La circulation automobile dans le Grand-Tunis est devenue vraiment infernale. Aux heures de pointe — qui ne cessent de s'allonger — des milliers de voitures sillonnent les rues et les artères roulant parfois au pas. Les feux rouges sont parfois grillés par ces automobilistes qui veulent arriver à leur destination en un minimum de temps, faisant fi du Code de la route. A l'entrée sud de la capitale, chaque jour, des embouteillages monstres sont constatés aux heures de pointe. La rue Saâd-Zaghloul est prise d'assaut par des véhicules, voire des camions. Il faut mettre beaucoup de temps pour pouvoir sortir de cette cacophonie. Les automobilistes font souvent fi des feux de signalisation. Les piétons trouvent du mal à traverser la chaussée. C'est presque le même cas au niveau de la Place Pasteur. De nombreux automobilistes se déplacent dans tous les sens. Plusieurs infractions sont enregistrées dans ce point névralgique de la capitale où l'on ne respecte pas la priorité. Certains véhicules se dirigent vers la rue de la Liberté qui est également utilisée par les bus publics et privés ainsi que les taxis. Quelques automobilistes ne s'empêchent pas de garer leur voiture en deuxième position rendant la circulation encore plus difficile. Du côté d'El Manazeh, le désordre du trafic automobile est total, dans la mesure où les conducteurs, dans leur majorité, ne respectent pas la réglementation en vigueur. Une situation qui perdure Cette situation dure depuis des années et malgré la révision du plan de circulation dans la Ville de Tunis et la construction de ponts — comme celui de la rue de la République — le problème est loin d'être résolu. On constate toujours des embouteillages dans plusieurs points névralgiques. Même les lieux de stationnement ne semblent pas satisfaire une demande de plus en plus grande. Les automobilistes sont souvent obligés de garer leur voiture d'une façon anarchique, ce qui complique davantage une situation déjà précaire. Les grues et les sabots sont là pour dissuader les contrevenants. Selon M. Naceur Khélifi, directeur de la circulation à la municipalité de Tunis : «La circulation dans le Grand-Tunis est effectivement difficile. Dans toute la République, on enregistre annuellement un parc de 80.000 à 90.000 véhicules dont 50% se trouvent dans le Grand-Tunis. La révision du plan de circulation se fait après cinq ou six ans notamment au niveau de certains points névralgiques comme les carrefours et les points noirs». Certains automobilistes ne veulent pas abandonner leur voiture particulière pour emprunter le transport en commun, compte tenu de la qualité des prestations au-dessous de la moyenne. En effet, les bus du transport en commun — notamment ceux de la Transtu — ainsi que le métro sont encombrés aux heures de pointe. Certains citoyens ne sont pas disposés à subir les bousculades et le harcèlement quotidien, alors ils préfèrent leur voiture quitte à affronter la densité de la circulation. On espère qu'avec le projet du Réseau ferroviaire rapide (RFR), le transport en commun s'améliorera pour attirer un maximum d'usagers. Nouveaux parkings programmés Et notre interlocuteur de préciser: «Dans certains pays européens, une taxe est imposée aux automobilistes qui veulent emprunter certaines artères névralgiques, et ce, pour réduire la densité de la circulation. Une telle taxe qui est encore au stade de l'idée pourrait être appliquée dans la Ville de Tunis, notamment pour certaines artères très fréquentées, l'avenue Mohamed-V et la rue Taïeb-Mhiri. L'application d'une telle taxe nécessite l'installation des équipements nécessaires et particulièrement des caméras dans certains points». Certains pays ont appliqué une autre solution, à savoir l'autorisation de la circulation de certaines voitures pour les jours pairs et d'autres voitures pour les jours impairs pour diminuer la pression du trafic. I. Khélifi est contre une telle solution car, selon ses dires, elle prive l'automobiliste de l'usage quotidien de son véhicule. Par contre appliquer une taxe de circulation dans certaines artères est une solution appropriée qui incitera sûrement les automobilistes à emprunter un moyen de transport individuel (taxi) ou en commun (autocar) plutôt que de prendre leur voiture. Par ailleurs, une commission regroupant les intervenants concernés serait constituée en vue d'examiner les méthodes adéquates pour pénaliser le stationnement interdit. Ainsi, les contrevenants seront verbalisés suite à la détection de leur infraction. Le procès serait envoyé au contrevenant chez lui, preuve à l'appui, pour payer le montant de l'amende. Cette nouvelle méthode de verbalisation serait ajoutée au travail effectué par l'enlèvement par grue et les sabots. Quelques années plus tôt, un important projet relatif au plan de circulation a été prévu avec le partenaire espagnol. Il avait pour objectif de diminuer l'embouteillage dans les artères de Tunis. «Ce projet n'a pas été abandonné, rassure M. Khélifi. L'étude a, à elle seule, coûté 500.000 dinars. La municipalité de Tunis n'est pas en mesure, à elle seule, de fournir le financement de ce projet coûteux qui nécessite l'intervention de l'Etat. On est en train de chercher les bailleurs de fonds qui seraient intéressés par le financement d'un tel projet». Pour ce qui est du stationnement, le directeur de la circulation nous informe que quatre parkings seront aménagés, dont un à Bab El Khadhra en sous-sol avec commerces et bureaux, un à la Kasbah près de l'ancien bâtiment du parti destourien, un à Mokhtar-Attia en face de Central Park et un autre près du marché de Sidi-Béchir. Suite au lancement de l'appel d'offres qui se poursuit jusqu'au 30 septembre, 16 sociétés ont déjà présenté leur soumission. On espère que ces parkings contribuent un tant soit peu à résoudre le problème de stationnement, mais aussi de la circulation dans la Ville de Tunis qui se caractérise par un tissu urbain exigu.