Les Tunisiens se sont réveillés hier avec un mal de crâne généralisé suite à l'annonce de la société britannique Petrofac, exploitant un site à Kerkennah, d'entrer en chômage technique à partir d'hier. Ainsi, 170 salariés viendront grossir les rangs des chômeurs. Après avoir décidé de geler ses plans d'investissement en Tunisie et de préparer son départ de Kerkennah, un site de production qui lui «cause énormément de problèmes». L'entreprise qui a été contrainte d'arrêter sa production suite à l'envahissement de son site de production à Kerkennah, depuis six mois, par les protestataires de la société de l'environnement, et face à l'indifférence glacée du gouvernement, 170 salariés se retrouvent ainsi sans salaire à cause de certains casseurs qui exigent désormais l'abandon des poursuites après avoir agressé les policiers et incendié les postes de police. Depuis 2011, de plus en plus d'investisseurs étrangers quittent la Tunisie. On estime à plus de 300 entreprises étrangères qui boudent chaque année le pays, enregistrant ainsi des pertes d'emplois et de revenus représentant 0.04% PIB par an. Il est à rappeler que Petrofac produit un million de m3 de gaz par jour et que sa fermeture, une seule journée, cause des pertes de l'ordre de 400 mille dinars par jour dont plus de la moitié revient à l'Etat tunisien. Ceci sans parler du fait que la Steg, qui est ravitaillée à partir de ce gaz, se voit à chaque blocage obligée d'importer le gaz de l'Algérie pour assurer ses besoins pour la production d'électricité. Pourtant, l'Etat, qui, dans les forums et les tribunes internationales ne cesse de multiplier ses messages à l'adresse des investisseurs étrangers, mettant en avant les acquis de la Révolution, est sur le terrain, peu enclin à se ranger du côté des investisseurs déjà en activité dans le pays. Ils sont livrés au bon vouloir des contestataires de tous bords. Ainsi, les gouvernements successifs ont opposé pendant cinq ans une passivité choquante quant aux problèmes sociaux dans lesquels se débattent seuls ces investisseurs. En effet, cette passivité a poussé des partenaires historiques, à l'instar de Petrofac, à revoir leurs engagements en Tunisie. Les conséquences ravageuses du départ de quelques enseignes, se sont vite fait ressentir, notamment sur l'emploi, le développement et les équilibres financiers du pays.