Beaucoup de joueurs savent jouer, se démêler sur le terrain, mais peu parviennent à s'imposer et à gagner. Certains entraîneurs ne manquent pas de trancher à ce sujet quand ils évoquent le rôle des joueurs-cadres dans leur effectif. Le football tunisien est devant un vide abyssal. La plupart des équipes n'ont pas suffisamment de jeunes joueurs susceptibles d'assurer la relève des cadres, ceux qui assuraient jusque-là et à leur manière stabilité et équilibre au sein de leurs équipes respectives. Seule l'Etoile, et à quelques éléments près, a plus ou moins réussi sa reconversion. Face au précipice, les équipes tunisiennes n'ont plus de joueurs capables de leur offrir les victoires, ou encore les titres et les palmarès, notamment à l'échelle continentale. Visiblement, leur compétitivité en a pris un coup. Leurs remplaçants sont autant de points d'interrogation que la plupart d'entre eux n'ont pas le pouvoir d'attraction nécessaire pour faire oublier ceux dont la carrière s'est parfaitement incarnée dans l'histoire et le quotidien des clubs. Certains responsables et entraîneurs ont à ce propos une vision bien particulière de travailler l'avenir. Pour eux, le futur est exclusivement synonyme de jeunesse et d'âge. Les transitions et les périodes alternatives ne font point partie de leur stratégie, et encore moins de leur méthode de travail. Les quelques joueurs-cadres ressuscités, à l'instar notamment de Sabeur Khelifa, Aymen Balbouli, ou encore Rami Jeridi continuent cependant à faire la pluie et le beau temps dans leurs équipes. Plus encore: il y en a qui ont su même préserver leur place en équipe nationale. Ils ne se contentent pas de rester le temps d'une période de transition, mais ils ont réussi à se projeter plus loin, sans s'inquiéter pour l'avenir et pour celui de leurs clubs. Avec toute la certitude que cela exige. Ces options sont toutefois limitées et plusieurs joueurs-cadres n'étaient pas visiblement en mesure de choisir leur avenir. Ils ont, au contraire, subi la loi, ou encore les aléas du présent. L'expérience a prouvé qu'il y a des situations assez particulières dans lesquelles les équipes sont censée s'améliorer. Valoriser le niveau. Agir sur le volume de jeu n'est point à la portée de tous les joueurs. La maturité, l'expérience et le vécu sont aussi importants, voire déterminants pour augmenter le crédit des joueurs? Certains joueurs-cadres ont réussi à se reconvertir dans des postes et des responsabilités de jeu auxquels ils n'étaient pas pourtant habitués. Ils ont prouvé qu'ils sont capables de jouer derrière ou en box-to-box, ou même dans des rôles auxquels ils n'ont jamais pensé. Complémentaire ou compétitif? Au fait, ils jouent en légende et ils ont une idée différente sur le jeu. Tout cela nous amène à poser la question suivante : les joueurs-cadres sont-ils toujours les hommes de la situation? A quoi reconnaît-on un joueur-cadre? Existe-t-il un portrait typique de joueur qui accède ce statut? Le joueur-cadre est-il vraiment un footballeur de haut niveau? Au-delà des qualités purement footballistiques, quels sont les éléments essentiels à la réussite d'une carrière ? Le joueur-cadre est-il indispensable dans le football d'aujourd'hui? Beaucoup de joueurs savent jouer, se démêler sur le terrain, mais peu parviennent à s'imposer et à gagner. Certains entraîneurs ne manquent pas de trancher à ce sujet quand ils évoquent le rôle des joueurs-cadres dans leur effectif. Surtout quand ils sentent que ce dernier est en danger. Ils n'ont pas peur de déléguer leur pouvoir et certaines de leurs prérogatives ou même de se remettre en question. Il y a, en effet, de ces joueurs qui ont vécu des moments plus forts que leurs entraîneurs. Notamment par rapport aux techniciens qui n'ont pas fait de grandes carrières de joueurs. L'apport et l'utilité des joueurs-cadres nécessitent une vraie réflexion. Il s'agit à n'en point douter de déterminer la vocation et le rôle décisif et tranchant que ces derniers occupent au sein de l'équipe. Le joueur-cadre a un profil bien spécifique. La première chose à laquelle peut s'intéresser justement l'entraîneur est la complémentarité et l'homogénéité au sein du groupe. Les critères de choix tournent autour de certains éléments de référence tels que les aptitudes et les capacités à faire face à la pression de l'adversaire, du résultat et, de façon générale, du contexte dans lequel se déroule le match. La stabilité et l'équilibre de l'équipe, le sens de placement, les duels directs, l'ambiance dans les vestiaires. En gros, le joueur cadre est perçu comme le deuxième entraîneur. Cela ne peut cependant avoir de sens et d'efficacité sans l'aspect mental. Encadrer ses camarades, c'est avant tout un tempérament, une personnalité, un état d'esprit. On en a vu de ces joueurs se revendiquer en tant que tel, s'imposer en tant que leader parce que tout simplement ils ont l'aptitude et la capacité de convaincre et de fédérer.