Parce qu'on devrait pouvoir s'en sortir avec l'art et la culture en sac à dos, que l'association l'Art Rue, en collaboration avec Artwatch Africa, a organisé cette formation de 4 jours. La société civile ne chôme pas. Vu la marche du monde, l'état de nos structures et institutions, les problèmes des droits humains qui ne sont pas encore résolus... elle n'a pas d'autre choix que d'oublier de prendre des vacances et travailler. L'événement du 12 au 15 juillet 2016 en est la preuve. Il s'agit d'une formation sur les droits culturels et droits de l'artiste en Tunisie, organisée par l'association l'Art Rue en collaboration avec Artwatch Africa, un programme d'Arterial Network. Rappelons que l'Art Rue est une association tunisienne qui souhaite démocratiser l'art contemporain en travaillant au plus proche des communautés. Elle est porteuse de projets artistiques citoyens et innovants en espace public et en articulation avec le territoire. Cette formation a eu lieu à Dar Bach Hamba, un des anciens palais de la Médina de Tunis, où l'association a déposé ses valises depuis juillet 2015. Quant à Arterial Network, c'est ce réseau dynamique fondé en 2007, composé d'ONG, d'institutions, d'entreprises du domaine de l'économie créative, de festivals, ainsi que d'artistes individuels et d'acteurs et actrices du secteur culturel africain. La formation en matière de droits culturels et artistiques est son projet phare. C'est ainsi qu'il a mis en place Artwatch Africa, un programme visant à suivre les défis et les contraintes qui pèsent sur la liberté d'expression créative dans les pays africains, y compris les diverses formes de censure qui prévalent dans certaines régions. Artwatch organise régulièrement des formations interactives, dont l'objectif n'est pas d'apporter des réponses figées à toutes les questions, mais de permettre de poser les bases, de se restructurer et de développer personnellement et collectivement la même définition de ce qu'on appelle Droits de l'Artiste et Liberté d'expression créative. La formation, qui vient d'avoir lieu à Tunis, était gratuite et s'est adressée aux artistes tunisiens de Tunisie, aux acteurs culturels engagés, aux individus employés, ou membres dans des organismes culturels et artistiques ou pour les droits humains, ainsi qu'aux journalistes, bloggeurs et podcasteurs dans le domaine culturel. Pendant les séances de travail, les participants devaient renforcer leurs capacités en matière de droits des artistes et des droits humains en Tunisie ; apprendre à promouvoir et défendre de façon pro-active les droits à la liberté d'expression créative ; apprendre à construire une coopération entre le secteur culturel et celui des droits humains en Afrique, et acquérir des outils de plaidoyer afin de défendre les droits des artistes. Car ces journées passées en huis clos à Dar Bach Hamba étaient également l'occasion de faire un état des lieux concernant la question du statut de l'artiste en Tunisie, afin de mettre en place un plan d'action et de faire des propositions au ministère de la Culture, représenté en la personne de la ministre Sonia Mbarek, et qui prépare une loi sur cette même question. A la fin de la formation, les participants étaient en mesure de connaître les principaux instruments et mécanismes quant à leurs droits, d'alerter, de faire le suivi et de rédiger un rapport sur les différents cas d'atteintes à la liberté d'expression créative, de mettre en place un plan d'action pour l'établissement d'un cadre quant au statut et droits des artistes en Tunisie, de sensibiliser les médias et la société civile sur le projet Artwatch Africa et sur les enjeux de la liberté d'expression créative dans la société et aussi sur la reconnaissance des droits des artistes, et enfin d'informer et de mettre à jour (articles, blogs, réseaux sociaux) les données sur la liberté d'expression créative et les cas d'infraction.