On ne va pas se mettre à raconter les titres, les exploits et les consécrations de l'équipe. On se propose seulement de présenter, à l'occasion de la tenue de l'assemblée élective dans laquelle deux listes se portent pour la première fois candidates, un modèle et une référence du football tunisien. Le CSS est l'un des rares clubs à se prêter parfaitement à la légende. Une telle légende qu'il a appris à définir à travers les périodes, les contraintes, les obligations, mais aussi et surtout la passion dont ses joueurs, mais également ses responsables et ses entraîneurs, entretiennent pour le jeu et pour tout ce qui fait respirer le football. Lui donne une raison d'être et le démarque des choses ordinaires. Au fond, parler du CSS, c'est comme évoquer tout un aspect important et majeur du football tunisien. Son histoire, comme celle de tous les grands clubs, est assez particulière. On peut dire qu'il a apporté, et qu'il continuera certainement de le faire, un regard nouveau sur le football. Mais parler du CSS consiste aussi à s'immerger dans une des formes typiques de la vie sportive. La légende sfaxienne ménage les contraires, mêle les avantages et les qualités du jeu individuel à ceux préconisés dans le jeu collectif. Elle joue sur les registres du football total, tantôt familier et payant, tantôt frustrant et perdant. Elle sollicite l'imaginaire tout en restant ancrée dans le réel. On ne va pas se mettre à raconter les titres, les exploits et les consécrations de l'équipe. On se propose seulement de présenter, à l'occasion de la tenue de l'assemblée élective dans laquelle deux listes se portent pour la première fois candidates, une référence du football tunisien. La passion pour le jeu, le football comme spectacle, source d'émotions chez les différentes générations qui s'y étaient succédé, n'ont que très rarement cédé à l'effet de mode et les restrictions tactiques. Triomphe, défaite, joie, douleur, espérance et crainte. En tant que spectacle se suffisant à lui-même, le football du CSS se rapproche dans ses différentes formes et tonalités des attachements et de l'enthousiasme des puristes. Avec leur unité de lieu, de temps et d'action. Par son refus constant de se soumettre à l'identité et aux aléas d'un football dénaturé, l'équipe sfaxienne n'est jamais là où l'on pouvait vraiment s'attendre à la trouver. Cette permanente quête d'inspiration et d'imagination, cette mouvance obsessionnelle et instinctive pour la créativité et la spontanéité qui caractérisent la vie et l'œuvre de l'équipe, révèlent un football rebondissant, jaillissant. Un corps-à-corps avec le don et le talent. Le langage dont les joueurs d'exception font une marque de fabrique. Tant le jeu et le parcours du CSS marquent un décalage, un déphasage par rapport à ce qui existe et à ce qu'on a pris l'habitude de voir et de vivre. On sait déjà que quoi qu'il arrive, le CSS aurait marqué les esprits avec sa manière de jouer, avec le comportement et le rendement de ses joueurs sur le terrain. Faut-il admettre aujourd'hui l'idée que l'avenir du football est lié à ce genre d'équipe et qu'il est fait de jeu, de créativité et d'attaque plutôt que de passivité, de soumission, tendance et de formule défensives? Une bénédiction pour le football La plupart des matches du CSS sont, en effet, le genre de parcours qui laisse forcément des souvenirs et qui donne l'envie réelle de respirer l'air du foot. Quand on regarde l'équipe évoluer et se démêler dans les différentes épreuves, il y a de quoi être impressionné, surtout par rapport à ce que d'autres équipes laissent entrevoir. Le football tel qu'il est revendiqué au CSS est un football à part. Inaccessible aux joueurs ordinaires. A ce niveau, ce n'est pas seulement un jeu, mais c'est également un autre monde. Le CSS peut être ainsi amené à exprimer des choses au-delà de ce qu'on pourrait attendre. Lorsqu'il se donne des responsabilités, il peut toujours avancer, progresser. C'est une vocation, une conviction dans la mesure où ses joueurs peuvent à tout moment épouser tous les styles, relever tous les défis. Tout ce que cela peut susciter, et surtout provoquer, est une bénédiction pour le football tunisien. On peut toujours discuter du mérite des uns et des autres, de l'impact de telle ou de telle équipe, du degré de crédibilité. Mais il y a des données qui ne souffrent point la contestation.