Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
« Il faut que la femme-chercheur soit davantage présente au niveau des postes de décision» La Presse Femme : Pr Habiba Bouhamed Chaâbouni, généticienne et chef de service des maladies héréditaires à l'hôpital Charles-Nicolle
Au cours des trois dernières décennies, de plus en plus de femmes tunisiennes, qui ont effectué des études approfondies se sont lancées dans la recherche dans diverses disciplines. Lauréate du prix Unesco-L'oréal du prix Lazio tra Europa é i Mediterraneo pour la recherche scientifique, proposée au prix Nobel, le Professeur Habiba Bouhamed Chaâbouni, généticienne, chef de service des maladies héréditaires à l'hôpital Charles Nicolle et directrice du laboratoire de génétique humaine à la faculté de médecine de Tunis fait partie de ces femmes qui se sont brillamment illustrées dans leur domaine et qui ont prouvé leur compétence dans le domaine de la recherche, à l'échelle nationale et internationale. Interview Quelle place occupe la femme tunisienne au sein du dispositif de la recherche ? Jouit-elle d'une bonne visibilité ? Elle est présente dans le dispositif de la recherche, mais elle n'a pas une aussi bonne visibilité que l'homme dans les postes de décision. En effet, le nombre de femmes dirigeant des technopoles , des laboratoires ou présidant des conseils nationaux de la recherche scientifique reste encore insuffisant. Autant, il y a un nombre élevé de jeunes femmes qui suivent des études approfondies et qui font de la recherche, autant cette masse n'est pas suffisamment représentée au niveau des postes-clés. Il existe, par conséquent, une discordance entre la masse de femmes effectuant de la recherche et leur visibilité dans le champ de recherche. On devrait d'ailleurs donner l'occasion à ces jeunes femmes de s'exprimer en cette année internationale de la jeunesse, d'autant plus qu'il s'agit d'une initiative tunisienne dont nous sommes sincèrement fiers. Dans quelles disciplines de recherche, la femme chercheur s'est-elle particulièrement illustrée en Tunisie? Les femmes sont pratiquement présentes dans tous les domaines de recherche, notamment dans les disciplines des sciences de la vie et des nouvelles technologies de l'information et de la communication. D'ailleurs, c'est bien dans les technopoles que l'on trouve le plus grand nombre de chercheurs-femmes. Qu'est-ce qui pourrait contribuer selon vous à mieux renforcer la présence de la femme au sein du système de recherche en Tunisie ? Afin de renforcer la présence de la femme dans le dispositif de la recherche, il faudrait intéresser davantage les jeunes étudiantes aux sciences dures. Par ailleurs, il faut que la femme-chercheur soit davantage présente au niveau des postes de décision. Pour cela, il faudrait mettre l'accent sur l'équité entre les genres, en prenant en considération, lors de la nomination à un poste de décision, un seul critère : celui de la compétence. Beaucoup de femmes-chercheurs sont compétentes, mais n'ont pourtant pas été désignées pour occuper des postes de responsabilité. D'un autre côté, il faudrait que la femme œuvre pour occuper la position qui lui revient dans le domaine de la recherche. Pensez-vous que la recherche a permis d'améliorer le quotidien des femmes ? Le développement de la recherche a permis de prolonger l'espérance de vie dans le monde et de maîtriser les épidémies. La femme a également bénéficié des avancées de la science. A titre d'exemple, la mortalité post-partum a baissé. Aujourd'hui, il existe, grâce à la recherche, de meilleurs traitements de l'ostéoporose qui garantissent un meilleur confort et une meilleure qualité de vie à la femme. Le quotidien de la femme est également amélioré par les nouveautés technologiques appliquées aux équipements domestiques. Vous représentez un modèle vivant de la réussite de la femme dans le domaine de la recherche… Je pense que ma réussite est liée, avant tout, au fait que j'aime ce que je fais et que je crois profondément à l'importance de la recherche , tout en pratiquant la médecine.