Devant l'initiative de financement exceptionnel adressée aux centres culturels privés, deux espaces réfutent et affichent un point de vue différent. La veille de la rencontre entre le ministre des Affaires culturelles, Mohamed Zinelabidine, et les opérateurs culturels et initiateurs de centres culturels privés, mardi dernier à El Teatro, deux espaces culturels, et pas n'importe lesquels, ont adressé une lettre au ministère de tutelle. L'objet de ce message est, stipulent-ils, de «développer les raisons qui nous poussent à réfuter son initiative de subventions exceptionnelles d'aide aux espaces et centres culturels privés qui ont des difficultés dans la subvention de leurs activités et de leurs structures». L'espace Mass'art et le ciné-théâtre Le Rio, dirigés respectivement par Salah Hammouda et Habib Belhadi (ce dernier est également derrière l'initiative d'une pétition contre l'arrivée de Mohamed Zinelabidine à la tête du ministère de la Culture, pétition consultable sur le lien suivant : http://bit.ly/2d7L2bB), ont d'ailleurs déjà refusé de bénéficier de ce type de subvention. Le principal argument des deux espaces culturels réside dans le refus de l'aspect conjoncturel de cette action du ministère des Affaires culturelles. « L'activité culturelle représente un tout qui ne peut être fragmenté; pour cette raison, on ne peut résoudre le problème de l'un de ses aspects sans toucher aux autres, ou prendre des décisions conjoncturelles pour remédier à une difficulté passagère comme c'était le cas avec les politiques de tous les gouvernements qui ont défilé jusqu'aujourd'hui», écrivent en effet les signataires, qui demandent, entre autres, «l'actualisation de la législation pour qu'elle réponde aux réalités du secteur culturel et aux aspirations de ceux qui y travaillent». Une deuxième lettre a été adressée par Le Rio et Mass'art aux espaces culturels privés qui ont déposé leur dossier pour bénéficier du financement exceptionnel alloué par le ministère des Affaires culturelles et qui sont en même temps solidaires avec l'initiative des deux espaces. «Personne n'a jusque-là signé la pétition, mais nous avons appris qu'elle a intéressé le ministre et lui a plu», nous explique Habib Belhedi, qui estime avoir été lâché par ses amis. «Nous n'avons pas été invités à la rencontre avec le ministre à El Teatro». C'est le cas de cinq espaces culturels, précise-t-il, à savoir Mass'art, Le Rio, espace D'art Ben Abdallah, L'étoile du nord et El Hamra. «Nous sommes ouverts au dialogue et insistons sur le fait que la personne à la tête du ministère doit être le ministre de tout le monde, sans exception», ajoute l'exploitant du Rio. Dans la première lettre du 18 septembre, les deux espaces signataires réclament au ministre les points suivants : — L'activation de la mise sur pied d'une politique culturelle claire et transparente, et d'une stratégie qui obéit à un calendrier d'application précis. Toutes les deux doivent émaner d'un débat, d'une concertation et d'un consensus entre tous les intervenants du secteur culturel, sans exclusion ou exception. — L'application, par le ministère des Affaires culturelles, de la loi en ce qui concerne la subvention et l'appui des espaces et centres culturels privés au niveau de la gestion, la production, l'équipement et la distribution. Le ministère doit aussi décréter des critères transparents et objectifs qui fixent la valeur de subventions permanentes. Cette valeur doit répondre à une programmation et à un volume d'activité précis ; ceci dans le but de permettre à ces espaces et centres d'avoir une autonomie et une variété dans leurs choix et de minimiser les risques de pressions que peut autoriser le circonstanciel. — L'assimilation, par le ministère, de ces espaces et centres comme partie intégrante de la carte culturelle nationale et ainsi ouvrir un dialogue approfondi sur leur situation qui permettra l'émergence d'un cahier des charges qui clarifie les critères d'obtention de subventions. Ces critères doivent inclure, obligatoirement, le volume des activités de l'espace, ses devoirs, ses droits, ainsi qu'un contrat à objectifs à durée déterminée et renouvelable.