A comme année et à l'heure où paraîtront ces lignes nous aurons vieilli d'une année supplémentaire. Il est donc possible après une année révolue de procéder à une première analyse de ce que nous avons fait , avec assez de recul pour qu'on fasse soit son mea culpa soit de décider de s'y mettre pour corriger ses erreurs et aborder la nouvelle année avec plus de rigueur, de discipline et de droiture. C'est qu'en dépit des quelques résultats glanés ici ou là, les choses ne se sont pas passées tel que le mérite notre pays. Un pays qui, pour les uns est un exemple, pour d'autres un mauvais exemple. En effet, la Tunisie n'a pas que des amis qui lui veulent du bien. Il y a malheureusement ceux qui essaient de nous enfoncer davantage dans des problèmes que nous avons créés nous-mêmes par faute de discernement. A l'instigation de ceux qui nous ont «conseillés» pour que ça aille mieux. Nous avons refusé les diktats. D'où des difficultés pour investir. Dans le sport par exemple. Notre ministère gère tout en marchant sur des œufs. Il y a pourtant des urgences qui n'attendent pas. En sport nous avons des problèmes de toutes sortes. Ils commencent soit au sein des fédérations nationales sportives, soit dans les clubs dont la majorité est désargentée, en passant par le Comité national olympique qui est loin de jouer le rôle modérateur qui est le sien. B comme basket. Un sport qui ne sait plus sur quel pied danser. Un jour c'est blanc et un jour c'est noir. Les équipes, qui sont à la base de son existence, sont presque toujours les mêmes. Avec des moyens de plus en plus amoindris. Malheureusement, cela influe sur la qualité du jeu et détourne ses fans vers d'autres activités plus intéressantes. Nous avons beaucoup perdu de notre efficacité et nous avons eu l'assurance que nos meilleures performances sont surtout dues à une ou deux individualités qui, malheureusement, ne sont plus en âge de faire prévaloir cette domination. Nos titres, nous les avons perdus et il sera difficile de les retrouver avec la montée en puissance de nos adversaires potentiels, nantis de moyens plus conséquents et surtout d'une volonté de progresser et de déranger l'ordre établi. Bien entendu, la valse des sélectionneurs nationaux n'est pas pour encourager une programmation à long terme. Une année où nous avons perdu pied en Afrique et où nous ne sommes ni aux J.O. ni au Mondial. Le basket tunisien ne peut se suffire de menus fretins. C comme creuset des sports. Qui cela pourrait-il être sinon cette masse de plus de deux millions et demi d'individus qui vont à l'école, aux collèges, aux lycées et aux universités ? Un bloc compact qui ne demande qu'à sortir de sa torpeur pour venir renforcer le potentiel existant. Mais avec quels moyens si toutes les bonnes dispositions prises ont été rangées au placard et qu'un instituteur en jean se porte volontaire pour «faire du sport» à ses élèves. Lorsqu'il veut bien le faire. Où sont les mille terrains promis, où sont les cadres formés à grands frais par les écoles spécialisées et où en est l'Education physique et sportive au sein des programmes scolaires ? On entend parler de grèves et de journées de protestations mais jamais d'enfants et de jeunes pris en charge et encadrés, passés au crible dans le cadre d'une prospection rigoureuse pour garantir la relève et assurer l'avenir. Quel avenir alors que même les cours d'éducation physique paraissent sur le point d'être remis en question ? Et ni le ministère des Sports, ni celui de l'Education nationale ne bronchent ou s'inquiètent de cette situation catastrophique pour, non pas le sport tunisien, mais pour la santé de nos prochaines générations. D comme délabré tel que l'est le Lycée sportif où nombre de notre élite avait été encadré pour poursuivre ses études et s'astreindre à une préparation rigoureuse qu'exige un athlète, un sportif d'exception. Encore une fois, il y a une des deux parties en cause qui n'a pas compris ce qu'est le sport moderne et ses exigences. Alors que nous avons été pionniers, nous sommes actuellement dépassés par cette sorte de partage des tâches qui n'est, en vérité, qu'obstacles et entraves que pose une administration tatillonne qui tire vers le bas. Une visite conjointe des deux tutelles serait la bienvenue. Elle sera peut-être programmée pour se rendre compte de ce qui se passe et prendre les dispositions qui s'imposent. L'année 2024, apportera-t-elle une reprise en main et une mise à niveau, en décidant, avant toute chose, un seul responsable pour mettre un terme à cette responsabilité partagée qui bloque tout et empêche toute progression. E comme El Menzah et sa Cité sportive. Nous avons tous vibré aux