Tchécoslovaquie, l'Italie, l'Espagne et la France. Désormais, les meilleurs joueurs de football dans ces pays sont professionnels et ne peuvent pas par conséquent participer au tournoi de football des Jeux Olympiques. Cette exclusion a donné des forces nouvelles au projet du lancement d'une compétition internationale de football.
Par ailleurs, ce projet a été renforcé par une plus grande reconnaissance dont jouissaient la Fifa et son statut comme institution fédératrice des associations nationales. D'un côté, il faut noter un nombre grandissant d'associations qui y adhèrent. De l'autre, il faut mentionner que ces adhésions ne se limitent pas aux associations européennes mais proviennent d'autres pays, notamment en Amérique latine. Du coup, la Fifa devient peu à peu l'organe capable d'organiser cette manifestation mondiale.
Enfin, un autre évènement pèsera de tout son poids sur l'avènement de ce rêve. Il s'agit du succès des Jeux Olympiques de 1924 à Paris auquel le football a contribué. «En dépit de l'idéologie olympique qui place au premier rang l'athlétisme et les sports individuels, note l'équipe dans ce magnifique ouvrage consacré à l'histoire de la Coupe du monde, c'est bien le football qui remplit le stade de Colombes, où les spectateurs assistent aux sensationnelles démonstrations puis à la victoire finale et inattendue de l'équipe d'Uruguay». Ainsi, la victoire de la Celeste et le beau jeu qu'elle a développé ont été à l'origine d'un engouement populaire sans précédent et ont fini par convaincre ceux qui avaient encore un doute sur la nécessité de lancer une compétition mondiale de football.
Ce projet a été repris dans les années 1920 par Jules Rimet, le président français de la Fifa à l'époque, et Enrique Buero, un diplomate uruguayen. Ils mettent en place une équipe d'étude du projet qui va suggérer pour la première l'appellation de «Coupe du monde» dans l'un de ses documents de travail en date de 1927, pour nommer la prochaine compétition sportive. Pour renforcer la dimension politique de ce nouvel évènement, ce comité a mis l'accent sur la contribution du football dans le maintien de la paix universelle après la Première Guerre mondiale et le fait que ce tournoi pourrait participer aux efforts de la Société des Nations dans ce domaine. Ce rêve cherchait-il à ignorer le bruit de bottes qui se faisait de plus en plus pressant en Europe? Ou nourrissait-il l'espoir que le football pouvait y mettre fin? Personne ne le saura probablement.
Toujours est-il que ces efforts et l'engagement téméraire d'un petit groupe de personnes donneront naissance à la première Coupe du monde de football qui aura lieu en Uruguay. Le premier match opposera les Bleus au Mexique le 13 juillet 1930 au Parque Central de Montevideo. Le premier but sera inscrit par Lucien Laurent, ouvrier dans les usines de Renault à Sochaux et devenu depuis peu footballeur professionnel au club de l'usine, le FC Sochaux. Cette première donnera naissance à une longue histoire où le sportif, l'économique, le politique et le symbolique vont s'entremêler pour nourrir les rêves et les utopies du vingtième siècle.
Les premiers concepteurs de la Coupe du monde ont mis l'accent sur la dimension politique de cet évènement et sur son rôle dans le dialogue entre les nations et le maintien de la paix universelle. Jules Rimet et ses amis ont reconnu immédiatement le caractère politique et symbolique de ce qui deviendra le sport de masse et du peuple. En effet, le football sera toujours fortement imprégné par le désir de liberté et d'affranchissement des peuples.
H.B.H.
(*) Directeur général de Global Institute 4 Transitions et ancien ministre de l'Economie


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