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Portraits croisés des entraîneurs de la finale : Self made-man contre surdoué Finale de la Coupe de Tunisie — Samedi prochain à 17h00 au Stade de Radès : CA-EST
Pour lancer la saison 2016-2017, il n'y a pas mieux que le derby tunisois, garant de passion, de rivalité ancestrale et de spectacle... dans les tribunes Espérance Sportive de Tunis-Club Africain, c'est aussi un duel de stratèges au profil diamétralement opposé. D'abord au niveau de l'expérience. Lorsqu'il remporta sa première (et jusque-là unique) Coupe de Tunisie, en 2001 pour l'ouverture du stade de Radès, Ammar Souayah avait déjà conduit l'Avenir Sportif de Oued Ellil parmi l'élite. L'exploit réussi en Coupe de Tunisie à la tête du Club Sportif d'Hammam-Lif, qui a piégé l'Etoile Sportive du Sahel (1-0) grâce au petit lutin Anis Ben Chouikha, a donné un coup de fouet à une carrière jusque-là plutôt anonyme. De suite, ce fut le grand bond en avant, l'Etoile d'Othmane Jenayeh se rabattant sur un technicien capable de transcender, l'espace d'une finale, un ensemble moyen et abonné à une âpre lutte pour la survie parmi l'élite. Malgré un parcours moyen, le club-phare du Sahel confirma un entraîneur en vogue, prenant même en charge une opération qu'il dut subir. Sa patience allait être récompensée par une Coupe d'Afrique des vainqueurs de coupe 2003. Souayah conduisit même durant ce bail l'équipe de Tunisie au Mondial 2002 au Japon et en Corée du Sud, en compagnie de Khemais Laâbidi et Youssef Zouaoui. Le coach de l'Espérance, c'est l'anti-star par excellence. Joueur, il eut une carrière fort modeste à la Jeunesse Sportive de Tebourba, dont personne ne soupçonne ni l'existence ni la division à laquelle elle appartient. Entraîneur, il roula sa bosse durant deux bonnes décennies à la tête de petits clubs divisionnaires de l'intérieur du pays. Travailleur-né, ce self made-man doit son ascension aux vertus du labeur, de la patience et de l'effort, brisant le carcan du vedettariat et des préjugés. Cela ne donne que davantage de mérite à son ascension. Ce parcours atypique, il ne le doit au fond à personne, n'ayant jamais été quelqu'un du «sérail», son milieu naturel s'appelant le foot divisionnaire amateur. Les sunlights de l'actualité et des médias, il ne les goûte presque jamais. Test de maturité A contrario, Kaïs Yaâcoubi a fait une grande carrière d'attaquant dans un des clubs phares du pays, le Club Africain. Surdoué, il appartient à la fameuse sélection juniors présente au Mondial russe 1985. Champion de Tunisie 1990, il a été un an plus tard de la fameuse campagne du quadruplé, Coupe d'Afrique des clubs champions comprise. Son CV d'entraîneur ne comporte presque que des noms de clubs de L1 (CA, USM, ASM, SG, ESBK et... EOGK, le club de sa ville natale qu'il conduisit en L1). C'est dire le côté diva du personnage, et toute l'aura qui l'entoure du fait d'un CV plutôt impressionnant, amplifié par son exercice en tant que consultant à BeIN Sport. L'enfant du Kram avait déjà drivé le club de ses premières amours en 2010-2011. Il en garde un souvenir plutôt mitigé. Depuis, il a inévitablement mûri comme son dernier passage par El Gaouafel de Gafsa le démontre. Par conséquent, ce come-back à Bab Jedid constitue l'examen idéal de maturité dont il a réussi les premiers tests. En attendant le test suprême, la première finale de Coupe où il se trouve aux commandes d'un CA revanchard. A cinquante ans, il serait temps pour lui de savourer un premier sacre dont la première conséquence serait d'asseoir tout autant son autorité que sa légitimité dans le giron «rouge et blanc».