exploits que cette vénérable cité a abrités. Elle a vieilli mais n'a pas trouvé la main secourable pour lui éviter l'effondrement. Des équipements dépassés, des bâtiments qui menacent ruine, non pas à cause des gestionnaires, mais bien en raison du peu de moyens (encore !) dont ils disposent. Le stade de football est en réfection, et ce, à la suite des défauts relevés dans l'exécution des travaux. La visite du Chef de l'Etat a mis toutes les parties prenantes devant leurs responsabilités. Un groupe de jeunes ingénieurs, techniciens et gens du domaine se sont portés volontaires pour assister l'entreprise et veiller à l'accélération des travaux. C'est ce volontarisme qui nous manque comme si tout ce que possède ce pays appartient seulement à un groupe de citoyens et non pas à la nation entière. En écho, pour la réfection des autres installations de cette cité, il y a eu création d'une Commission qui veillera sur l'exécution et la réfection de toute cette infrastructure. La meilleure nouvelle de cette fin d'année 2023. F comme, bien sûr, football. Que n'a-t-on pas dit de ce sport qui captive non pas notre population seulement mais toute la planète ? Jamais assez quand même, pour ce sport business qui envahit, étreint à étouffer et, bien entendu, ne cesse de gagner du terrain et de brasser des sommes astronomiques. Pour ce qui nous concerne, nous avons bien des choses à faire ou à régler. Les résultats de nos jeunes comblent de satisfactions les puristes qui, de toutes les façons, s'inquiètent du devenir de ces éléments pour lesquels, les sirènes étrangères, côté Golfe, sonnent pour les débaucher. La politique actuellement en vigueur au niveau de la prospection des valeurs et de la sélection laisse à désirer. La chasse aux jeunes Tunisiens vivant à l'étranger ne doit en aucun cas détourner l'attention des différentes parties prenantes car nous risquons de perdre au change. Mais, pour que les choses aillent tel qu'il le faut, il faudrait des techniciens de poigne et à la personnalité bien moulée dans une rigueur qui fait actuellement défaut. G comme Ghofrane Belkhir, championne du monde (2021) et championne d'Afrique (2022) d'haltérophilie, qui a remporté le Prix de la meilleure sportive arabe en 2023, à l'issue de la 12e édition du Prix Mohamed Ben Rashid Al Maktoum pour la créativité sportive. La championne tunisienne a étoffé son riche palmarès en remportant deux médailles d'or aux Championnats du monde d'haltérophilie à Tachkent, Un premier titre mondial à la Tunisie dans cette discipline. En juillet 2022, championne d'Afrique, elle avait conquis la médaille d'or aux Jeux Méditerranéens d'Oran, H comme ??? Qui voulez-vous d'autre que le grand (modeste, gentil, poli et valeureux) Hafnaoui ? Un jeune qui a impressionné non pas seulement par ses qualités athlétiques mais aussi et surtout par son humilité. Ayoub Hafnaoui, c'est un jeune qui a su donner du temps au temps pour s'occuper de ses études puis d'accorder à sa préparation le sérieux qu'elle méritait. Et il a réussi en devenant champion olympique et champion du monde. Une belle performance qui justifie l'idée que l'on a de lui dans le monde et auprès de ses fans. Il a imposé une assurance : les Tunisiens sont doués pour la natation et leurs champions se succèdent dans une lignée remarquable de régularité. Sa préparation n'a pas été facile et bien des tourments lui ont été infligés par des autorités sportives qui considèrent qu'une bourse est une aumône que l'on octroie lorsqu'on est de bonne humeur. Il a tenu bon, au point de donner à ceux qui lui ont mis les bâtons dans les roues la leçon de leur vie. Il s'agit pour lui de confirmer cette stature qui honore en apparaissant sous son meilleur visage aux JO de Paris dans quelques mois. Tout à fait dans ses cordes. I comme interférence, cette mauvaise manie de voir l'administratif se mêler du technique et qui conduit souvent vers des catastrophes. Il n'en demeure pas moins que cela est valable pour presque tous les sports et cela ne facilite pas la tâche du personnel d'encadrement qui veille sur une section, une équipe et qui se trouve devant des interventions qui sapent ses efforts et son application. Dans tous les cas de figure, cette interférence finit par se payer, et ce, aux dépens des intérêts des équipes. Nous savons que dans certaines disciplines, l'équipe est composée en prenant en considération les «clans» qui s'opposent et dont les membres sont tous dévoués au meneur qui impose ses «protégés». Ces agissements sont contraires à l'éthique sportive et finissent par décourager ceux qui se retrouvent face à une porte fermée. Les exemples sont nombreux. Nous ne citerons pas de noms et les dénonciations durement réprimées par ceux qui acceptent ces dépassements ne font qu'alourdir l'ambiance et nourrissent les rancœurs entre les joueurs. J comme Jeux olympiques ! 