Par Dr Sami EL MEKKI* «Habib Bourguiba sortira du purgatoire et la statue équestre du plus illustre des Tunisiens reprendra sa place à Tunis». Il s'agit d'une citation de Béji Caïed Essebsi dans son livre intitulé «Habib Bourguiba, le bon grain et l'ivraie » dans lequel il rend un vibrant hommage à la vision et à l'envergure hors du commun du Combattant suprême. Interrogé par Jeune Afrique, BCE a même affirmé que «l'avenue Habib-Bourguiba sans Bourguiba n'a pas de sens et qu'un autre jour, s'il en a la possibilité, il organisera son retour». BCE, doté d'une culture politique hors pair et d'une grande indépendance d'esprit, se présentant volontiers comme un disciple de Bourguiba, ayant été un de ses plus proches collaborateurs pendant plus de trente ans dans les plus hautes fonctions de l'Etat, n'a jamais caché son désir ardent et son intention de réparer l'injustice infligée à son mentor par Ben Ali. En grand homme d'Etat et en véritable et authentique militant, il a tenu parole. Il est réellement et magistralement passé à l'acte, malgré l'hypocrisie des islamistes et l'opposition d'une insignifiante minorité de renégats et de mercenaires. Le retour tant attendu de la statue du père de la nation à l'avenue qui porte son nom n'a pas été du goût de tout le monde. En effet, l'avocat affairiste Mohamed Abbou, ingrat et sans la moindre reconnaissance du ventre, et le mercenaire populiste Hechmi Hamdi s'y sont opposés violemment. Ils auraient sans doute préféré qu'en lieu et place du libérateur de la nation, l'on érige la statue du sioniste John McCain, ou celle de George Soros ou encore mieux celle de George W. Bush, indéniablement l'un des plus grands criminels de l'histoire de l'humanité. Hechmi Hamdi prétend être le président du Courant de l'amour. On peut le nommer sans risque de se tromper le chef du courant de la haine. Ce tartuffe des temps modernes ne fait que semer la pagaille dans le pays avec ses discours haineux incitant à la violence et à la haine. Essayant vainement de retrouver une place sur l'échiquier politique qu'il a définitivement perdue, cette girouette irresponsable fait de son mieux pour se singulariser, en perturbant l'hommage rendu au grand leader du mouvement national. Hechmi Hamdi n'est pas le seul exemple à citer ; il y a à peine quelques années, les dirigeants du mouvement Ennahdha, et à leur tête Rached Ghannouchi, refusaient même d'évoquer ne serait-ce que le nom de Habib Bourguiba. Aujourd'hui que les intérêts ont changé, les nahdhaouis semblent n'avoir plus rien à reprocher au Combattant suprême»... En dépit des polémiques et provocations qui ont accaparé l'intérêt et l'attention de toute la scène médiatique et politique, la statue du «Jugurtha qui a réussi» a finalement repris sa place en plein cœur de la capitale, après vingt-huit ans d'éclipse et d'exil forcé au port de La Goulette. Une place qu'il n'a jamais perdue malgré toutes les tentatives de Ben Ali et de la Troïka de le faire sortir par la petite porte de l'histoire et de s'acharner sur ses indélébiles empreintes sur la Tunisie moderne. Ce retour tant attendu n'est en fait qu'une justice qui lui est rendue par l'histoire. L'inauguration de la statue de Bourguiba le 1er juin 2016 : soixante et un ans, jour pour jour, après le retour de Bourguiba de son exil, signifie une date historique qui symbolise l'unité et la solidarité du peuple tunisien. Bourguiba étant le symbole incontestable de l'indépendance, de l'unité nationale, de la modernité, de la souveraineté, de la liberté et de la fierté. Il représente la Tunisie prospère, la Tunisie de la femme, la Tunisie de l'éducation nationale et la Tunisie de tous les défis. Il n'a pas seulement contribué à l'édification de l'Etat moderne, il a aussi élevé la Tunisie au rang d'un Etat respecté et crédible. Il demeure un homme politique d'une trempe exceptionnelle, car dans la lutte, il n'a jamais hésité à sacrifier sa liberté, dans la vie, il n'a jamais cessé le combat pour la dignité, et dans l'exercice du pouvoir, il n'a jamais cherché l'enrichissement personnel. En effet, il se distinguait par le mépris de l'argent, dont il ne connaissait même pas la valeur. En trente ans de règne, il n'a jamais cherché à s'enrichir et n'a jamais possédé de bien immobilier. Un exemple unique parmi les chefs d'Etat du tiers monde et même des pays les plus développés. Il demeurera pour l'éternité le guide suprême et le père de l'indépendance et de la Tunisie moderne. N'en déplaise à tous ceux à qui la simple idée même de faire revenir la statue de Bourguiba sur l'avenue aura donné les pires cauchemars ... Vivant ou même mort, l'ombre de son ombre est susceptible de déclencher de l'urticaire à tous ceux qui savent qu'ils ne seront jamais de taille pour être à sa hauteur ... D'aucuns se sont sûrement souvenus de l'adage de l'illustre Abraham Lincoln: «On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps». *Médecin-pneumologue