Le football (terrain d'affrontements physiques) ressemble à la politique (terrain d'affrontements sur le plan des idées). Prétendre que la passion du football endort le citoyen et le rend passif politiquement est méprisant pour le sport et pour le peuple de façon générale. Oui, le sport et le football, tout particulièrement, sont utilisés pour permettre d'assoir le pouvoir. Oui, le football exerce une fascination sur la politique. Oui, la tentation de l'utiliser, de le manipuler, de le contrôler est parfois grande tant sa place est grande. Par le biais du football, l'homme politique peut entrevoir l'éventualité de gagner une élection. Il est évident que cela paraît absurde. Et pourtant, c'est une réalité qu'il convient aujourd'hui d'accepter. Etre à la tête d'un club couronné de succès, s'afficher aux côtés de joueurs ou d'une sélection qui vient de gagner sont de nature à faire remonter la cote de popularité d'un dirigeant politique. Cette popularité, ainsi revendiquée, peut permettre de consolider une ascension. Un rayonnement. Les exemples ne manquent d'ailleurs pas : Silvio Berlusconi, Bernard Tapie, Hugo Chavez... La liste est loin d'être exhaustive. Chez nous et depuis 2011, beaucoup d'hommes politiques s'étaient impliqués dans le sport. Essentiellement dans le football. Deux catégories de responsables politiques et sportifs ont alors émergé. La distinction se fait non pas seulement au niveau de la vocation, mais surtout à celui de la démarche. Il y a ceux qui ont découvert le sport à travers la politique. Mais il y a aussi ceux qui ont débarqué en politique grâce au sport. La dimension politique du sport, soutenue par le discours, le comportement et l'attitude de personnalités influentes, est relayée partout: par les médias, les institutions politiques et économiques, voire par les intellectuels eux-mêmes. Derrière ce supposé rayonnement sont réitérées les idées les plus communes, parfois même les mieux convenues pour l'économie locale et pour le système politique et social. Le football (terrain d'affrontements physiques) ressemble à la politique (terrain d'affrontements sur le plan des idées). Les stades sont souvent des lieux de contestations. Généralement, le public foot n'approuve pas vraiment les dérives du foot-business: prix élevé des places, salaires mirobolants, footballeurs millionnaires, capricieux et peu respectueux de leurs devoirs de représenter correctement les couleurs de leurs équipes. En 2011, c'est le public foot qui, par sa colère, a soutenu et adopté les revendications des jeunes et des chômeurs diplômés. Le football peut-il changer le monde? Le football est une distraction populaire, mais souvent dimensionnée à l'extrême. Il faut dire qu'en dépit des excès de tout genre, violence, fanatisme, délire et intolérance, le football peut changer le monde. Il est de plus en plus comparé, voire associé à d'autres industries du spectacle, certes plus « relevées» (musique, théâtre, cinéma, ), mais qui peut être aussi orienté vers le même public. Le football crée le lien social. Il scelle la réconciliation à travers un match qui va symboliquement donner un vainqueur et un vaincu et exacerber les passions. Principale manifestation sportive, la Coupe du monde de football serait l'occasion, comme il y a quinze ans la Coupe du monde de rugby (1995) en Afrique du Sud, d'offrir l'image d'une possible réconciliation du peuple dans toutes ses composantes. Le football comme nécessaire outil de gouvernement démocratique, voilà sans doute l'une des hypothèses les plus prégnantes de ces dernières années. Sans tomber dans les extrêmes, l'on ne doit pas aussi oublier que bien des régimes démocratiques allouent au sport une place fondamentale. Et notamment au football, le sport le plus populaire du monde, et l'un des plus pratiqués. Le football est ainsi le sport planétaire par excellence. Chaque peuple investit dans son équipe nationale beaucoup de fierté et beaucoup d'espérances.