2024 est une année olympique au terme de laquelle les nations avancées, organisées et en possession d'un programme qui se respecte, se préparent à faire le bilan de leurs activités, efforts, applications tout au long des quatre années de pression. C'est ainsi que l'on agit et les générations spontanées ne sont que des exceptions desquelles on peut toujours profiter mais qui ne font nullement partie des prévisions. Au contraire de celles qui attendent avec ferveur et frayeur les exploits de ceux qui ont surgi du néant pour permettre à un responsable de se pavaner un bouquet de fleurs à la main pour saluer un champion pour lequel il n'a contribué en rien à son éclosion. Ainsi est fait le sport. Il y a des champions et ceux qui ne savent que prendre le train en marche. K comme Khelil Jendoubi qui a raflé l'or au championnat du monde de taekwondo, disputé à Taïwan, après avoir battu en finale le Sud-coréen Jun Jang. Jendoubi a fait d'une pierre deux coups en validant officiellement son billet pour les Jeux olympiques de Paris 2024 et en se retrouvant en pôle position au classement olympique international. L comme ligues. Ces ligues qui sont en principe les représentantes des comités directeurs des fédérations et qui sont quelque peu livrées à elles-mêmes et qui sont pourtant les chevilles ouvrières d'une discipline sportive dans les régions les plus reculées. Leur rôle, à notre sens, ne se limite pas à organiser et agir sur le plan administratif mais il nous semble qu'elles devraient être plus actives surtout dans les zones reculées du pays. La prospection devrait entrer dans leur rôle. Trouver un sujet dont la morphologie dépasse la normale, utile pour le basket-ball, l'athlétisme ou le volley-ball par exemple, entre dans leurs prérogatives étant donné qu'elles sont en contact permanent avec la population et les différentes parties prenantes du sport dans la région. Il faut dire que c'est également aux fédérations de motiver et d'inciter leurs ligues à être plus actives et non se suffire des questions administratives. M comme Mokrani Béya et Sophie Ghorbel, qualifiées aux JO de la jeunesse d'hiver. Des jeunes qui ont honoré les couleurs nationales. Ces jeunes Tunisiennes et Tunisiens qui vivent à l'étranger ont tout fait pour représenter leur pays d'origine dans diverses compétitions internationales. Après Johnattan Lourimi, premier Tunisien qualifié en Bobsleigh pour les JOJ d'hiver, ces deux jeunes filles ont réussi leur dernière étape qualificative en Autriche (2 courses) des Omega Youth Series à Innsbruck et ont remporté le droit d'être présentes à Gangwon. N comme natation, ce sport qui fournit en dépit du peu de moyens dont il dispose, de manière régulière, des champions. Cette discipline sportive se «bat» mal pour avoir des moyens conséquents auprès des autorités de tutelle, alors qu'elle est en mesure de se prévaloir des résultats de ses cracks pour demander le minimum vital, Combien y a-t-il de piscines utilisables dans un pays qui dispose de plus de deux mille kilomètres de côtes? Ses champions doivent tout, absolument tout, à leurs parents (et à un degré moindre à leurs clubs) qui ont cru en eux, ont investi, soutenu le rythme infernal des entraînements, consacré les sacrifices que nécessite l'éclosion d'un champion. Les clubs, à l'étroit, se battent pour un couloir. Les techniciens sont en surcharge. Les dirigeants ont du mal à assurer le minimum vital pour leurs sections. Et pourtant, miracle, la natation tunisienne fournit des champions olympiques et des champions du monde ! O comme la Ministre du bonheur Ons Jabeur. Que dire de cette championne exceptionnelle qui a tant fait (elle n'a pas fini de nous étonner) pour le tennis certes mais aussi pour le pays. Nous retiendrons, pour cette année, l'entorse au protocole que la princesse de Galles, qui avait assisté à la finale de Wimbledon, a faite en donnant une chaude accolade à notre championne. Une championne qui ne laisse personne indifférent, donne l'exemple et qui possède un cœur en or. P comme pétanque et les résultats conquis de haute lutte par des éléments qui s'adonnent à un travail fou qui leur permet de se classer parmi les meilleures spécialistes au monde. Mouna Béji a réussi à être la meilleure. Elle a eu le mérite de remporter la médaille d'or, au championnat du monde de pétanque au Bénin. Q comme qualification qui semble être pour bien des responsables ou équipes que c'est le but suprême et qu'après advienne que