Par M'hamed JAIBI L'annonce de la «non-candidature» de Yacine Brahim à un poste ministériel au sein du gouvernement Chahed, faite par des dirigeants d'Afek Tounès, est significative d'une certaine mentalité égocentrique chez les politiques tunisiens. Ils se réclament du patriotisme et mettent en avant l'«intérêt supérieur du pays» tant que leurs petits calculs de boutiquier ne sont pas en cause. Tout change dès lors que le vent ne souffle pas dans leurs voiles. L'idée d'un gouvernement d'union nationale destiné à faire la synthèse des différentes visions à propos du sauvetage du pays, portées par les différentes forces politiques et sociales, implique l'impératif d'un altruisme assumé de la part des partis et organisations parties prenantes du projet. Or Afek Tounès en est un. Et Afek Tounès a un important rôle à jouer en tant que facteur d'équilibre dans la mise en forme et la concrétisation du programme de sauvetage national. Champion desdites «grandes réformes» qu'attendent citoyens et investisseurs, Yacine Brahim — qu'il fasse ou non partie du gouvernement — aura son mot à dire et son rôle à jouer dans la construction de la stratégie unitaire de sortie de crise. Même si «son» plan quinquennal de développement devait être substantiellement retouché. La recherche d'un plan de compromis ne peut faire l'économie d'ajustements qui sachent ménager les craintes exprimées par certaines forces sociales ou intérêts nationaux. La recherche du compromis est, aujourd'hui, une composante essentielle de l'intérêt national, il est important que toutes les forces actives de la nation y souscrivent. Afin de doter le pays de la cohésion nécessaire à sa remise en route, et de faire passer au second plan tout ce qui peut nous diviser et nous affaiblir. Il s'avère désormais essentiel de faire la différence entre les candidats au compromis et les candidats tout court. A l'heure, grave, du sauvetage, l'unité prime et l'engagement exige altruisme et abnégation. Des hauteurs dont se réclament autant Afek Tounès que son président.