pourra. C'était valable juste après l'indépendance. Mais après la mise en place d'un sport qui produit ses propres cadres et découvre ses propres champions, la qualification est devenue un objectif pour se confronter aux meilleurs. Elle n'est donc pas une fin en soi et le «Coubertinisme» n'est plus de rigueur. On participe pour brouiller les cartes des meilleurs et déranger ceux qui se sentent, avant même d'entamer la compétition, champions. L'essentiel n'est donc plus de participer mais bien de se placer honorablement parmi l'élite. Qu'on se le tienne pour dit à la veille des JO de Paris ! R comme règlements régissant le sport en Tunisie. Une réglementation qui tarde à venir, alors que règne une véritable gabegie. Celle que vivent un certain nombre de fédérations face à des situations inextricables, d'où l'obligation de remercier les comités directeurs en place pour les remplacer par un comité provisoire pour éviter de bloquer la situation. Mais ce provisoire dure depuis un bon bout de temps et l'organisation des assemblées générales tarde à être programmée. A moins que l'on veuille attendre la promulgation de la nouvelle loi régissant le sport. C'est, à y réfléchir, une bonne chose pour éviter de voir les nouveaux élus se prévaloir des règlements actuels qui ont conduit à bien des impasses et imposé des roitelets imbus de leur petite personnalité. S comme santé dans un sport qui est en fin de compte piloté par les scientifiques. Les centres médico-sportifs sont devenus les principaux alliés du sport d'élite. A se poser la question si le notre est à la pointe du progrès, alors que notre centre antidopage est sous sanction jusqu'à régularisation de son dossier. Notre élite est prise en charge par ses médecins traitants (nous ne manquons pas de compétences) dans des cliniques privées, faute d'équipements complets, ou adéquats. Nous sommes en l'an 2024 et il y a des choix à faire. T comme terrains de compétition qui ne pourront jamais être homologués. Nous continuons à ouvrir un stade pour en fermer un autre. Les moyens alloués sont généralement mal utilisés. Les plans et normes ne sont jamais respectés. Les coupables sont-ils sanctionnés pour ces fautes professionnelles et pour leur incidence sur le manque à gagner qu'occasionne les retards et les bévues qui rendent toute une infrastructure inutilisable? Personne ne le sait. U comme unanimité. Il y a actuellement une unanimité pour assurer que le sport féminin est un choix prioritaire. A voir les résultats de cette année passée, nous constatons que nos filles sont partout, glanent des titres et des médailles. Leur marge de progression est énorme. Elles possèdent de la qualité. Il faudrait s'y mettre pour les dénicher, les mettre en confiance et leur accorder les moyens de se mettre en évidence. C'est un choix à faire tout en prenant en compte que la création de clubs féminins est une priorité. Dans ce domaine, le sport scolaire et universitaire est un allié sûr pour la réussite. V comme vérité et elle n'est pas toujours bonne à dire. Pourtant le sport est une activité où la franchise et la droiture sont des qualités incontournables. En sport, on triche mais on se fait rattraper par la vérité. C'est la raison pour laquelle il faut dire la vérité, n'en déplaise à ceux qui n'ont rien à faire dans un milieu qui exige des mains propres et un esprit ouvert. W comme... Walid Ktila à 38 ans, ce champion paralympique ne compte pas s'arrêter après les JO de Paris. Il espère être présent aux JO de Los Angeles en... 2028. Avec une carrière exceptionnelle, ce détenteur de cinq records du monde, champion du monde du 100 m, 200 m, 400 m et 800 m de sa catégorie T38 pour les courses du fauteuil roulant, il est également champion paralympique en 100 m et 200 (Londres 2012), en 100 m (Rio de Janeiro 2016), en 100 m et 800 m à Tokyo en 2021. X comme xéranthème cette plante immortelle à laquelle ressemble un certain nombre de nos champions qui ont réussi, grâce à leur comportement et à leur carrière exemplaire, à voir revenir sur toutes les lèvres leurs noms et la portée de leurs exploits. Y comme yoyo ce petit jouet qui monte et qui descend imitant l'intensité et le rythme de nos compétitions sportives. Un rythme qui agit négativement sur les programmes de préparation et empêche l'acquisition d'une forme acceptable pour les pratiquants. Cela démontre la mauvaise gestion des calendriers de la part de presque toutes les fédérations. Z comme zeste de compréhension que l'on pourrait attendre de la part du public qui enfonce le clou à chaque fois qu'un joueur commet une faute au risque de le coincer mentalement et bloque toute initiative individuelle.